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Suite à l’attentat au siège de Charlie Hebdo qui a fait au moins 12 morts, trois suspects ont été identifiés: Saïd K., né en 1980 à Paris, Chérif K., né en 1982 à Paris et Hamyd M., né en 1996. Selon des médias français, ils auraient été interpellés mais le ministère de l’Intérieur a démenti. Leur identification et localisation a été confirmée de source policière, selon Libération. Les deux trentenaires, de nationalité française, sont des frères nés dans le 10e arrondissement de Paris. La nationalité du plus jeune, qui serait SDF, n’était pas connue.

Les deux frères sont issus de la banlieue parisienne, et revenus de Syrie cet été, selon les informations rapportées mercredi soir par les sites de plusieurs medias français. L’un des deux suspects a été jugé en 2008 dans le cadre du démantèlement de la filière irakienne dite du “19ème arrondissement” de Paris, selon le site Point.fr.

Il avait alors déclaré “avant, j’étais un délinquant. Mais après (mon entrée dans la religion, NDLR), j’avais la pêche, je ne calculais même pas que je pouvais mourir”. Il avait été interpellé en 2005, alors qu’il s’apprêtait à partir pour Damas. Entre 2003 et 2005, cette filière aurait incité une dizaine de jeunes Français à partir combattre en Irak.

Traque
Plusieurs milliers de policiers et gendarmes sont lancés dans une traque d’envergure pour mettre la main sur les auteurs en fuite de l’attaque contre Charlie Hebdo qui a fait douze morts mercredi, une véritable course contre-la-montre. “Il faut aller vite, et c’est là toute la difficulté, car tant que ces mecs sont dans la nature, ils peuvent faire encore des dégâts”, souffle, dépité, un ancien du 36 quai des Orfèvres, où une cellule de crise a été mise en place.

Peu après l’attaque, les experts de la police technique et scientifique ont ratissé tous les endroits où les assaillants sont susceptibles d’avoir laissé des indices, procédure habituelle dans toutes les enquêtes criminelles. Ces policiers spécialisés ont tenté de rechercher la moindre trace ADN, d’empreinte digitale ou d’autres éléments que les fuyards auraient pu laisser. Les enquêteurs ont notamment fouillé plusieurs appartements à Pantin et Gennevilliers, en banlieue parisienne, opérations qui n’ont donné lieu à aucune interpellation, selon des sources concordantes.

“La voiture abandonnée par les terroristes au niveau de la porte de Pantin, le siège de Charlie Hebdo, ces endroits ont été passés au peigne fin”, a assuré une source proche de l’enquête. Selon celle-ci, “il y a de grandes chances que les deux ou trois assaillants soient identifiés rapidement grâce à cette première étape, c’est très rare que les mecs ne laissent rien”.

Remonter la piste
Le travail des services de renseignement peut également aider au processus d’identification. “Ils ont crié Allah akbar, peut-être que ces gens ont été suivis par les services antiterroristes, ce n’est pas idiot de l’imaginer”, estime cette source.

Les enquêteurs devraient également utiliser la téléphonie, pour espérer isoler un numéro, pour pouvoir ensuite remonter une identité. “Ils vont répertorier tous les numéros de téléphones portables qui ont borné à proximité du siège de Charlie Hebdo au moment de l’attaque. Une fois ce premier listing établi, les enquêteurs croisent ensuite cette liste avec celles obtenues grâce aux bornages effectués aux différents endroits où les terroristes sont passés”, explique une source judiciaire. Ce sont des logiciels utilisant des algorithmes qui effectuent ces opérations. Cette méthode avait notamment été utilisée par la PJ parisienne en novembre 2013 lors de la traque du tireur de Libération, Mohamed Dekkar.

Mais cela ne peut être efficace que si les assaillants avaient sur eux un téléphone portable au moment des faits, et si les abonnements étaient ouverts sous leurs véritables identités. “Ca fait beaucoup de si mais il faut de toute manière tout faire pour tenter de remonter leur piste”, résume la source judiciaire.

Parallèlement, les enquêteurs devraient également travailler “la téléphonie de leur entourage”, selon la source proche de l’enquête. En clair, les proches et la famille des assaillants, lorsqu’ils auront été identifiés, pourraient être placés sur écoute.

La police judiciaire parisienne a également lancé rapidement un appel à témoins et mis en place un numéro vert, “et c’est un outil qui peut se révéler extrêmement utile”, précise un enquêteur, “un signalement que l’on peut penser anodin peut se révéler essentiel”. Si le parquet de Paris a cosaisi la section antiterroriste de la PJ parisienne, la SDAT (Sous-direction antiterroriste) et la DGSI (Direction générale du renseignement intérieur), de nombreux autres services de police, comme les brigades centrales de la PJ parisienne, sont également en renfort dans cette chasse à l’homme. “Vu la gravité de la situation, tous les services qui peuvent être utiles sont mis en action”, résume un haut-fonctionnaire.