Osons dire les choses quand elles vont bien, affirmons-les avec fierté, pour le reste soyons prudents.
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Une journée du 29 juin 2015 mémorable, les élections se sont passées dans le calme et la tranquillité on a déploré quasiment pas d’incident majeur, celle du 20 mai 2020 le sera encore, d’autant plus que, le peuple burundais a compris que se doter d’institutions démocratiques c’est son affaire, et non celle d’étrangers en mal d’aventure de prédation. Le sous-sol burundais est riche, il profitera à ses enfants et éventuellement ceux qui seront en affaires honnêtes avec eux.

Effectivement, les prochaines élections sont à saluer et à savourer d’avance comme il se doit ; car il s’agit d’un grand pas vers la sortie définitive de la crise imposée par les ennemis du peuple burundais. C’est une opinion partagée quand on constate que ceux qui sont contre le droit des peuples à se choisir leurs dirigeants avaient choisi pour le Burundi la voie de la rébellion. Ils ont piétiné et méconnu toute loi quant au déclenchement des manifestations. Ils ont contesté le verdict de la cour constitutionnelle. Ils ont tenté d’enterrer les institutions issues des urnes à travers un putsch. Ils ont essayé d’hypothéquer la souveraineté nationale pour ramener le diktat des Occidentaux. Après ce vote, ils vont probablement tenter de tourner ce choix du peuple en dérision. C’est la population du pays concerné qui donne la légalité d’un scrutin et non les étrangers. Bravo à la population burundaise dans son ensemble.

Des mécontents, il y en aura toujours car on ne peut pas plaire ni satisfaire à tout le monde. Les élections de 2015 avaient sonné le glas pour certains, la journée avait été des plus noires tant ils auraient souhaité voir ce jour ne pas exister. Nous y voilà. Même ceux qui avaient bénéficié des largesses de l’Etat, ce sont eux aujourd’hui qui déclarent qu’ils n’en pouvaient plus. Ils n’en pouvaient plus de quoi ? Ont-ils pensé au petit peuple qui pendant toute cette période où ils étaient au pouvoir (de 2005 à 2015), n’avait que l’espoir d’un monde meilleur et qui continue à travailler d’arrachepied car convaincu que tout résultat est le fruit d’efforts continus.

Les Burundais connaissent le prix de la dictature, car pendant plus de quarante ans ils n’ont fait qu’éponger la facture de la souffrance, des pogroms à répétition (1964-65, 1972, 1988, 1993-) ont émaillé cette gouvernance que les néo-colons pensaient que c’était l’idéal pour les anciens colonisés. Quand aujourd’hui ils parlent de violation des droits de l’homme, il y a de quoi légitimement se poser une multitude de questions, la plus évidente est qu’ils n’auraient rien à faire avec ce concept ? Puisqu’ils l’utilisent et le manipulent le plus souvent, pour des besoins sédatifs.

Aujourd’hui face à de plus en plus d’indifférence à ces actes de barbarie, la justice internationale quant à elle devrait pouvoir apporter sa contribution, cependant la vérité est qu’elle est à géométrie variable et n’agit que quand un grand de ce monde en décide. Il ne faut pas s’y méprendre, les Burundais savent, mesurent à juste titre le poids de l’injustice et n’oublient rien de tout cela. Quarante-huit ans plus tard, nous attirons toujours l’attention sur les suppliciés de 1972. Quarante-huit ans d’attente ; Quarante-huit ans de déni de justice. Malgré le foisonnement d’associations de la société civile qui œuvrent au Burundi, la violation de la dignité humaine semble ne causer point d’insomnie aux criminels. Certains ont déjà pris la poudre d’escampette et se sont momentanément mis à l’abris, du tumulte, en dehors des frontières du Burundi comme le sinistre faux pasteur apostolique Simbananiye ; il risque de s’en aller en enfer avec son secret.

Ces jours-ci, des fosses communes sont exhumées un peu partout dans le pays par la CVR, la vérité n’est plus à cacher et c’est la raison pour laquelle, nous implorons les acteurs clefs ou les témoins oculaires de ces massacres sans nom de nous témoigner ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont fait ou leur rôle précis lors de ce génocide, tant qu’ils respirent encore. S’ils croient en quelque chose, c’est le purgatoire qui aiderait en partie à leur rédemption dans l’au-delà.

Nous avons tous appris qu’en politique et en sociologie, diviser pour régner est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d’un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. L’histoire offre de nombreux exemples dans lesquels cette tactique fut mise en œuvre. Généralement, les disciples de la « Charte Impérialiste » commencent par diviser un pays en morceaux. Ensuite ils suscitent un conflit, apportant leur soutien à une des parties (la plus petite et la plus faible) dans sa lutte contre l’autre. Dresser l’une contre l’autre dans un conflit fratricide, les affaiblir toutes les deux et ensuite soumettre tout le pays à sa mainmise ; voilà la méthode. Ayant compris cela, nous pouvons examiner son application au travers du brouhaha incessant dans le cadre de la situation actuelle au Burundi.

Restons d’avantage vigilant et renforçons sans cesse notre cohésion sociale car c’est la condition, sine qua none, pour bâtir un peuple fort, fier et prospère capable de résister aux coups de boutoir divisionnistes. Tous aux urnes dès le 20 mais 2020.

 

Ruvyogo Michel