Le pays qui connaîtra la plus forte croissance mondiale cette année n’est ni la Chine, ni l’Inde mais le Ghana.
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Cette année, le champion mondial de la croissance économique ne devrait être ni la Chine, ni l’Inde, mais un pays d’Afrique de l’Ouest qui était encore aux prises avec la famine dans les années 80 à la suite d’une série de coups d’État: le Ghana. Grâce à la découverte d’importants champs pétroliers, le pays est en train de connaître un important boom économique.

De ce fait, le Ghana devrait être l’un des pays bénéficiant de la plus forte croissance économique cette année, selon la Banque Mondiale, la Banque de Développement Africain, le Fonds Monétaire International, et la Brookings Institution. Car outre le pétrole, il peut aussi compter sur ses exportations de cacao.

Le Bhoutan ou la Libye feront mieux, mais…

Cette année, son taux de croissance devrait se situer entre 8,3 et 8,9 %, un taux supérieur à celui de la Chine ou de l’Inde. Seul le Bhoutan, un pays minuscule, ou la Libye, qui est plongée dans une forte récession depuis plusieurs années, devraient bénéficier d’un taux de croissance encore supérieur. Au mois de janvier, l’indice boursier du Ghana a également connu le meilleur taux de croissance du monde, avec une hausse de 19 %, selon Bloomberg.

Les dangers d’une trop grande spécialisation

Toutefois, les économistes et les experts recommandent au pays de ne pas trop se spécialiser sur ses seules ressources naturelles, et de ne pas tomber ainsi dans les écueils des pays lourdement affectés par la corruption et la fraude. Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, élu en 2016, a annoncé qu’il comptait suivre ces conseils, et s’est engagé à investir les revenus du secteur pétrolier dans l’éducation, l’agriculture et l’industrie, afin de diversifier l’économie du pays.

Akufo-Addo veut également affranchir son pays de sa dépendance aux aides économiques. “Cela ne marchera pas, cela n’a jamais marché“, juge-t-il. Pour ce faire, il a lancé un grand programme de développement appelé “Un district, une usine”, dont l’objectif est de développer des usines pour transformer les matières premières du pays avant leur exportation. Au début du mois de février, il a également annoncé que le Ghana se passerait désormais des emprunts du Fonds Monétaire International.

Les hauts et les bas du cours du pétrole

Après l’essor économique induit par la découverte de nouveaux champs de pétrole en 2011, le pays s’est retrouvé aux prises avec d’importants déficits budgétaires, et un fort endettement lorsque les cours du pétrole ont commencé à chuter. Le gouvernement a dû réaliser des économies qui ont entravé le développement des secteurs financier des soins de santé. Cette période est aujourd’hui terminée, et le pays a renoué avec la stabilité budgétaire. Sur les 18 derniers mois, deux grands champs de pétrole sont entrés en exploitation. L’année dernière, les recettes tirées des exportations de pétrole ont grimpé de 124% par rapport à l’année précédente.

Le chômage des jeunes

Néanmoins, le pays doit encore prouver qu’il est capable de faire fructifier cette manne pour produire des emplois de qualité et une croissance durable. Le taux de chômage du pays s’établit à 5,8%, en deçà du taux moyen de 7,4% constaté en moyenne dans l’Afrique subsaharienne. Toutefois, le chômage atteint 11,5% chez les jeunes, et dans le pays, beaucoup de citoyens se sentent encore exclus de l’expansion économique.

Les problèmes induits par la richesse: une épidémie d’obésité

De même, il devra s’attaquer à un problème de santé publique relativement récent et directement lié à ce boom économique: la progression de l’obésité. En effet, le taux de progression de cette maladie a atteint le seuil ahurissant de 650 % au Ghana. L’expansion économique a nourri un exode rural qui a contribué à développer la population urbaine. De ce fait, des millions de gens ont déménagé en ville et l’on a assisté à l’ouverture de centres commerciaux et de nouveaux commerces… dotés de fast-foods.

C’est ainsi qu’une épidémie d’obésité est apparue dans cette nation africaine. Le nombre de personnes obèses est passé de 2% à 13,6% depuis 1980. Le Ghana se targue désormais de figurer sur la triste liste des 73 pays où l’obésité a au moins doublé depuis cette époque.

Business express Audrey Duperron