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Un retour à l’atelier de consultation sur la Politique Nationale de la Diaspora avec un échantillon de la Diaspora burundaise en Europe du 11 au 12 février 2015 à Bruxelles

Les 11 et 12 février 2015, s’est tenu à Bruxelles, à l’Hôtel THON, rue de la Loi, 75 à 1040 Bruxelles, un atelier sur la Politique Nationale de la Diaspora de la République du Burundi, organisé par le Centre Internationale pour le Développement des Politiques Migratoires (ICMPD) et la Direction générale de l’Inspection diplomatique, de la Diaspora et de la Communication au sein du Ministère des affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République du Burundi.

Cet atelier s’inscrivait dans le cadre du Programme MIEUX²«Migration EU expertises» financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par le Centre Internationale pour le Développement des Politiques Migratoires (ICMPD) et le projet «Mobilisation de la Diaspora pour la Migration et le Développement au Burundi» financé par le Fonds de l’OIM pour le Développement (IDF). Il s’inscrivait par ailleurs dans un projet global d’appui à la République du Burundi en matière de migration et développement ayant pour objectif global de faciliter le dialogue entre le gouvernement du Burundi et sa Diaspora afin de contribuer à l’effort de développement du pays.

Des activités ont déjà eu lieu et ont permis l’identification des principaux acteurs nationaux qui sont impliqués dans le processus d’élaboration de la politique nationale de l’engagement de la diaspora dans l’effort de développement du pays, la mise sur pied d’un comité interministériel chargé de gérer le processus d’élaboration de la politique nationale de la diaspora, l’identification des principales thématiques qui ont été prises en compte dans le cadre la préparation de la nouvelle stratégie politique et, enfin, l’élaboration d’un draft de politique nationale de la Diaspora.

L’atelier de Bruxelles du 11 et 12 février 2015 était donc dans le prolongement logique de ces activités antérieures dont le document «Politique nationale de la Diaspora de la République du Burundi » est l’émanation.

Le mode de constitution de l’échantillon d’organisations ayant participé à cette consultation a fait l’objet de critiques acerbes dans les milieux de la diaspora au point de parler de «Hold-up» sur la représentation de la diaspora burundaise. La réalité est pourtant que ces consultations visaient l’inclusion et la participation à l’élaboration du document de Politique Nationale sur l’engagement de la diaspora en impliquant les représentants de la Diaspora.

Les contraintes budgétaires et de calendrier ont sans nul doute imposé aux organisateurs des choix méthodologiques dans le management du projet, en l’espèce, le choix du nombre et des critères de sélection des participants aux consultations.

Le nombre limité à 10 participants ne pouvait que conduire à un choix aussi limité d’organisations à impliquer dans le processus. Les critères retenus de sélection et d’identification des organisations de la diaspora à impliquer dans les dites consultations, à savoir l’intérêt à contribuer à l’action, le niveau d’organisation, les partenariats existants entre la diaspora et le gouvernement, sont des critères objectivement vérifiables et ne répondent manifestement pas à une volonté délibérée d’exclusion de la quasi-totalité des burundais vivant en Europe, mais plutôt à un souci d’efficacité dans un contexte de moyens limités et d’agenda serré.

Le contexte burundais, avec une sensibilité à fleur de peau, incline néanmoins une communication appropriée pour éviter les malentendus aussi inutiles que funestes pour la cohésion fragile de la diaspora. Dans cette perspective, l’on ne peut que saluer, d’ores et déjà, que dans la continuité des activités prévues au Programme MIEUX , figure un atelier sur la communication avec la Diaspora en vue d’éviter de malheureux malentendus et d’assurer la fluidité de la communication entre la Direction de la diaspora, les représentations diplomatiques des pays hôtes des Burundais de l’étranger et les diverses organisations de la diaspora burundaise. Des écueils en communication conduisent à des lectures malencontreuses des initiatives en faveur de la diaspora et à des réponses de rejet aussi injustifiées que contre-productives.

La présence au cours des travaux d’experts internationalement reconnus, choisis en raison de leur expertise dans l’élaboration de documents de politiques dans le domaine de l’engagement de la diaspora ou ayant une expérience dans l’engagement de la diaspora a permis d’entrevoir l’intérêt d’une méthodologie inclusive et participative qui permet un transfert de connaissances et de compétences pratiques sur la préparation et la mise en œuvre de politique relative à la mobilisation de la diaspora.

Dans cette ligne, il convient de saluer l’excellence des exposés des différents experts qui se sont relayés au cours des différentes sessions et qui ont témoigné d’un souci permanent d’accompagner la diaspora burundaise pour opérer des choix judicieux qui s’appuient sur des expériences réussies ailleurs. Il ne s’agit nullement d’un mimétisme, cet antichambre de la paresse intellectuelle, mais d’une question de pragmatisme. Contrairement à l’idée reçue, chacun ne peut pas avoir une opinion sur tout : il y a des opinions autorisées puisqu’elles s’appuient sur une connaissance approfondie et appropriée du sujet sous examen, d’où l’intérêt des experts.

