Interview de Jérôme NDIHO par SEKIDENDE à propos de Feu le Président Pierre NKURUNZIZA
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Interview de Jérôme NDIHO par SEKIDENDE à propos de

Feu le Président Pierre NKURUNZIZA.

Sekidende : Qu’avez-vous retenu de l’œuvre de Feu le Président de la République, Pierre NKURUNZIZA ?

Le Président Feu Pierre NKURUNZIZA, que le Burundi a brusquement perdu inopinément, était un des plus grands leaders de la lutte révolutionnaire pour le retour de la démocratie, la justice sociale et un des plus grands acteurs de l’Indépendance dans l’Histoire de notre pays.

Sekidende : Quel a été son rôle dans la lutte révolutionnaire pour le retour de la démocratie ?

Le Président NKURUNZIZA a participé à la lutte armée depuis juin 1995 pour le retour de la démocratie jusqu’à diriger, dès le 15 octobre 2001, la dernière étape de la lutte révolutionnaire du CNDD-FDD qui a abouti à la victoire électorale du Président NKURUNZIZA et du CNDD-FDD en 2005.

Sekidende : Quelle a été la première étape ?

La première étape de cette lutte révolutionnaire, sous l’appellation CNDD, était dirigée par l’ancien ministre de l’Intérieur, Monsieur Léonard NYANGOMA dès le 24 septembre 1994 faisant suite aux assassinats des Présidents de la République Melchior NDADAYE et Cyprien NTARYAMIRA. Ce fut une véritable course de relais jusqu’à ce qu’il soit obligé de passer le témoin au Colonel Jean Bosco NDAYIKENGURUKIYE le 6 mai 1998. Ce Colonel dirigea la course de relais jusqu’à être obligé de passer le témoin le 15 octobre 2001. Le même acte, du 15 octobre, de destitution de NDAYIKENGURUKIYE et de nomination de NKURUNZIZA a été signé par le Commandant, d’alors, Adolphe NSHIMIRIMANA devenu Général Major quelques années plus tard. https://www.uantwerpen.be/en/projects/centre-des-grands-lacs-afrique/droit-pouvoir-paix-burundi/partis-politiques/cndd/

Dès cette date, le Président Feu NKURUNZIZA fut amené à diriger la lutte révolutionnaire jusqu’à sa mort le 8 juin 2020 avec le surnom : Umuhuza (traduction le Médiateur). En effet, il a résolu beaucoup de conflits au sommet.

 Sekidende : Comment le Président Feu NKURUNZIZA a-t-il pu résoudre la grave question que vous avez appelé l’Armée Monoethnique Tutsi (AMT) en rébellion contre la démocratie ?

Au cours de cette lutte révolutionnaire, feu Pierre NKURUNZIZA a présidé à la transformation de l’Armée Monoethnique Tutsi (AMT) en une armée véritablement nationale où les Hutu, les Tutsi et les Twa s’y retrouvent en y voyant les leurs. Cette opération a eu lieu en 2003-2004, période de l’intégration des différentes armées. Ainsi donc, il a présidé à la restauration de la sécurité nationale.

Sekidende : A-t-il pu résoudre la question ethnique ?

Oui, Feu Pierre NKURUNZIZA a aussi présidé à l’anéantissement des clivages ethniques dans la société burundaise. Aujourd’hui, toutes les ethnies sont représentées au pouvoir, dans l’opposition et dans le secteur économique privé. Il a, en outre, assuré la stricte application des Accords d’Arusha dans la répartition de la fonction publique (60% Hutu/40% Tutsi) et dans l’Armée (50% Hutu/50% Tutsi) malgré que le CNDD-FDD n’a pas été associé aux négociations d’Arusha.

Sekidende : Quel a été son apport dans le développement de la démocratie ?

Au niveau de la démocratie pure et simple, le Président Feu NKURUNZIZA a fait en sorte que les députés issus du CNDD-FDD aient intérêt à tenir compte des intérêts des membres collinaires du CNDD-FDD à qui il a cédé, en décembre 2019, le pouvoir de présélectionner les futurs députés tout en sauvegardant, bien entendu, les intérêts des plus hautes autorités du Parti qui, en dernier ressort, ont procédé à la sélection définitive des députés à présenter aux élections. Bref, la sauvegarde des intérêts de la base et du sommet. Les autres collinaires non membres du CNDD-FDD en profiteront. Le Parlement sera donc moins croupion puisque ces députés issus du CNDD-FDD y sont majoritaires.  En effet, ils ont été présélectionnés, disions-nous, au niveau de la colline. Il en va de même pour les conseillers communaux. Ainsi, le taux de démocratie a augmenté au Burundi depuis les élections du 20 mai 2020. Le Président Pierre NKURUNZIZA a joué le plus grand rôle dans cette augmentation de la démocratie. A ce propos, il s’inscrit dans la droite ligne de Feu le Président Melchior NDADAYE et feu le Président NTARYAMIRA. Nulle part, dans le monde capitaliste, vous ne trouverez un parti politique qui présélectionne ses députés par un vote secret au niveau collinaire ou quartier. En matière de démocratie, ce monde capitaliste n’a pas de leçon à faire au CNDD-FDD.

Sekidende : Passons à la justice sociale !

Au niveau de la justice sociale, le Président feu NKURUNZIZA a assuré la gratuité pour une partie majeure de la population dans le secteur de la santé et de l’éducation. Il a, en outre, mené une promotion soutenue dans le domaine du logement.

