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Le carnet de Colette Braeckman – 26 août 2014

Qui sera le suivant ? Malgré la discrétion de rigueur et le contrôle des communications, une certaine inquiétude se manifeste au Rwanda dans les cercles les plus proches du pouvoir, après l’arrestation de trois hauts responsables militaires : l’ancien chef de la garde présidentielle le colonel Tom Byabagamba a été arrêté, accusé de crimes contre la sécurité de l’Etat. Cet officier d’active avait exercé de hautes fonctions au sein de l’état major de la mission de l’ONU au Sud Soudan. Dans le même temps, deux officiers à la retraite, le général Frank Rusagara et le capitaine David Kabuye ont également été arrêtés.

Il s’agît de personnalités importantes, appartenant au premier cercle autour du chef de l’Etat : le général Rusagara, auteur d’une histoire très documentée de l’armée rwandaise et fut directeur de l’Ecole militaire du Rwanda tandis que David Kabuye est le mari de Rose Kabuye, un personnage de légende au pays des mille collines : combattante au sein de l’armée patriotique rwandaise où elle obtint le grade de major, Rose Kabuye qui fut maire de Kigali est surtout connue pour avoir accepté d’être incarcérée en Allemagne à la suite des mandats d’arrêt délivrés par le juge Bruguière contre neuf hauts dirigeants rwandais accusés d’avoir abattu l’avion du président Habyarimana.

La détention de Rose Kabuye permit à ses avocats d’avoir accès au dossier Bruguière et de démonter, pièce par pièce, l’inanité des charges accumulées par cette instruction très politique. Le fait d’être considérée comme une héroïne n’empêcha pas Rose Kabuye d’être par la suite démise de ses fonctions de chef du protocole du président Kagame et de se retrouver, ainsi que ses proches, dans le collimateur…

Les arrestations actuelles frappent le cercle le plus étroit, le plus secret du FPR, celui des réfugiés ayant grandi dans les camps d’Ouganda et entrepris la lutte armée aux côtés de Paul Kagame, un cercle considéré comme le cœur même du pouvoir rwandais. C’est à ce premier cercle aussi qu’appartenait Patrick Karegeya, ancien chef des services secrets, assassiné le 31 décembre dernier à Johannesbourg.

On devait apprendre par la suite que Karegeya, passé à l’opposition en même temps que le général Kayumba Nyamwasa (qui a échappé à deux tentatives d’assassinat..) avait consigné tous ses contacts sur trois téléphones portables, des appareils qui furent emportés par ses assassins. Les contacts qui s’y trouvaient expliquent ils la disgrâce puis l’arrestation de plusieurs hauts dignitaires du régime ?