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J’ai lu dans le journal Iwacu que certains Burundais ont osé comparer Bob Rugurika au Mutabazi Bihome. Je suis tombé des nues! Est-ce possible qu’une telle comparaison soit tolérée? L’on a connu des journalistes qui regrettaient que Ndadaye occupe le palais royal autrefois résidence de Mwambutsa! L’on a connu des articles qui traitaient le président Ntibantunganya de tous les noms. Rien n’à voir avec le fameux Gustave.
Bob Rugurika n’arrive même pas à la cheville de Bihome
Il faut noter qu’avant le régime du CNDD-FDD, Bihome ce Hutu qui a porté la tenue royale pour brouiller les pistes des Allemands et accepter de se faire tuer en lieu et place du roi avait été oublié.
Le Muganwa Charles Baranyanka dans son livre “Burundi: la croix et la bannière” est revenu sur l’héroïsme de Bihome. Il a souligné combien les “abatabazi” étaient des êtres exceptionnels et que ce genre de sacrifice suprême sauvait le royaume et rendait les familles très respectables. Il s’agit des familles d’où venaient ces héros.
Et pourtant, Bihome a été longtemps jeté aux oubliettes alors que sa bravoure était relativement récente. Même la monarchie qu’il avait sauvée des griffes allemandes ne s’est pas gênée! L’ingratitude des régimes burundais peut, mutatis mutandis, devenir un sujet de recherche doctorale!
Avec le président Nkurunziza, le Burundi devient de moins en moins “le pays des héros non chantés”. A titre posthume, Bihome a été décoré et son héroïsme reconnu solennellement. Mieux vaut tard que jamais!
Bihome doit désormais figurait en bonne place dans les livres d’histoire nationale. C’est que, quand le monde admire la bravoure des militaires burundais en Somalie et en RCA, l’on oublie carrément que les Allemands avec des fusils crachant le feu et la mort en proportion industrielle, ont salué l’âme courageuse du peuple Murundi et qu’ils furent soulagés de pouvoir signer le protectorat à Kiganda. “Uwambaye ikirezi ntamenya ko cera”!
Mais alors, qu’un journaliste sans moindre égard pour l’éthique et la déontologie, un imposteur qui roule pour des intérêts autres que l’intérêt national, soit comparé à Bihome, c’est le comble de l’insolence. C’est une insulte grave à l’histoire nationale.
Ce genre de provocation serait sans doute source d’émeutes dans les démocraties qui savent honorer leurs héros. Mais au Burundi, on n’est même pas choqué et le Gouvernement ne sort aucune déclaration d’indignation et de protestation! Le CNC n’invite même pas le directeur des publications du journal pour exiger des excuses à la nation et aux descendants de l’héros historique.
Si tout semble être permis ou du moins toléré pour ceux qui comptent sur le chantage international pour narguer les lois, dénigrer les institutions et scandaliser le peuple, ce pays n’est plus une république digne de ce nom. Il n’est même pas une république bananière car dans ce genre de gouvernance, les gardiens de l’ordre établi savent imposer les limites. Pauvre Burundi!