Sénat : «Il nous faut toute la vérité pour cheminer vers la réconciliation»
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Le Président du Sénat Emmanuel Sinzohagera a dit : « c’est de notre responsabilité de qualifier nos crimes ». Dans le cadre des conférences sur les événements sanglants de 1972, organisées par le Sénat, le président de cette institution a invité ce lundi 7 juin les responsables des médias à relayer le vrai message de cet organe. Selon lui, l’objectif n’est pas de semer la zizanie, d’attiser la haine ethnique mais de guérir les Burundais de leurs maux.

« Que les sceptiques soient tranquillisés, toutes les crises cycliques qui ont endeuillées notre pays seront explorées et des conférences et des débats seront organisés afin que toute la vérité soit connue », a tenu à préciser d’entrée de jeu le président du Sénat, Emmanuel Sinzohagera.

« Ce ne sont pas des ethnies qui tuent mais la mauvaise gouvernance, tous les Hutu ne sont pas mauvais, il y en a qui ont sauvé les Tutsi en 1993, et tous les Tutsi ne sont pas mauvais, il en a qui ont caché des Hutu en 1972 », a-t-il fait remarquer.

La base de toute réconciliation, insiste-t-il, c’est la vérité, toute la vérité. Le Président du Sénat, Emmanuel Sinzohagera, appellent toutes les personnalités, tous les témoins de toutes les ethnies à donner leurs versions des faits, sans passions.

« Ce n’est pas le seul ex-président Sylvestre Ntibantunganya, un Hutu, qui vient de faire des conférences sur les événements de 1972 sous la houlette du Sénat qui peut donner toute la lumière, qu’il y ait des Tutsi aussi pour des exposés, ils sont les bienvenus », a-t-il appelé.

Selon lui, il ne fait pas que le Sénat soit mal compris ou mal interprétés sur ses objectifs avec ces conférences. « Il faut que les médias de livrent le vrai message sur les événements sanglant qui ont endeuillés ce pays ».

Le président du Sénat a tenu à préciser le cadre de ses démarches. C’est aux termes de l’article 289 de la Constitution de la République du Burundi enjoignant le Sénat à donner son appréciation sur les quotas ethniques et voir dans quelle mesure les supprimer ou pas dès 2025, que cette institution entend explorer tous les contours de la question ethnique et des violences interethniques qui ont endeuillé ce pays.

«C’est difficile voire impossible d’oublier, de mettre une croix sur nos ’’soi-disant ethnies’’ sans connaître la vérité sur les violences cycliques que notre pays a connues i ont endeuillées notre pays sur base de ces mêmes ethnies. Il serait difficile d’avancer et de cheminer vers la réconciliation », a noté Emmanuel Sinzohagera.

« Il nous faut qualifier nos crimes »

Contrairement aux intellectuels et aux autres personnalités qui disent que ce sont les Nations unies qui doivent qualifier les tueries à grande échelle qui ont endeuillé ce pays, a insisté le résident du Sénat, c’est plutôt de la responsabilité des Burundais eux-mêmes de qualifier ces crimes et pas l’Allemagne, la Belgique ou encore moins la Communauté internationale. « Le destin de notre mère patrie nous appartient. Il est de notre devoir de qualifier ce qui s’est passé en 1972 », a martelé Emmanuel Sinzohagera.

«Il ne faut pas que les enfants et les petits-enfants du président Michel Micombero soient victimes de ses agissements ou des événements sanglants de 1972. Ils sont innocents tout comme les descendants de ceux qui été victimes des tueries de 1972 appelées ’’abamenja’’, les rebelles », a plaidé le président du Sénat.

« Il nous faut connaître la vérité afin de nous réconcilier et l’’objectif n’est pas d’exhumer le passé sanglant et semer la zizanie, mais le but ultime est de guérir les Burundais meurtris afin que nos enfants n’héritent pas ces maux que notre chère patrie a connus », a-t-il indiqué.

«Un autre mal : la globalisation»

« La tendance à tout globaliser a handicapé notre pays et elle nous tue. Tous les Hutus ne sont pas de petite taille avec un nez épaté et tous les Tutsi ne sont pas de grande taille avec un nez aquilin », a fait remarquer le président du Sénat.

Selon lui, les Burundais doivent arrêter la globalisation afin de mettre un terme au cycle infernal de violences  interethniques. « Il nous faut couper cette racine du mal burundais ».

« J’appelle les Burundais à ne pas avoir peur de leur passé sombre, tous ceux qui ont des témoignages sur ce qui s’est passé sont les bienvenus, nous devons bâtir une nation viable, réconciliée, il nous faut pour cela avoir une même lecture de notre histoire », a souligné Emmanuel Sinzohagera.

Selon lui, il y en a qui croient que les ossements exhumés dans des fosses communes constituent un fonds de commerce, du business, loin de là, il faut connaître la vérité sur les violences cycliques que notre pays a connues.

« Si des personnalités encore en vie comme Simbananiye qui sont citées dans les événements de 1972 pouvaient parler, il y a des Burundais qui seraient soulagés ». Un souhait émis par le président du Sénat avec un brin de regret.

Par Abbas Mbazumutima (Iwacu)