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Kagame est né le 23 octobre 1957 à Gitisi-Nyamagana, Ruhango, dans l’actuelle province du Sud du Rwanda, qui était à l’époque la préfecture de Gitarama.

kagame_20rebel.jpgRutagambwa, le père de Kagame a fui le Rwanda en 1959, lors de la révolution sociale, vers le Burundi. Laissant derrière lui sa femme Astérie Rutagambwa et les enfants. Madame Rutagambwa a quitté le Rwanda vers l’Ouganda avec les enfants, autour des années 1961. Peu de temps après, ils ont rejoint Monsieur Rutagambwa au Burundi, le trouvant dans une situation de dépendance alcoolique. La vie a été très difficile pour la famille, surtout que le père avait un complexe de supériorité tutsie. Son appartenance à l’ethnie tutsie lui avait fait croire que seulement les Hutus devraient travailler pour les Tutsis. Ainsi, Madame Rutagambwa devrait se battre pour survivre et faire vivre sa famille avec les maigres moyens. Elle devrait pourvoir pour toute sa famille. Par conséquent, le jeune Kagame a souffert de malnutrition sévère (kwashi-marasme), au point où sa famille le cachait dans la maison pour qu’il ne soit pas vu par le public. Pire encore, il eut des moments où sa propre grande soeur qui souffre de désordre bipolaire a tenté de jeter le petit Kagame dans le lac Tanganyika, heureusement sans succès. Sans le savoir, la grande soeur tentait d’empêcher le destin du petit Kagame qui sera plus tard, un personnage très important dans l’exécution des missions d’extermination du peuple hutu de la région des grands lacs africains, de l’expansion de l’empire hima, des pillages des ressources naturelles de la région au profit des grands maîtres de ce monde et du viol systématique des femmes bantoues à l’Est de la République démocratique du Congo. (Sur ce dernier sujet, lire :

http://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/january-2007/les-femmes-du-c… et

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/16/dans-l-est-du-congo-les…).

La misère au Burundi a forcé la famille de Kagame à immigrer en Ouganda, au camp de réfugiés de Nakivale. Quelques années après, son père est décédé suite au cancer d’estomac dû à son alcoolisme. Madame Rutagambwa continua, comme d’habitude, à se débrouiller toute seule pour subvenir aux besoins de sa famille. Delà, Kagame tout frustré, a eu la chance de commencer l’école primaire puis l’école secondaire. Comme sa capacité intellectuelle était limitée (probablement suite à la malnutrition sévère de son enfance), il n’a pas pu terminer l’école secondaire. De ce fait, il se dirigea à Kampala où il a dû endurer toute une litanie de conditions de vie extrêmement difficiles – de la prostitution (aux femmes beaucoup plus âgées que lui), de la vente des arachides et des cigarettes, du banditisme sur les rues de Kampala, etc. Il aurait pu poursuivre l’enseignement secondaire (toujours sans succès), dans une école secondaire modique de Kampala. Constatant cet échec cuisant, Kagame est parti en aventure à Nairobi, au Kenya, où il a réussi à se faire embaucher comme convoyeur des matatu (les fameux minibus de Nairobi).

Apprenant que Museveni recrutait pour sa guérilla, Kagame a quitté Nairobi pour joindre Museveni en Tanzanie. Fondateur du Front de salut national, Museveni avait la mission de renverser le pouvoir de Idi Amin Dada. En réalité, la mission était de renverser le régime bantou (similaire au peuple hutu de la région des grands lacs africains) afin de le remplacer par le régime hamite nilotique (similaire au peuple tutsi de la même région). Faisant preuve de bon guerrier, surtout sous l’aspect d’espionnage et de torture, Kagame a pu gagner la confiance et les mérites de Museveni.

Pour le moment, je m’arrête par ici. Dans la partie II, je continuerai avec les relations entre Museveni et Kagame et le recrutement de Kagame par les Anglais et les Américains. Je terminerai en abordant le sujet du partenariat entre le Rwandais Kagame et le Burundais Hussein Radjabu : leur collaboration n’a pas commencé en 2014 mais vers la fin des années 1990.

A suivre…

(Partie I de l’Analyse: Kagame et Museveni ont une même mission, donc, ce dernier ne peut pas être le médiateur dans la crise du Burundi.)

Bruxelles, le 05/01/2016

Ruth V. Bastelaere