La Belgique, rédactrice en chef et compositrice des résolutions de l’Union Européenne contre le Burundi
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L’une des origines du malheur burundais, c’est d’avoir connu les Belges comme colonisateurs. Tellement que ce royaume de Léopold II connaissait des turbulences communautaires et linguistiques entre wallons et Flamands, entre francophones et néerlandophones que leur politique coloniale était catastrophique. Autour du prince Louis Rwagasore, les burundais ont bataillé dur pour se défaire de ces colons belges avec leur politique coloniale chaotique de diviser pour régner.

A cette époque pour contrer le courant de l’indépendance, les belges ont façonné quelques Burundais, des traitres, des collabos qu’ils utilisaient comme des pions pour que le Burundi n’accède pas à l’indépendance. Malgré toutes les combinaisons linéaires et non linéaires de manigances belges, la force et la détermination du peuple burundais ont pris le dessus.
Le seul moyen qui restait pour ces colons belges, était l’élimination physique des leaders burundais, ils ont assassiné le héros de l’indépendance notre cher Prince Louis Rwagasore, le pilier de la société burundaise, ils ont ensuite assassiné un par un tous ceux qui ont participé aux côtés de Rwagasore à la lutte pour l’indépendance. Ainsi, le Burundi sans leaders charismatiques tomba dans le chaos, les conflits ethniques firent surface, le Burundi entra dans les ténèbres à la satisfaction de la Belgique.

Le calvaire dura jusqu’en 1993, où un autre courant de la démocratie sur base de multipartisme arriva, les Burundais se réveillèrent et reprirent la force. Galvanisé par leur leader démocrate Melchior Ndadaye le peuple burundais longtemps ignoré, humilié et meurtri, fit bloc et remporta les premières élections démocratiques face à un candidat pro-belge Pierre Buyoya. Là encore, notre leader démocrate, notre Président démocratiquement élu, notre espoir, le Président Melchior Ndadaye fut assassiné quatre mois après, même modus operandi, tous les collaborateurs proches du président furent sauvagement assassinés, le Burundi retomba dans les ténèbres.

Au moment où la Belgique faisait tout pour que son favori Pierre Buyoya revienne aux commandes de la République, le peuple burundais avait déjà pris les armes pour se défendre et défendre leur démocratie brisée, c’est ainsi qu’est né le CNDD-FDD, l’enfant mal aimé par la Belgique.

Actuellement nous assistons à une nième épisode de la saga belge à vouloir coûte que coûte démanteler et effacer une fois pour toute, tout ce qui ressemble à la majorité du peuple Burundais.

Les agissements silencieux de la Belgique depuis 2014, pour faire éclater le CNDD-FDD, les financements d’une partie de la société burundaise pour préparer l’insurrection contre le pouvoir du CNDD-FDD, les prérogatives que se donne la Belgique à interpréter la constitution burundaise, etc… ont abouti en 2015 à une crise qui a paralysé la capitale Bujumbura jusqu’à un coup d’Etat qui a heureusement échoué.

Depuis lors, la Belgique a essuyé la première défaite qu’elle n’est pas prête à oublier. Maintenant c’est l’astuce de la guerre humanitaire qu’elle active. Elle a fait venir à Bruxelles toutes ses marionnettes burundaises : tous ceux qui de près ou de loin ont participé au complot de 2015 contre les institutions burundaises. De là, face à ses partenaires européens, elle se présente et se lamente comme le seul pays européen qui porte le fardeau des conséquences de la crise burundaise alors que logiquement, elle en est l’origine.

C’est dans cette logique qu’au niveau du Parlement Européen, on voit et on entend le Député Belge Louis Michel, le papa de l’actuel Premier ministre Charles Michel, râler dans toutes les langues que le pouvoir du CNDD-FDD est à effacer au Burundi, c’est dans cette même logique que le Belge Bernard Maingain jure dans toutes les religions que les leaders du pouvoir du CNDD-FDD seront jugés par la CPI, c’est cette logique que la diplomatie belge va dans tous les sens pour influencer certains pays à considérer le Burundi comme un état « voyou » etc….

Le plus frappant et honteux, c’est la récente résolution du parlement européen sur le Burundi où la Belgique en tant que rédactrice en chef et compositeur de cette résolution met en exergue certaines déclarations qui sont dépassées et expirées voire même mensongères dont je vous résume certaines :

1. Vu la déclaration sur le Burundi du sommet de l’Union Africaine du 13 juin 2015.
Aller repêcher dans les archives, les déclarations de l’Union Africaine de 2015, c’est faire fi à l’évolution dans le temps, le Burundi de 2015 n’est plus celui de 2018, la situation burundaise n’est plus préoccupante pour l’Union Africaine.

2. Vu l’adoption de la nouvelle constitution qui supprime les accords d’Arusha, les tutsi se sentant écartés, vont déclencher un conflit ethnique.

