Voilà qu’en 2003, la guerre éclate à Kanyosha, sa commune natale. Ses parents devaient labourer les champs de leurs voisins pour nourrir leurs quatre enfants dont 3 filles. La situation sécuritaire devient de mal en pis et la faim les tenailles. « Malgré la disette qui frappait notre famille, je n’avais jamais pensé quitter mes parents pour vivre dans la rue. » Innocent Bigirimana, 5 ans, se retrouve, un jour, au Palais des arts. « Je n’avais ni parenté, ni connaissance qui pouvaient me prendre en charge », explique-t-il. S’il a pu survivre aux intempéries et aux piqûres de moustiques, c’est par la grâce de Dieu, selon lui. Désormais, pour ce gamin, son quotidien se résume à passer la nuit à la belle étoile, à même le sol, à défaut de cartons, avec le ventre creux.
Un bon samaritain en la personne de Dieudonné Nahimana le recueille ainsi que d’autres enfants et les amène dans une maison et leur permet de commencer leurs études. Jusque là, il n’avait jamais été au banc de l’école. « Nous bénéficiions de cours intensifs en alphabétisation et de notions d’Anglais. Puis Dieudonné Nahimana nous a fait inscrire à l’Ecole primaire ».
Il fera ses premiers pas à l’Ecole primaire de Nyakabiga où il terminera avec brio. Pour Zuma, capitaine de l’équipe Imboneza New Generation, Innocent est un pensif, parle peu et travaille assidûment. Féru de football et de musique, il s’entraîne après l’école. Innocent n’a qu’un seul rêve : devenir, un défenseur des droits des enfants pour rendre ce qu’il a reçu. Pour le moment, il est finaliste à l’Ecole technique de Buterere en construction métallique.
