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A l’Uprona, les positions se durcissent, entre nominations dans le parti par un camp, et radiation des nommés par un autre. Tout cela sur fond de calculs électoraux dont certains sonnent de plus en plus le glas du parti.

L’Uprona connaîtrait aujourd’hui trois tendances. La première est celle de Concilie Nibigira, rattachée au Cndd-Fdd. Pour ses détracteurs, ce camp vise ses propres intérêts d’ici 2015, quitte à signer la mort du parti après. Ceux qui sont derrière ce groupe, piloté par Gaston Sindimwo, terrifiés, tiendraient avant tout à protéger leur gagne-pain. Toujours d’après cette opinion, les ténors de ce groupe usent de la peur pour rassembler quelques gens derrière eux. Du moins jusqu’en 2015 car, après les élections, le parti au pouvoir n’aura plus besoin d’eux. « Le camp Concilie Nibigira court donc avec le temps parce qu’il sait qu’en 2015 va coïncider avec sa fin. Il pille en ramassant tout ce qu’il peut avant 2015 », indiquent ses détracteurs.

La seconde tendance est le camp Nditije, non reconnu par le pouvoir, qui campe sur ses positions. Il continue de prendre des décisions comme s’il était aux affaires. Pour les détracteurs de ce camp, Nditije et les siens jouent perdant. Ils ne savent pas ce qu’ils veulent en semant la confusion entre être indépendants ou adhérer à une coalition pour les élections de 2015. « Si le camp Nditije va dans une coalition, il risque d’être aspiré ou fusionné et de ne pas se présenter aux élections en tant qu’Uprona, avec le risque de perdre son électorat », disent-ils.

Et il existe une autre tendance qui se dit du milieu. Selon le député Bonaventure Niyoyankana, qui en fait partie, les deux autres tendances exploitent les difficultés actuelles de l’Uprona pour faire basculer l’électorat de leur côté. D’après lui, le milieu veut que le parti aille aux élections en étant fort, quitte à adhérer à une coalition, mais sans être fusionné.

Coalition ne signifie pas fusion …

Pour Jean Baptiste Manwangari, les membres de ce milieu sont, pour la plupart, habitués à collaborer avec le pouvoir Cndd-Fdd sans se soucier des valeurs de l’Uprona. « Je ne pense donc pas qu’ils soient au milieu. Je ne vois pas par rapport à qui ils le seraient. »

Charles Nditije, lui, indique qu’il ne faut pas confondre fusion et coalition. La fusion, explique-t-il, signifie abandonner l’identité du parti pour une nouvelle formation politique. Mais la coalition, souligne-t-il, qui intervient seulement en période électorale, vise à avoir plus de force pour avoir plus de chance de gagner. Et après les élections, chaque parti forme son propre groupe parlementaire. Mais si le pouvoir continue de nous mettre des bâtons dans les roues, précise-t-il, nous pouvons faire une coalition des indépendants. D’après M. Nditije, ils ne risquent pas de perdre l’électorat, car les gens votent pour les individus les plus représentatifs des idéaux du parti. « De toute façon, c’est une stratégie, un repli tactique pour récupérer le parti après les élections. »

« Les gens ne voteront pas pour des individus mais pour le parti », affirme pourtant Gaston Sindimwo, qui ajoute qu’ils sont très confiants dans la perspective des élections de 2015. En 2010, rappelle-t-il, j’étais le commandant des opérations, je le suis même aujourd’hui. « En 2015, il y aura une plus value aux prochaines élections. » Il précise que les adhésions sont massives dans leur camp, et M. Sindimwo rejette l’usage de la peur par leur camp. « Nous n’usons pas de terrorisme ni de peur. Mais quand je suis en train de faire des opérations, je pense d’abord à ceux qui sont avec moi. En politique, il n’y a pas de sentiment, nous nous rassurons mutuellement. »