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Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 571ème réunion tenue le 29 janvier 2016, au niveau des chefs d’Etat et de Gouvernement, a adopté la décision qui suit sur la situation au Burundi:

Le Conseil,

1. Prend note du rapport de la Présidente de la Commission PSC/AHG/(DLXXI) sur l’évolution de la situation au Burundi. Le Conseil prend également note des déclarations faites par le deuxième Vice?président de la République du Burundi, Joseph Butore, le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération est-africaine, régionale et internationale de la République unie de Tanzanie, Augustine P. Mahiga, en sa qualité de représentant du Président en exercice de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et Vice?président de la République de l’Uganda, Edward Kiwanuka Ssekandi, le représentant du Médiateur de la CAE, S.E. Président Yoweri Kaguta Museveni. Le Conseil prend en outre note de la déclaration faite par le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki?moon;

2. Réitère la préoccupation de l’UA face à la situation politique au Burundi, ainsi que face à l’insécurité et à la violence;

3. Réaffirme la ferme condamnation par l’UA de tous les actes de violence, quels qu’en soient les auteurs, et la persistance de l’impunité, et exige de toutes les parties qu’elles mettent un terme immédiat à toutes ces attaques, aux violations des droits de l’homme et autres exactions commises contre les populations civiles et les forces de sécurité;

4. Réitère l’attachement de l’UA au respect de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Burundi et, à ce titre, condamne les attaques armées contre ses installations militaires, ainsi que toute tentative de déstabilisation, quel qu’en soit l’origine, la nature ou l’auteur;

5. Se félicite des mesures prises par la Commission dans le cadre de la mise en œuvre de ses décisions pertinents sur la situation au Burundi, notamment le soutien apporté à la médiation conduite par l’Ouganda et la mobilisation de la communauté internationale pour faciliter une action coordonnée en appui à la recherche d’une solution pacifique à la crise actuelle ;

6. Félicite S.E. Yoweri Kaguta Museveni, Président de la République de l’Ouganda et médiateur de la crise burundaise au nom de la CAE, pour les dispositions qui ont été prises et ont permis la relance, le 28 décembre 2015, à Entebbe, du dialogue inclusif et lui renouvelle son appui pour la poursuite dudit dialogue. Conseil réitère son appel à tous les acteurs burundais, le Gouvernement, ainsi que l’opposition, à coopérer pleinement avec et montrer le plus grand respect à la médiation;

7. Souligne, une fois encore, l’impératif pour le dialogue inter burundais d’être authentique et inclusif, sans conditions préalables et de porter sur toutes les questions faisant l’objet de divergence entre les parties prenantes burundaises. Le Conseil exhorte toutes les parties prenantes burundaises à répondre sans condition et sans délai à l’appel de la Médiation pour la poursuite du dialogue à Arusha en Tanzanie. A ce titre, le Conseil demande au Facilitateur de conclure dans les meilleurs délais ses consultations avec le Gouvernement du Burundi, ainsi qu’avec les autres parties prenantes au dialogue inter?burundais en vue de sa reprise immédiate;

8. Se réjouit du soutien de la région aux efforts de médiation conduite par S.E le Président Yoweri Museveni. A cet égard, le Conseil salue la tenue de la réunion ministérielle informelle organisée par la présidence tanzanienne de la CAE, à Arusha, le 6 janvier 2016, à laquelle ont pris part des représentants de l’Ouganda, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et du Secrétariat général de la CAE, ainsi que de l’UA;

9. Se réjouit également de la mobilisation croissante de la communauté internationale, notamment l’envoi d’une mission du Conseil de sécurité des Nations unies qui a visité le Burundi, du 21 au 22 janvier 2016 et a rencontré les principaux acteurs de la crise, y compris le Président de la République;

10. Prend note de l’annonce faite par la délégation du Burundi que le Gouvernement du Burundi rejette le déploiement de la Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU). Le Conseil prend également note de l’annonce par la délégation du Burundi de l’engagement effectif du Gouvernement du Burundi en faveur du dialogue inclusif inter-burundais, qui a été relancé le 28 décembre 2015 à Entebbe, par le Président Yoweri Kaguta Museveni, Médiateur de la CAE, avec le soutien de l’UA;

11. Le Conseil, à la lumière de ce qui précède:

a) Décide de ne pas déployer la MAPROBU, considérant que l’envoi d’une telle force au Burundi est prématurée et qu’il convient de privilégier le dialogue politique inclusif sous les auspices du Président de la République de l’Ouganda, S.E. M. Yoweri Kaguta Museveni;

b) Décide en outre de dépêcher une délégation de très haut niveau de l’UA au Burundi pour rencontrer les plus hautes autorités de la République du Burundi, ainsi que les autres parties prenantes burundaises, aux fins d’entreprendre des consultations sur le dialogue inclusif inter?burundais;

12. Prie la Présidente de la Commission de prendre toutes les initiatives requises pour permettre la mobilisation diligente de l’assistance internationale pour soutenir le dialogue inclusif inter burundais;

13. Exprime sa gratitude aux Nations unies, à l’Union européenne, à la CIRGL, et aux autres partenaires internationaux pour leur soutien multiforme au dialogue inter?burundais placé sous les auspices du Président Yoweri Kaguta Museveni et les exhorte à poursuivre leur appui;

14. Demande à la Présidente de la Commission de prendre d’urgence toutes les initiatives nécessaires en vue de faciliter les efforts de la médiation en cours, y compris la mobilisation de ressources financières et techniques nécessaires ;

15. Renouvelle son appréciation aux pays voisins qui accueillent des réfugiés burundais, notamment la Tanzanie, le Rwanda, la République Démocratique du Congo et l’Ouganda, et lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle poursuive et intensifie son assistance afin d’alléger les souffrances des réfugiés burundais ;

16. Prie la Présidente de la Commission de transmettre le présent communiqué à tous les États membres, ainsi qu’au Secrétaire général des Nations unies et, à travers lui, au Conseil de sécurité des Nations unies pour son action appropriée;

17. Décide de rester activement saisi de la question.