On se demande de quels Accords d’Arusha, ils parlent, ils oublient que même après la signature de ces accords, la guerre a continué jusqu’à la signature des vrais accords de paix avec un cessez-le-feu immédiat. En plus le quota ethnique tel que décrit par ces accords d’Arusha des Belges, sont toujours et restent d’application dans la nouvelle constitution. Les tutsi du Burundi sont tranquilles et jouissent de leurs droits et sont bien représentés en tout et partout. Ce sont peut-être les tutsi des Belges qui vont déclencher cette guerre ethnique.

3. Vu la violence politique, les arrestations arbitraires, les intimidations et les disparitions des opposants avant le référendum de la nouvelle constitution

Pur mensonge, la campagne pour le referendum s’est bien déroulée, les opposants ont circulé sans aucun encombre dans toutes les provinces du Burundi en prêchant le vote du « non ». Les images de liesse de la population lors de différents meetings des opposants l’affirment, il n’y a que les Belges qui affirment le contraire.

4. Vu les barrages routiers et les points de contrôle, le racket et l’arrestation des passants identifiés comme opposants par des Imbonerakure qui les violent, les torturent et les tuent,
On se demande d’où les Belges tirent ces intox, cette manière de diffamer, de mentir officiellement n’honore ni les Belges ni leurs marionnettes. Au moment où je mets sur papier cet article, des centaines de Burundais vivant en Belgique et certains blancs Belges bien intentionnés, des vacanciers venant d’autres horizons se trouvent en vacances d’été au Burundi, ils vadrouillent l’ouest, le sud, le nord le centre et l’est du Burundi en toute quiétude, personne ne voient ces barrages et points de contrôle des imbonerakure que les Belges voient à partir des boules de l’Atomium à Laeken.

5. Vu que la présence des troupes burundaises dans les missions de maintien de la paix permet de dissimiler le problème interne et de présenter le Burundi comme un facteur de stabilisation dans d’autres pays en crise
Voilà un grand problème des Belges, ils sont irrités quand les troupes burundaises sont appréciées pour leur professionnalisme, de leur dévouement et de leur courage sur le terrain de maintien de la paix, si du moins les Belges pouvaient demander au peuple somalien et au peuple centrafricain sur ce qu’ils pensent des militaires burundais, certainement que la réponse serait « ne touche pas à nos troupes préférées ». Et ce, avec raison car, la qualité tactique militaire et la sociabilité des troupes burundaises n’est pas à démontrer, n’en déplaise aux Belges. Mais si la Belgique veut substituer les militaires burundais en Somalie par les militaires Belges, ils sont les bienvenus, disent avec ironie les somaliens.

6. Le parlement européen (influencé par la Belgique) condamne la décision du Burundi de se retirer de la CPI

Est-ce qu’il a condamné les USA de sa décision de se retirer du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ? Non, il ne peut pas oser, mais parce que c’est le Burundi qui se retire de la CPI qu’on surnomme à raison, la Cour Pénale Impérialiste, les têtes chauffent, comme si c’est une proie qui vient de s’échapper des dents d’un prédateur carnivore. Or quand le Burundi a ratifié librement le traité de Rome instituant la CPI, il n’a pas été félicité par le Parlement Européen ou les Belges, alors quand il se retire librement, ça ne devrait pas s’accompagner par une condamnation.

7. L’Union Européenne augmente son enveloppe pour aider les réfugiés burundais de la crise de 2015.
Au lieu d’encourager les réfugiés Burundais éparpillés dans les pays de la sous-région qui ont fui par peur l’insurrection de 2015, l’UE, la Belgique en particulier, encourage plutôt nos compatriotes à rester dans des camps de réfugiés. Malgré tout, certains burundais refugiés continuent de regagner leur pays natal ce que la Belgique ne voit pas d’un bon œil d’où les agitations d’augmenter l’enveloppe d’aide aux réfugiés Burundais afin de les persuader à rester dans les camps.

En conclusion, pour ceux qui croient qu’un jour la Belgique changera son angle de regard envers le Burundi, c’est possible mais à condition que le système CNDD-FDD soit anéanti dit-elle. Sinon, vous entendrez et lirez toujours et toujours que la Belgique est préoccupée : par la crise burundaise qui ne cesse de s’aggraver, par les arrestations arbitraires, par les intimidations et les disparitions des opposants, par le manque d’espace politique libre, par le manque de liberté d’expression, par des bla bla bla bla etc…. Pourtant, la même Belgique n’a même pas daigné condamner les récents massacres de Ruhagarika……

Les Diables rouges auraient pu, peut-être, gagner la coupe du monde de football si du moins ils avaient d’abord gagné contre les bleus, mais c’est, peut-être aussi, prémonitoire que les diables de la diplomatie Belge risquent de ne pas gagner contre le paisible peuple du Burundi. Wait and see.

Par Roberto Bacinoni