Les propos du porte-parole du CNARED, Mr Pancrace CIMPAYE dans Jeune Afrique sur le nouveau ministre des Affaires étrangères du Burundi sont aberrants.
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Dans chaque pays, le rôle du gouvernement est de déterminer et de conduire les orientations politiques de la Nation. C’est dans ce sens que l’action gouvernementale est régulièrement soumise à l’évaluation et peut-être adaptée selon les circonstances et les besoins. Néanmoins, malgré ce facteur d’évaluation, un remaniement ministériel ne doit pas être perçu comme une sanction mais à fortiori une approche de redynamisation de ses orientations par rapport aux opportunités qui se présentent et aux enjeux auxquels la Nation fait face. Le choix de la nouvelle équipe doit par conséquent être bien réfléchi. C’est le cas au Burundi même si des divergences d’appréciations peuvent se manifester.

C’est dans cette perspective que je trouve mensonger un article paru le 20 avril 2018 dans Jeune-Afrique « Burundi : Ezechiel Nibigira, ancien chef des Imbonerakure, devient ministre des Affaires étrangères », et surtout aberrants les propos qui y sont tenus par le porte-parole du CNARED, Mr. Pancrace CIMPAYE, concernant la nomination de l’Amb. Ezéchiel NIBIGIRA au poste de Ministre des Affaires étrangères du Burundi. Je présume que, soit Jeune Afrique s’est fait piéger et amener à faire un procès d’intention à l’égard du nouveau patron de la diplomatie burundaise, soit son acte reflète purement et simplement une volonté délibérée de nuisance vis-à-vis du Burundi et du pouvoir en place à travers un recours à la rengaine de la diabolisation de la jeunesse du parti CNDD-FDD.

Le remaniement qui vient de s’opérer au Burundi relève du plein droit de l’Etat de réorganiser et adapter ses institutions dans le souci de rationaliser ses politiques intérieures et extérieures. La nouvelle équipe mise sur place a donc la tâche de mettre en œuvre les engagements pris auprès du peuple burundais d’une part et de ses partenaires étrangers d’autre part. Même si les raisons peuvent être multiples, force est de constater que les secteurs qui faisaient objet de préoccupations ces derniers temps ont reçu une attention particulière. C’est le cas de la santé, de l’éducation, de la jeunesse, de l’emploi, des affaires régionales et internationales etc. Un changement qui intervient également dans un contexte géopolitique particulier, à savoir une région en pleine intégration, et un monde multipolaire en pleines turbulences.

Revenant sur l’entrée au gouvernement de l’Amb.NIBIGIRA, ancien Président de la Ligue des jeunes du Parti CNDD-FDD et puis Ambassadeur du Burundi au Kenya, mon appréciation est plutôt optimiste contrairement à certains médias et une certaine opinion qui auraient tendance à lui coller une autre casquette et le diaboliser afin de miser sur les sensibilités de certains partenaires et amis du Burundi. Appréciation optimiste car l’Amb. NIBIGIRA retrouve un chantier solide et bien aménagé par son prédécesseur, S.E Alain NYAMITWE ; un homme extraordinaire qui a fait preuve d’une audace sans précédent en pilotant une diplomatie burundaise à la croisée des chemins et su tenir tête devant les grands de ce monde et leur acharnement contre le Burundi. Qui peut ne pas être fier de ce fils du Burundi qui était sur tous les fronts pour défendre la démocratie et ses acquis au Burundi au moment où certains médias et puissances pronostiquaient le déluge sur le Burundi ? Bref, l’héritage d’un homme qui n’a pas démérité et qui sans aucun doute aura à servir davantage son pays sous une autre forme.

Le nouveau patron de la diplomatie burundaise décolle donc avec un bilan positif de la diplomatie burundaise, et des espoirs reposent désormais sur lui pour plus d’innovation. Son choix n’est donc pas un hasard. En associant les mécanismes ou techniques que lui laisse son prédécesseur, à son parcours personnel et professionnel, l’Amb. NIBIGIRA a plus de chances de réussir que d’échouer. Certes il doit aussi faire preuve d’audace car le chemin pour la défense de la démocratie, l’indépendance et la souveraineté de son pays est long. Face à une vision manichéenne qui continue à caractériser certains médias et puissances qui y sont associées, il faudra que le nouveau patron se laisse guider par ses propres passions et préjugés caractéristiques d’un grand leader. Nul n’ignore qu’actuellement l’aiguille de la diplomatie burundaise a tendance à tourner autour des enjeux exogènes relatifs aux souhaits de la communauté internationale sur le dialogue en cours à Arusha sous la médiation régionale africaine. Un autre aspect d’importance capitale est celui de la participation du Burundi dans les opérations de pacification et de maintien de la paix en Afrique et ailleurs dans le monde. Des missions complexes, certes possibles, qui attendent donc l’apport de l’Amb. NIBIGIRA. Là aussi mon optimisme est de mise.

L’Amb.NIBIGIRA est non seulement un fin diplomate mais aussi un grand connaisseur de plusieurs dossiers politiques burundais. Quand sa famille politique a démocratiquement et pour la première fois pris en main les destinées du pays, il en a eu le privilège d’encadrer et présider sa ligue des jeunes. Un poste clé qui lui a permis de côtoyer les autres grands gestionnaires du pays que ce soit au sein de sa mouvance politique mais aussi de l’opposition : un avantage et peut-être une valeur ajoutée au travail de son prédécesseur et qui présage le cours de sa nouvelle mission diplomatique. Cette nomination ne serait-elle pas un signal fort du pouvoir de Bujumbura à l’encontre de la communauté internationale pour montrer que ce dernier n’a jamais fermé la porte à la voie du dialogue et qu’il privilégie l’approche d’« une solution africaine à un problème africain » ? En effet, Amb. NIBIGIRA est un homme qui connait très bien les frondeurs du CNDD-FDD passés à l’opposition radicale, mais aussi les poids lourds d’autres partis politiques d’opposition en exil à l’étranger qu’une partie de la communauté internationale voudrait voir participer à ce qu’elle appelle « dialogue inclusif ». Ces liens d’antan peuvent contribuer à plus de facilité et d’ouverture pour un dialogue franc et sans complexe pour aboutir à un compris politique afin de préparer le retour de ses compatriotes, et ainsi se préparer aux élections de 2020.

Un autre atout dont dispose l’Amb. NIBIGIRA est qu’il fut Ambassadeur du Burundi au Kenya, un pays considéré comme une plaque tournante de la diplomatie africaine mais également un des pays les plus influents de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est et du Continent en général. Cette expérience lui permettra davantage de s’imposer comme un véritable porteur crédible de la politique extérieure burundaise sur la scène internationale et africaine en particulier. La Communauté de l’Afrique de l’Est et l’Union Africaine qui pilotent le dialogue inter-burundais à l’extérieur intègrent donc un nouvel interlocuteur qui ne leur est pas inconnu. Les propos diaboliques de Mr CIMPAYE et consorts sur cette personnalité ne sont qu’une simple aberration et rentrent tout simplement dans la logique de nuire. Aucun lien de dialogue avec le monde extérieur n’est interrompu, mais plutôt redynamisé avec une nouvelle page qui s’ouvre pour plus de résultats palpables. C’est pourquoi j’inviterais la Communauté Internationale, les partenaires et amis du Burundi ainsi que l’ensemble de la diaspora burundaise à saisir cette opportunité et apporter leur plein soutien à S.E Ambassadeur NIBAGIRA.

Par Dr. Innocent. Bano