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La CEPGL en phase de relance de ses activités

Avec la crise du Burundi en 1993, le génocide au Rwanda en 1994, et la guerre au Congo depuis 1996, la CEPGL, la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs, a connu des périodes sombres au même titre que les pays qui le composent en l’occurrence le Burundi, le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC). Aujourd’hui, c’est l’heure de grands projets malgré certaines faiblesses.

HERMAN TUYAGA:”LES SOMMETS DES CHEFS D’ETAT DEVRAIENT SE TENIR LE PLUS RÉGULIÈREMENT POSSIBLE”.

Depuis 2007, la CEPGL multiplie des initiatives pour la réalisation des projets communs. Parmi ces projets, il y a le projet de modernisation des infrastructures douanières pour développer les mouvements des biens et des services. C’est dans ce cadre que l’axe Bujumbura – Gatumba – Uvira (qui passe par les postes frontaliers de Gatumba du côté du Burundi et le poste de Kavimvira du coté de la RDC) est en train d’être réhabilité. Cette route facilitera le commerce entre Bujumbura et Uvira ainsi que le mouvement des personnes entre ces mêmes villes. Entre Goma (ville de la province Nord Kivu) et Gisenyi (ville du Nord dans le district de Rubavu au nord du Rwanda), un projet de construction des postes frontaliers a été développé. Du coté du Rwanda, les constructions sont déjà terminées tandis que du coté de la RDC, à la « petite barrière » les travaux n’ont pas encore commencé pour des raisons internes. De telles constructions sont aussi envisagées entre la ville de Kamembe à Cyangugu au Rwanda et Bukavu (Sud Kivu en RDC). Ces travaux sont réalisés grâce au concours financier de l’Union Européenne.

Un autre projet de la CEPGL en étude est la construction du barrage hydro-électrique « Rusizi III ». Herman Tuyaga, secrétaire exécutif de la CEPGL dit que les études sont avancées. L’organisation est en train de chercher des investisseurs potentiels pour réunir des fonds nécessaires afin de parvenir au lancement de ce projet. Cette centrale pourra produire 147 MW. Le coût de construction du barrage est estimé à 500 millions d’euros et le lancement des travaux est prévu en 2016. Rusizi III sera une contribution énorme pour pallier aux défis énergétiques de la sous-région (après deux centrales Rusizi I qui produit 24 MW et Rusizi II dont la production atteint 36 MW).
Parmi les œuvres anciennes de la CEPGL dont le renforcement s’impose, il y a l’Institut de Recherches Agronomiques et Zootechniques basé à Gitega, la Banque de Développement des Grands Lacs (BDGL) basée à Goma en RDC, la réhabilitation des centrales hydroélectriques Rusizi I et II. Par contre il n y’a aucune tentative de relancer la Verrerie du Burundi, VERUNDI qui a fermé ses portes avec la crise de 1993.
Au chapitre des défis, le secrétaire exécutif, Herman TUYAGA cite notamment le manque de régularité des contributions des Etats et un faible engagement des chefs d’Etat.

Pour lui, le constat est que ces contributions des Etats sont faibles et quand elles sont versées, elles ne sont que partielles avec plusieurs années d’arriérés. Il déplore aussi l’absence de la tenue du sommet des chefs d’Etat qui est toujours le bienvenu car ca serait un message fort à la population de ces pays ainsi que les partenaires de la CEPGL. Soulignons que la conférence des chefs d’Etat est l’organe premier de la CEPGL avant le conseil des ministres des relations étrangères et le secrétariat exécutif. C’est la République Démocratique du Congo qui a la charge de convoquer ce sommet. Le dernier sommet de la CEPGL s›est tenu en 1994 à Gbadolite dans la province de l›Equateur en RDC, les trois pays ayant entretemps connu tous des guerres depuis cette période.

Il souligne également que le fait que les trois pays qui forment la CEPGL soient membres d’autres communautés économiques (notamment la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), Southern African Development Community (SADC) et la Communauté Est Africaine) ne pose aucun problème. Pour le secrétaire exécutif, cela est un atout pour les trois pays. La CEPGL leur offre un cadre d’expérimentation. La réussite ou l’échec de la CEPGL déterminera la plus value qu’auront ces pays dans les autres communautés.

Les projets développés par cette organisation ont un impact direct sur les trois peuples et il conçoit mal un projet qui pourra se réaliser au profit des populations des 10 pays ou 20 selon les dimensions de ces autres communautés.
La CEPGL est présente dans quatre domaines prioritaires à savoir la paix et la sécurité, les échanges transfrontaliers, l’énergie et l’agriculture.

Pacifique Cubahiro