En effet, grâce à Lui, la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans est devenue une réalité. De même pour les femmes enceintes. Qui plus est, il a présidé aux soins gratuits contre la maladie la plus dévastatrice : la malaria. Il a fait construire des hôpitaux. Il a promis la construction d’un centre de santé sur chacune des 2900 collines du Burundi. La réalisation est presque terminée.

Toujours au niveau de la justice sociale, le Président feu NKURUNZIZA a assuré la gratuité scolaire de l’ECOFO c.à.d l’école primaire ainsi que les trois premières années de l’enseignement secondaire. Le nombre d’écoles qu’il a fait construire est estimée à plus de 10 000 soit plus du double de celles construites avant son pouvoir, depuis que le Burundi existe. Un record !

Un autre domaine social qu’il a développé c’est l’habitat. En effet, il a concrètement soutenu la construction de meilleurs logements et de villages de paix. Il soutenait le regroupement de l’habitat pour plus d’accès à l’eau potable et à l’électricité. Cette politique de justice sociale a été conçue par le CNDD-FDD au mois de mars 2001 à Lubumbashi par son Bureau Politique d’alors. Ce Bureau Politique s’était inspiré des 46 points de Feu le Président NDADAYE. Bien entendu, entre la théorie de Lubumbashi et la pratique présidée par Feu Pierre NKURUNZIZA, c’est la pratique qui prime car plus concrète et difficile à réaliser.

 Sekidende : Dans la lutte permanente pour l’Indépendance Nationale, quelle a été sa contribution ?

Sur le plan de l’Indépendance Nationale, Feu le Président NKURUNZIZA a résisté contre les exigences de l’impérialisme notamment dans le domaine minier. Il a initié l’exploitation minière industrielle dans laquelle le Burundi a une part d’investissement. Aujourd’hui, c’est le Gouvernement du Burundi qui fixe, seul, les closes du code minier.

Frustrés, les néocolonialistes ont tenté de traîner le Président feu NKURUNZIZA devant la Cour Pénale Internationale de la Haie. Feu le Président a riposté par le retrait du Burundi de la Cour Pénale Internationale, une cour qualifiée d’outil de régulation de la géopolitique en Afrique. Après une telle bravoure, beaucoup de panafricanistes africains le considèrent comme un de leurs leaders.

Comme autre acte nationaliste, notons son initiative d’auto-financement nationale des élections générales de 2015, de la  Constitution du 7 juin 2018 et des élections générales du 20 mai 2020. Il a rendu caduque la dépendance financière des néocolonialistes qui, souvent, en profitaient pour imposer des conditionnalités pouvant mettre au pouvoir un de leurs agents.

Le Président NKURUNZIZA n’hésitait pas d’expulser des diplomates néocolonistes qui se sont ingérés dans les affaires intérieures de l’Etat burundais. Le dernier cas remonte à l’expulsion des représentants de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) cette année. A ce titre, nous pouvons compter feu le Président Pierre NKURUNZIZA parmi nos grands nationalistes comme le Roi Mwezi GISABO, le Premier Ministre Prince Louis RWAGASORE et le Premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale, Paul MIREREKANO.

Sekidende : Quel est son bilan dans le domaine économique ?

Sur le plan économique, feu le Président NKURUNZIZA a inauguré la lutte pour l’indépendance économique. Comme vous le savez, avant 2005, le Burundi n’avait que l’indépendance politique. Or, la vraie indépendance d’un pays est basée sur l’indépendance économique. C’est ainsi que le taux de couverture des frais de fonctionnement de l’Etat, par les recettes nationales, est passé de 49% en 2005 à 89% aujourd’hui. Quant à la croissance moyenne nationale de la production alimentaire, elle est montée à 6% avec son impact positif sur l’autosuffisance alimentaire du Burundi, un autre aspect de sa lutte pour l’indépendance économique. Grâce à sa combattivité, le taux de croissance économique du Burundi est de 3.7% aujourd’hui. Ce taux avait dépassé les 4% la veille de 2015.

Le plus grand facteur de la croissance économique au Burundi ce sont les travaux communautaires dans lesquels Feu le Président NKURUNZIZA mettait la main à la patte en y participant régulièrement et personnellement au côté de simples citoyens. Ces travaux ont produit énormément de construction d’écoles, des infrastructures médicales, routières et logements évitant ainsi les fameuses enveloppes de la Coopération au Développement exhibés par les néocolonialistes. Il a imputé une bonne partie du budget de l’Etat au profit de l’entretien et la construction des ponts et chaussées depuis août 2005. Depuis cette date, nous avons assisté à une forte diminution de la location des immeubles des dignitaires de l’ancien régime hima hébergeant les bureaux de l’Etat. Grâce à Lui, s’est ensuite érigé une forte augmentation de la construction de nouveaux immeubles pour les bureaux de l’Etat.     Qui plus est, Feu le Président NKURUNZIZA a initié les Coopératives Sangwe de production. Il a ordonné la remise de 10 millions de FBu à chaque coopérative comme fond de démarrage. Cette initiative de Feu NKURUNZIZA est une véritable relance des coopératives du Prince Louis RWAGASORE et de Paul MIREREKANO sabotés par les colons en 1958.

Sekidende : Comment résumer très brièvement l’image du Président de la République, Feu Pierre NKURUNZIZA ?

Il était un des plus Grands Hommes d’Etat de l’Histoire du Burundi.

Sekidende