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A la veille de la célébration d’un an après l’échec de la tentative de coup d’état par le pantin NIYOMBARE et son mentor NDAYIRUKIYE ; j’ai eu l’envie pressante de partager avec vous cette réflexion. Je vais partir de deux postulats pour étayer ma pensée : Comment et pourquoi le putsch a échoué en fin quelles leçons tirer de cette tentative de putsch.

Comment et pourquoi le putsch a échoué ?

Tout commence, comme toujours à Bujumbura par la rumeur, j’apprends à partir de mon lieu de travail qu’un certain nombre d’officier s’apprêterait à prendre le pouvoir dans le sillage des manifestations violentes. Une action synchronisée était en cours de préparation qui devrait permettre une prise de pouvoir par le Général sous le prétexte de sauver la situation qui se dégradait. Celui qui me transmit cette information se garda de me dire comment concrètement cela allait se passer. Je ne tardais pas à être fixé : Mon bureau est situé à quelques centaines de mètres des bureaux de la présidence; je vis à travers ma fenêtre une horde d’individus venir de l’avenue Moso, en provenance du quartier Bwiza et se diriger vers le centre ville. Cette horde va tenter de bifurquer vers la présidence mais les militaires qui gardaient le bâtiment et avaient mis en place des barrages renforcés ont réussi facilement à contenir les manifestants. Ces derniers se sont dirigés vers le centre ville et le siège de la RPA. C’est d’ailleurs à partir de cette station, visiblement rouverte pour l’occasion que j’ai entendu le discours du General NIYOMBARE qui annonçait le coup d’état et sa prise de pouvoir. Etrange que cela puisse paraître, la radio nationale continuera à émettre normalement, c’est elle qui va diffuser le discours du chef d’état major annonçant l’échec du putsch. C’est d’ailleurs l’échec de la prise de ce medias qui va consacrer l’échec du putsch, le General Cyrille avoua personnellement sa défaite et sa reddition aux forces loyalistes.

Plusieurs éléments ont été ignorés par les organisateurs du putsch, il faut citer ici en premier lieu le contexte. Depuis l’intégration des rebelles au sein des ex FAB pour former la nouvelle FDN (Force de Défense National) le Burundi s’est dotée d’une armée professionnelle, moderne sur tous les plans. Une armée véritablement républicaine qui a refusé de s’engager dans une aventure politicienne sans lendemain. Ceci est la première explication du manque d’adhésion des hommes en uniforme, qui ont refusé de répondre positivement à l’appel de leur camarade. Les tentatives des chefs putschistes pour que la majorité des militaires puissent rallier leur cause seront un échec. Ce qui prouve la réussite de l’intégration.

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La deuxième cause est liée au rôle joué par notre armée dans l’histoire récente de notre pays. L’assassinat du président Melchior NDANDAYE premier président démocratiquement élu et héro de la démocratie eut des conséquences dramatiques sur l’armée burundaise. Elle eut à faire une guerre dans la quelle elle était perdante parce que honnis par tout le monde. Elle avait une image des plus déplorables après avoir décapité la jeune démocratie. C’est le processus de négociation et la réussite de l’intégration qui contribuèrent à redorer son blason. Les conséquences de cette situation étaient encore fraiches dans les mémoires de tout le monde, surtout celles des militaires qui avaient eu à subir directement cette situation. Certains parmi les officiers avaient du mal à comprendre comment les mêmes qui avaient joué les premiers rôles en 1993 revenaient devant pour récidiver. En effet il est de notoriété publique que certains officiers comme DARADANGWA et NDAYIRUKIYE avaient trempée directement dans l’assassinat du Président NDANDAYE et ses collaborateurs. Ceux qui avaient fourni d’énormes efforts et pris des risques incalculables pour la formation de la nouvelle armée ne voulaient voir leur travail réduits à néants pour quelques intérêts sectaires.

Il serait malhonnête d’ignorer la donne ethnique chez certains militaires dans leur appartenance dans l’un ou l’autre camp. Une majorité de ceux qui avaient intégré la FDN percevait dans celui qui avait été mis en avant par les putschistes, plus un pantin qu’un Général qui avait véritablement le contrôle de la situation. En effet il était clair que le Général Cyrille NDAYIRUKIYE était le maitre d’œuvre de ce coup. Il ressortira de certaines conversations que j’eus avec ceux qui ont connu le Général NIYOMBARE du temps du maquis, que c’était un incapable, un qui avait eu son grade élevé plus par le niveau de ses études que par ses capacités à commander.

Il aurait quitté la forêt sans avoir jamais tiré le moindre coup de feu, se contentant de gérer la sphère administrative de l’ex-rébellion. Il était donc clair que le coup d’état n’était pas le leur. Autre élément important qu’il faut souligner, la plupart des putschistes provenaient du 11ème bataillon parachutiste. Ce bataillon s’est particulièrement illustré lors de l’assassinat du Président NDANDAYE ; un assassinat effectué avec une sauvagerie jamais égalée. Un autre élément qui rendait suspects de tribalisme les auteurs du putsch. Pour un Major avec qui j’ai discuté de la situation, NIYOMBARE était ni plus ni moins qu’un nouveau NGEZE ; le nom de l’ancien Ministre de l’intérieur qui avaient été mis en avant par les assassins du président NDANDAYE pour prendre sa place. Les militaires modérés qui s’avéreront être majoritaire vont s’opposer farouchement aux putschistes.

Quelles leçons tirées ?
Le putsch du 13/05/2015 aura montré toutes les conséquences qui résultent de l’impunité. Si les auteurs du 21/10/1993 avaient été arrêtés et traduit en justice, le putsch du 13/05 n’aurait pas eu lieu pour la simple et bonne raison que les concepteurs et exécutants sont à quelques exceptions près les mêmes. Vu que les dossiers des deux événements ne sont pas encore définitivement clôturés, je me garderais d’entrer dans les détails pour le moment. Cependant j’ai été frappé dans mes observations et analyse par la similitude des facteurs humains et matériels qui ont concouru à ces forfaits s’il faut utiliser un langage juridique.

Nous devrons dans le futur nous interroger sur la sincérité de certains de nos politiques lorsqu’ils s’engagent dans des accords avec réserves. Tout comme le putsch du 13/05 dont les manifestations débutées le 26/04 constituent un prélude, il s’est avéré que la mise en application forcée des réserves exprimées lors de la signature des accords d’Arusha était l’objectif premier. L’échec est dû essentiellement au manque de soutien de la population ; Une population fatiguée des guerres et qui n’aspire qu’à la paix.

Par Anselme Hakiza, Amahoro Iwacu.