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Ces derniers mois, les délégations de tous genres se bousculent à Bujumbura. Certaines de très haut niveau, d’autres d’une renommée internationale affirmée et même des experts internationaux s’y invitent aussi. Pour qui, ou pourquoi ? Est-ce qu’il y aurait quelque chose qui aurait échappé au commun des mortels ?
Des crises il y en a eu et il y en aura encore à travers le monde, en Asie, en passant par l’Europe notamment en Ukraine ou l’épineux problème actuel des réfugiés, sur le continent américain et évidemment en Afrique aussi. C’est quoi alors la particularité burundaise ?

La hiérarchie de l’Eglise Catholique vient aussi de sortir des bois par un communiqué très ambigüe mais en lisant entre les lignes on comprend qu’elle invite ses ouailles à en découdre éventuellement avec le pouvoir en place ; l’Eglise qui a rendu populaire les vocables « Sindumuja » je ne suis pas un valet et « Sindimperekeza » je ne suis pas un mouton suiveur, … Rien d’anormal car l’Afrique a connu beaucoup de drames l’esclavage, la colonisation, les guerres, les massacres et j’en passe des verts et des pas mûres, cette institution a toujours adopté une position qui n’allait pas nécessairement dans le sens de l’intérêt des communs des mortels. A méditer.

Pensons à Monseigneur Makarakiza alors Archevêque et à son attitude conciliante envers le régime de Micombero qui ne faisait que bénir les sbires du dictateur pendant qu’ils commettaient le génocide de 1972. Quoi d’anormal ce n’était que de simples « Baja » qu’on était en train d’occire. A ce jour, l’ONU, l’Europe, les experts internationaux étaient et sont encore muets face à ce génocide. Au mois d’avril de cette année on parlera de 44 ans déjà que ce génocide a eu lieu au su et au vu de cette illustre institution. Silence, silence.

De quoi s’agit-il alors au Burundi ? S’agit-il d’une affaire d’influence géostratégique ? S’agit-il des questions relatives à son sous-sol très riche ? S’agit-il d’une nouvelle forme de colonisation avec l’aide d’hommes de paille qui administreraient pour le compte des néocoloniaux ? S’agit-il d’un filon argenté pour ces fonctionnaires internationaux pour se tailler la part du lion sur la juteuse manne internationale en dollars grâce aux missions interminables où ces experts se passent le relais les suivants et les suivis ? S’agit-il d’une déstabilisation qui doit faire tâche dans la région et la sous-région afin de tuer dans l’œuf le bon exemple d’un processus démocratique bien compris par la population bénéficiaire ? S’agit-il d’un essai afin de tester la nouvelle méthodologie globale dans un monde mondialisé ? S’agit-il de tout à la fois ? Des questions rien que des questions et peu de réponse sauf qu’on a affaire à beaucoup de gens sans scrupules.

Le gouvernement burundais devrait évaluer l’apport de ces éminences afin de voir s’il n’y a pas anguille sous roche, si réellement toutes ces délégations s’y précipitent pour le bien des Burundais ou s’il s’agit d’éléments avant-coureur d’une invasion sans précédent. Pour tous les pays qui ont été déstabilisés à travers le monde, ces dernières années (l’Irak, la Lybie, la Syrie, …) et démolis après, ça commence toujours par des délégations de haut niveau qui se rendent sur place font des rapports alarmistes préludes d’actions internationales musclés pour tout raser.

Au préalable, des suppôts triés sur le volet servent d’alibi et se présentent comme étant des opposants opprimés par le régime à démanteler, nourris et blanchis ces derniers alors deviennent zélés pour noircir le régime en place afin de justifier éventuellement les bombardements sans aucune autre forme de procès. Avant on parlera de l’opposition unifiée, de dialogue avec l’opposition impératif et de l’endurcissement du régime en place face aux concessions qu’il faut faire mais qu’il n’accepte pas, du départ préalable du Président en place, du gouvernement d’union nationale à mettre en place, du soutien promis de la communauté internationale si cette étape est franchie, de médiateur, de médiation dans un des pays qui joue le jeu et, in fine, on proclame l’échec du dialogue-négociation, ce qui donne alors le signal pour le début de la casse.

Dans cette évaluation à faire, le gouvernement burundais peut, d’ores et déjà, mettre le curseur sur la ligne de temps et constater s’il se déplace vers la sauvegarde de la souveraineté nationale sans casse ou si malheureusement l’issue favorable est toujours hypothéquée et qu’il faut prendre attitude à la situation avant que l’irréparable ne se commette.

Une chose est sûre, le brouhaha qu’on observe autour de la question burundaise n’est pas normal et ne peut laisser une personne sensée indifférente. Une cabale sans relâche se trame contre le Burundi. La population s’est déjà exprimée qu’elle ne veut pas de ces marâtres qui feignent être animées de sentiments d’amour incommensurable pour le peuple burundais alors qu’en réalité c’est pour bien le détruire.

Tout est déjà compris, les néocoloniaux veulent transformer ce qui n’était qu’une crise virtuelle initiée et entretenue par eux-mêmes en crise réelle, révolution de couleur oblige. Toutefois, l’homme propose et Dieu dispose dit-on, le bien finira par triompher sur le mal. Au Burundi ce qui s’y passe c’est un plan de déstabilisation qui a eu beaucoup de ratés et aujourd’hui, les concepteurs de ce plan cherchent une voie de sortie à défaut de trouver un subterfuge qui leur permettrait de booster les reliquats du mouvement insurrectionnel Sindumuja , Al-muja, CNARED, ADC-Ikibiri et toute la nébuleuse planquée au Rwanda ou en RDC, les infiltrés au Burundi, les réseaux dormants de toutes natures notamment cette prestigieuse institution susmentionnée, ….
Au Burundi il se passe une double crise (interne et externe) qui lui est imposée mais tel le roseau, le Burundi plie mais ne rompt pas.

Ruvyogo Michel