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Dans un audio exclusif enregistré lors de ses nombreuses rencontres avec la diaspora burundaise en Europe, le président du MSD Alexis Sinduhije regrette l’absence de plan B “pour chasser Nkurunziza du pouvoir” après la tentative ratée du putsch du 13 mai 2015. L’ancien journaliste burundais s’interroge aussi sur la transparence de la société civile, qui était chargée de gérer les contributions financières de la diaspora lors des violences de 2015. Voici une retranscription intégrale de l’intervention.

Cliquez sur ce lien pour écouter l’audio en kirundi:
Sinduhije regrette l’irruption et l’amateurisme du putsch de mai 2015

“Moi je le regrette vraiment. Dans ces résistances populaires qui étaient à Bujumbura, et qui allaient vraiment faire tomber le pouvoir, et chasser Nkurunziza, il y a certaines actions qui ont provoqué la mort de ces résistances populaires. C’est notamment le coup d’État. Je ne pense pas qu’il ait été réalisé dans l’intention d’empêcher les résistances populaires. Mais c’est un coup d’État qui a été si mal fait qu’il a cassé l’élan… C’est pourquoi chaque fois qu’il y a une situation pareille, il faut toujours penser à un plan B. J’admets que nous n’avons jamais pensé au plan B. C’est peut-être parce que nous ne sommes pas assez formés en la matière.

Mais maintenant, nous voulons que ceux qui en savent plus que nous, nous ne savons pas comment mener la guerre, nous voulons que ceux qui en savent plus chapeautent ça, pour que nous nous les appuyions autrement. Car pour moi, je ne vois aucune autre voie qui pourra empêcher Nkurunziza de rester au pouvoir et de tuer les gens que de nous lever et de prendre les armes pour le combattre. Puisque nous sommes vieux et que nous ne savons même pas comment ça se fait, nous allons chercher ceux qui en sont capables pour diriger le projet, et les appuyer de notre côté avec nos structures. C’est comme ça que moi je vois les choses.

Alors, il y a quelqu’un d’autre, Servat ?, qui a parlé de Tabara et Forebu. Bon, selon nos observations, une guerre ne se fait pas avec les mots. C’est vrai que de nos jours les techniques de communication se sont considérablement améliorées. Mais quand des projets se transforment en beaucoup de mots, il arrive que certains mots qui devaient être gardés sortent. Et cela peut nuire à beaucoup de choses. Je pense que l’on devrait arrêter ces communiqués de propagande sur la force de ceux-ci ou ceux-là. Il faut que ça s’arrête. C’est la première étape.

Ensuite, ceux qui veulent mener ce combat viennent vous demander de l’argent. N’est-ce pas ? N’est-ce pas vous qui donnez cet argent ? Est-ce que par la suite vous leur demandez à quoi sert votre argent ? Parce que quand nous avons lancé la campagne… la résistance pacifique au Burundi, c’est vous même qui avez demandé… Vous avez été exactement comme l’Union Européenne. Vous nous avez dit, enfin, vous ne l’avez pas dit à moi mais aux gestionnaires, Liliane… Bon! Vous nous avez dit que vous n’allez pas envoyer l’argent s’il géré par les partis politiques, mais que vous enverrez l’argent à la société civile. J’ai dit “Très bien!” Mais puisque vous avez envoyé votre argent à la société civile, est-ce que celle-ci vous a envoyé le rapport d’usage de cet argent, ce qui a été fait, où… est-ce qu’on vous a donné ce rapport ? Vous avez cet esprit, vous m’excuserez moi j’aime le débat, j’aime dire la vérité aux gens, vous avez cet esprit vous aussi de dire que les politiciens en Afrique détournent l’argent. Et que nécessairement, c’est la société civile qui ne détourne pas l’argent (rires de la salle), n’est-ce pas ?”

2 April 2017 20:28 by Adelin Manariyo, http://www.ikiriho.org