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Au moment où l’on dit ne pas connaître encore l’identité du groupe armé qui a été intercepté à Cibitoke en provenance de la République du Congo (RDC) ce 30 décembre 2014 par les forces de l’ordre burundaises, nul ne peut aller par mille chemins pour imaginer la responsabilité d’une partie de la société civile, des médias, de l’opposition burundais et de leurs mentors régionaux et internationaux dans cette attaque. La campagne de ces derniers, il y a quelques mois, contre la présence présumée militaire burundaise à Kiliba Ondes (en RDC) et pour son retrait immédiat est un signe révélateur. Une fois les militaires burundais retirés, le champ était libre à ces éléments pour opérer des incursions armées, et, in fine, pour montrer à l’opinion que le climat n’est pas propice à la tenue prochaine des élections au Burundi.

Par ailleurs, cette attaque suscite d’autres questions. Comment, avec l’imposante présence de la Monusco et des forces armées congolaises, ces éléments ont-ils pu librement traverser la frontière burundo-congolaise – complicité ou manque de vigilance? La population burundaise, celle de Cibitoke en particulier, ne peut s’empêcher de se poser de telles questions pour la énième fois qu’elle subit de telles incursions armées. Il sied donc d’inviter le gouvernement burundais et l’opinion tant nationale qu’internationale à ne pas se laisser tomber dans ces pièges.

Le gouvernement, de son côté, doit impérativement assumer ses responsabilités pour protéger ses frontières et sa population, et ce par tous les moyens que la loi met à sa disposition en matière de sécurité intérieure et extérieure. L’opinion, quant à elle, doit comprendre le contexte dans lequel ces actions armées sont menées, notamment des intérêts politiques particuliers au détriment de la population. La paix retrouvée au Burundi n’arrange pas tout le monde. Malheureusement, il ne faut pas nier l’évidence ; la guerre ne profite à personne sous quelque prétexte que ce soit. Ce sont toujours ces jeunes manipulés par les politiciens qui en paient les frais au moment où ceux-ci passent des jours dorés au pays et à l’étranger. Une raison de plus pour ne pas revendiquer la paternité de ces attaques au moment où ces jeunes sont en train de périr.
Par Innocent Bano