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Burundi : nouvelle loi sur la presse

L’Assemblée nationale du Burundi a adopté mercredi une nouvelle loi sur la presse, abrogeant les dispositions les plus controversées d’un précédent texte promulgué mi-2013, notamment celles limitant la protection des sources et interdisant la publication de certaines informations.

Cette loi revenait devant l’Assemblée après l’invalidation par la Cour constitutionnelle en janvier de certaines dispositions, notamment celle augmentant très lourdement le montant des amendes dont étaient passibles les journalistes.

Cet article a été logiquement supprimé mercredi, de même que plusieurs autres très controversés, pourtant validés par la Cour.

La nouvelle loi, adoptée à l’unanimité après une heure de débats, revient ainsi sur l’interdiction de diffuser “informations” ou “documents” en rapport avec “le secret de Défense nationale, la monnaie et le crédit public (…) susceptibles de porter atteinte au crédit de l’Etat et à l’économie nationale, ou faisant la propagande de l’ennemi de la Nation en temps de paix comme en cas de guerre”.

Elle stipule également que “la protection des sources est reconnue et garantie”, alors que le texte précédent obligeait les journalistes à révéler leurs sources dans certains cas.

Les nouvelles dispositions limitent également les pouvoirs précédemment accordés au Conseil national de la Communication, organe de régulation nommé par le gouvernement.

“Nous sommes satisfaits car l’Assemblée nationale est revenue sur les principales dispositions liberticides contenues dans le texte adopté puis promulgué en 2013, ils sont revenus à la raison”, a réagi Alexandre Niyungeko, président de l’Union burundaise des journalistes.

“L’Assemblée nationale vient de reconnaître la liberté de la presse au Burundi”, s’est-il réjoui.

Le ministre burundais de la Communication, Tharcisse Nkezabahizi, a expliqué qu'”avec ces nouvelles dispositions, (le gouvernement) a voulu stopper les polémiques et les tensions (…) entre le pouvoir burundais et les médias”.

Le texte doit désormais être soumis au Sénat, mais un cadre du parti au pouvoir a assuré que des consignes de vote claires avaient été données.

“Le pouvoir était soumis à de très nombreuses pressions de la part de ses principaux bailleurs, il se sort une épine du pied et en même temps, espère détendre ses relations plutôt exécrables avec la presse indépendante” à trois mois d’élections générales, a souligné un diplomate, sous le couvert de l’anonymat.

Il s’agit du premier geste d’apaisement amorcé par le pouvoir de ce petit pays d’Afrique des Grands Lacs, où la tension est croissante, notamment autour de la volonté prêtée au président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat. Une nouvelle candidature jugée inconstitutionnelle par ses opposants, ce que réfutent ses partisans.