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L’histoire n’enregistre que très rarement d’équivalent à l’hécatombe de vies humaines qui ensanglanta le Burundi en 1972. On reste confondu par l’indifférence, pour ne rien dire de l’incompréhension de l’opinion publique et internationale devant les dimensions du massacre.

Tout commença dans la nuit du samedi 29 avril 1972, alors qu’à midi, le président Micombero venait de révoquer son équipe ministérielle afin de réaliser en toute quiétude son plan d’extermination. Le Burundi devra être vidé, martyrisé, endeuillé pour longtemps….

Le 30 avril 1972 à 8 heures du matin, on apprend que Charles Ndizeye a été tué vers minuit. Officiellement, il avait été tué lors de combats contre des mulelistes. Pour justifier cet assassinat, les autorités prétendent que la victime voulait rétablir la monarchie. Ce fût le début du génocide.

Le 1er mai 1972, la radio de Bujumbura annonce que de sérieux combats se déroulent dans le sud du pays et qu’il s’agit de mulelistes venant du Zaïre aidés par les inyenzi (monarchistes Rwandais) et des Burundais monarchistes…

Dans tout le pays, les arrestations et les exécutions sommaires se poursuivent stimulées et encouragées par les messages officiels diffusés par la radio, la voix de la révolution : « les forces vives de la nation doivent s’impliquer à débusquer les ennemis du peuple ». A la prison de Bujumbura, les prisonniers sont exposés au soleil jusqu’à ce que mort s’en suive…

Dans le dossier « Naufrage au Burundi » de septembre 1972, on lisait « dans ce pays sans statistiques et sans informations libres, comment pourrait-on savoir ? Qu’importe… de tels massacres ont déjà eu lieu en territoire décolonisé, mais une tentative de naufrage radical par la suppression de l’élite politique, sociale et culturelle d’une ethnie par l’autre, a-t-on vu cela ? même au Biafra ? même au Bengale ?…».

La convention de l’ONU sur l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité condamne ces crimes, même si ces actes ne constituent pas une violation du droit interne des Etats où ils sont commis.

Aujourd’hui plus que jamais au Burundi, beaucoup de victimes de ces actes de barbarie, spécialement de 1972, attendent impatiemment que justice soit enfin faite… Osons croire que ça finira par arriver, ce vœu, qui sommes toutes, constitue un élément essentiel à la réconciliation nationale tant attendue. Autrement dit, entamer aussitôt la procédure prévue par le droit international en la matière afin que les coupables soient punis et les victimes réhabilitées.

Minani Pontien