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Les parlementaires sont invités à établir le lien entre le changement climatique et la santé

Durant deux jours, du 27 au 28 mai, une trentaine de parlementaires ont répondu à une retraite organisée par Aluma-Burundi, en collaboration avec le ministère de la Santé et la coopération allemande via la GIZ. Objectif : Avoir des connaissances sur le lien entre changement climatique et santé.

Au nom du ministre de la santé publique et de la lutte contre le Sida, Dr Léonidas Misago, directeur du département de la promotion de la santé, hygiène et assainissement signale que le Burundi est un des pays qui ont ratifié la convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques en avril 1997. Et pour sa mise en application, il a fait la 1ère et la 2ème communication nationale sur les changements climatiques. Le Burundi a également contribué dans l’élaboration des documents de politiques à savoir le code de l’environnement, le code de l’eau, la Politique nationale d’assainissement (PNA) et la politique nationale d’adaptation au changement climatique (PANA), la vision Burundi 2025, etc. Cependant, les études montrent que le degré d’intégration des changements climatiques dans les politiques déjà élaborées reste relativement faible. Or, précise Dr Misago, aucun projet concret n’a été mené pour freiner cette vulnérabilité sanitaire par rapport au changement climatique.

Il revient sur les manifestations des changements climatiques : une sécheresse prolongée entraînant le séchage des plantes, le retard de l’année culturale, le tarissement des cours d’eau, la hausse des températures, et par conséquent, la réduction de la production agricole, la destruction de la biodiversité, le développement des maladies liées à la malnutrition dont la kwashiorkor.
Il évoque aussi la variabilité des précipitations avec comme conséquences : les pluies diluviennes, les inondations, les ruissellements, les érosions du sol, la destruction des plantes, des maisons, etc.
Le changement climatique est là. Comment s’y prendre ?

Albert Mbonerane, président de l’Action de lutte contre la malaria (Aluma-Burundi) est clair : « Le changement climatique causé par l’homme est un phénomène indubitable. Dans la communauté scientifique, la question n’est plus de savoir si un changement climatique va avoir lieu, mais plutôt dans quelle mesure, avec quels effets et si possible ce que l’on peut y faire ».

Il affirme que les changements climatiques sont très dangereux pour le monde. Il faut des mesures d’adaptation. En matière de santé, M.Mbonerane trouve que la première action consiste à réduire les cas de maladies. Une éducation de la population au changement des comportements pour protéger l’environnement s’avère urgente. Pour lui, il est impérieux de renforcer la capacité du secteur sanitaire à gérer les risques liés aux changements climatiques.

Il faut ensuite gérer les risques sanitaires de façon méthodologique et complète : « Que la question des changements climatiques soit intégrée dans les politiques et stratégies de notre pays ». M. Mbonerane propose aussi d’accroître la sensibilisation aux mesures d’adaptation et d’atténuation des impacts néfastes des changements climatiques sur la santé. Il signale que la société burundaise en général n’a pas les connaissances nécessaires sur le changement climatique. Il cite les cas de déforestation, de dégradation des sols, des constructions anarchiques, … obstruant le développement durable du Burundi.

Et Dr Charles Niyonkuru, consultant environnementaliste, demande aux parlementaires de veiller à l’intégration des liens entre santé et environnement dans toutes les politiques sectorielles et lois. Il faut aussi contrôler la mise en application des déclarations et conventions internationales en rapport avec la santé et l’environnement. Il donne l’exemple de la Déclaration de Libreville (2008 au Gabon) sortie d’une réunion des ministres africains de la santé et ceux de l’environnement. Il leur propose aussi la mise en place des mécanismes de surveillance des effets négatifs des changements climatiques sur la santé.
Le gouvernement allemand au côté du Burundi

Présente dans cette retraite, Juliane Wiesenhûtter, Représentante de la GIZ au Burundi indique que cette activité entre dans son programme global « Adaptation aux changements climatiques dans le secteur de la santé ». Pour elle, la variabilité du climat et la fréquence des événements climatiques extrêmes (inondations, sécheresse, etc) sont des défis sérieux pour le Burundi, ce qui freine le développement socio-économique.

Elle signale que le Burundi semble être freiné par un manque de connaissances techniques et de capacités de communication. Elle mentionne aussi une faible conscientisation et compréhension de la part du grand public. « Le gouvernement allemand est prêt à soutenir le Burundi dans ses efforts de mise en œuvre des mesures d’adaptation au changement climatique », déclare-t-elle, tout en précisant que son pays a déjà financé le projet ACCES.

L’activité entre dans le cadre du projet sur deux ans (2014-2015) « Soutien au plaidoyer pour une intégration des liens entre changement climatique et santé dans les outils politiques concernés ».