Le travail mené conjointement avec les experts MIEUX et la Direction de la Diaspora au sein de la Direction générale de l’Inspection de la diplomatie de la Diaspora et de la communication au Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale témoigne de cet effort de renforcement et de transfert des compétences. Le fait d’assurer l’inclusion et la participation d’une représentation de la diaspora, quelle qu’en soit la dimension, est de nature à assurer l’enracinement et la durabilité de l’engagement des hommes et des femmes mobilisés et suffisamment outillés pour faire face à leur responsabilités de leaders.

La question d’une large consultation pour assurer une participation plus étendues, que ne l’a permis la consultation de Bruxelles des 11 et 12 février 2015, n’est pas en soi de nature à discréditer la qualité du travail déjà accompli dans l’élaboration de la politique nationale de la diaspora ou à faire présumer une quelconque volonté de main mise sur la représentation de la Diaspora par quelques individus ou quelques organisations.

La Direction générale de l’Inspection générale, de la Diaspora et de la Communication et de l’ICMPD se sont montrées ouverte à la question d’une large participation, dans les limites bien entendues du possible. C’est dans ce sens qu’il a été souhaité que chacun des participants à l’atelier puisse toucher un large public de notre diaspora pour inviter chaque personne intéressée à lire attentivement le 6ème chapitre du draht de « la Politique Nationale de la Diaspora de la République du Burundi » et à donner les suggestions qu’il juge utiles. En raison de leur pertinence, il a été assuré que ces suggestions seront prises en compte et intégrées dans le document final à l’issue de de la consultation. Le temps est néanmoins compté et il est souhaitable que les contributions parviennent à la Direction de la Diaspora en temps utiles et dans la forme qui suit la méthodologie de rédaction adoptée dans le draft.

La rédaction du site ARIB a eu la délicatesse de mettre à la disposition du public les textes en question dans sa livraison du 10 février 2015 sous le titre « Hold-up sur la représentation de la Diaspora burundaise». Ces textes ne sont plus confidentiels, chacun peut les visiter et se faire une idée «à quelle sauce il va être mangé». La confidentialité dont il est question était sans doute destinée à garantir la sérénité des débats. Leur divulgation avant la tenue des consultations a eu le malencontreux effet d’effaroucher certains invités qui ont vite choisi la stratégie du retrait ou de la chaise vide. Leur présence et leur contribution aux débats auraient été appréciable.

Le chapitre 6 du document de «La Politique Nationale de la Diaspora» porte effectivement sur les actions à mener qui requièrent l’adhésion de la diaspora. Rien n’interdit d’élaguer les huit axes prioritaires qui ont été proposés, ni de les élargir de manière à prendre en compte des aspects qui n’y figurent pas mais qui tiennent à cœur une large majorité de la diaspora. Un des aspects qui continuent à cristalliser les esprits est celui de la représentation de la Diaspora. Le Mali avec ses cadres de concertation, impliquant la diaspora, constitue un exemple à suivre en vue de surmonter les dichotomies ou clivages qui traversent notre diaspora et arriver à des groupements fédérateurs.

La logique « de tout ou rien » n’aboutit pas et il ne se justifie pas d’absolutiser l’idée de Ghandi selon laquelle «Tout ce vous faites pour moi sans moi, vous le faite contre moi», surtout quand celle-ci porte à voir partout des complots ourdis contre les intérêts de la diaspora. Ayant nous-mêmes attrapé le processus en cours, nous n’insisterons jamais assez sur la nécessité à l’avenir d’une bonne communication. Néanmoins, la lecture sans à priori du draft qui a été proposé à la consultation montre plutôt des propositions très généreuses, qui sont même susceptibles de susciter un réflexe de rejet car interprétables par une frange de l’opinion de la diaspora comme ouvrant la boîte de pandore sur des revendications politiques. C’est à juste titre qu’un des experts présents lors de la consultation a suggéré avec sagesse d’user de la stratégie des «Petits pas » pour éviter de heurter la susceptibilité des uns et des autres.

Mais nous sommes de ceux qui sont confiants en l’avenir : « Imbrere ni heza ». Et c’est avec un esprit positif que nous exhortons chaque membre de la Diaspora de s’approprier ces pages du 6ème chapitre du draft de la politique nationale de la diaspora et de soumettre, dans un esprit constructif, les propositions qui lui tienne à cœur.

Fait à Bruxelles le 16 février 2015

Pour TERRE NEUVE

Jean Marie NDUWAMUNGU