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COMMUNIQUE DE PRESSE
1. Son Excellence Monsieur Laurent KAVAKURE, Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale a effectué une mission de travail à Paris, en France du 24 au 25 mars 2015.

2. Cette visite s’inscrivait dans le prolongement des relations de proximité entretenues entre la France et le Burundi.

3. Avec les autorités françaises rencontrées, les deux parties se sont félicitées de leur proximité politique sur des questions d’intérêt commun.

4. A cet égard, elles se sont réjouies de la convergence de vues et de l’action commune en matière de lutte contre le terrorisme. L’engagement des deux pays dans les différentes missions internationales de paix dans le monde, en particulier en Somalie, au Mali et en République Centrafricaine en est la meilleure illustration. Elles ont exprimé leur ferme volonté de maintenir et de renforcer un contact étroit et permanent en vue de parvenir à une paix durable dans ces pays.

5. La partie burundaise a exprimé les besoins en équipements militaires pour les troupes burundaises à l’AMISOM. La partie française a reconnu la nécessité de rendre l’AMISOM plus efficace et a accepté d’en discuter avec les autres partenaires au sein de l’Union Européenne.

6. La partie burundaise a également tenu à vérifier l’information faisant état d’une démarche du Gouvernement français au sein de l’Union Européenne recommandant la diminution des allocations financières à l’AMISOM au profit de la lutte contre Boko Haram. En tant que pays contributeur de troupes, le Burundi plaide pour le maintien de cet appui parce que même si le mouvement Al Shabab a été fortement déstabilisé, il garde une certaine capacité de nuire et de provoquer un nouvel embrasement en Somalie avec des répercussions évidentes dans la région.

7. La partie française a informé que sa démarche consiste à poursuivre les appuis à l’AMISOM mais sans empêcher des initiatives importantes sur Boko Haram. Elle a noté que l’Union Européenne envisage une stratégie de sortie de la Somalie étant donné que la situation s’est beaucoup améliorée et que les moyens consentis deviennent de plus en plus importants (300 millions € par an). Cette enveloppe est grevée sur les allocations du Fonds Européen de Développement et c’est donc malheureusement les actions de développement dans les pays partenaires qui en subissent les coups.

8. Mais il faudra pour cela régler entre autres la question de la mise en place progressive d’une armée somalienne forte capable de poursuivre la tâche ardue de défense du pays. Compte tenu de l’expérience accumulée sur le terrain somalien, la partie burundaise est d’avis que le Burundi pourrait assumer avec compétence les responsabilités de formation de l’armée somalienne si cette tâche lui était confiée.

9. S’agissant de la RCA, la partie française a indiqué que le travail de la MINUSCA se réalise convenablement mais que la question du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion des combattants se pose aujourd’hui. Elle s’inquiète par ailleurs de l’initiative en cours à Nairobi pour réinjecter dans la vie politique de leur pays les anciens dirigeants centrafricains qui sont pourtant poursuivis par la justice.

10. L’évolution de la situation politique au Burundi dominée par le processus devant conduire le pays aux élections générales de cette année 2015 a fait l’objet d’échanges. La partie française a exprimé le souhait que ces élections se déroulent dans de bonnes conditions dans l’intérêt de la démocratie et de la paix. Le Burundi a été un bon exemple pour son processus de paix réussi ; il serait de bon ton qu’il le demeure car la région en tirerait aussi profit. Elle a cherché à savoir les contours exacts des informations actuelles sur le troisième mandat présidentiel.

11. La partie burundaise a rassuré sur la ferme détermination du Gouvernement burundais à organiser des élections libres, transparentes et inclusives dans la paix et dans la sécurité. A cette fin, un cadre de dialogue et de concertation avec les partis politiques, les autres acteurs politiques et la société civile a été institué. Plusieurs ateliers ont été organisés et ont contribué à trouver des solutions concertées aux problèmes qui surgissaient en cours de route. S’agissant du troisième mandat, la partie burundaise a expliqué qu’il s’agit plutôt d’une spéculation politicienne car ni SEM. le Président de la République, ni son parti politique n’ont à ce jour déclaré une candidature pour un autre mandat. La question est donc prématurément posée.

12. Au niveau de la coopération bilatérale, la partie burundaise a salué la solidarité de la France qui a placé le Burundi dans la liste des 16 pays pauvres prioritaires de sa concentration d’aide ; de même que la qualité générale du dialogue et du partenariat qui existe entre les différents acteurs sectoriels.

13. Elle a apprécié le niveau actuel de mise en œuvre du Document-cadre sur les orientations de la coopération au développement pour la période 2013-2015, conformément au constat de la Commission bilatérale de suivi en date du 19 juin 2014 et du Comité restreint de suivi en date du 13 mars 2015.

14. Etant donné que le Document-cadre 2013-2015 a pris fin à la date de sa signature, le 11 mars 2015, la partie burundaise a demandé la prolongation de la validité dudit Document-cadre en vue de permettre la finalisation des actions convenues. La partie française a assuré que la France poursuivra sur la même lancée en vue de terminer le travail entamé.

15. S’agissant de l’avenir de la coopération bilatérale, la partie française a informé qu’avec la programmation conjointe au niveau de l’Union Européenne, la France ne conclura plus de Documents-cadres avec les pays partenaires. Elle compte travailler au sein de l’Union Européenne en vue de définir ensemble les actions de coopération avec ces partenaires.

16. L’Agence Française de Développement (AFD) a réitéré sa volonté de poursuivre son appui dans le secteur de l’éducation. Dans ce cadre, l’AFD a demandé au Gouvernement du Burundi de l’accepter en tant qu’entité de gestion et de supervision de la seconde tranche de 25,8 millions $ à verser à partir de 2017 au Fonds Commun de l’Education par le Partenariat Mondial de l’Education. Une suite appropriée lui sera transmise dès que possible.

17. L’AFD compte également renforcer son partenariat avec la BRB en vue de développer davantage sa crédibilité pour faciliter son insertion dans le système bancaire international. C’est en même temps un moyen d’attractivité des investissements étrangers dans le pays. Il faut également développer des outils de communication pour le secteur productif. Une conférence pourrait par exemple être organisée à l’intention des banques du Burundi.

18. Au sujet du problème démographique au Burundi qui risque dans l’avenir d’anéantir les efforts de développement, la partie burundaise et l’AFD se sont convenues de mener ensemble des actions visant à mener une réflexion approfondie sur ce problème. Il faut en effet voir ce qui est envisageable, ce qui est politiquement acceptable et inventorier tous les intervenants en la matière. Une réflexion serait ainsi lancée à travers l’organisation d’un atelier.

19. Pour ce qui est du secteur de l’énergie, l’AFD a décidé de participer à la réalisation du projet Ruzizi III dont une architecture financière est en cours de montage.

20. Au cours de son séjour à Paris, SEM. le Ministre a également effectué une visite au siège de l’Organisation Internationale de la Francophonie où il a rencontré le Directeur de Cabinet de Madame la Secrétaire Générale, en mission à l’étranger. A cette occasion, SEM. le Ministre a de nouveau exprimé les félicitations de SEM. le Président de la République du Burundi à Madame Michaelle JEAN pour sa récente élection et lui a assuré sa franche collaboration.

21. Les deux personnalités ont ensuite abordé les questions de coopération entre le Burundi et l’OIF, notamment la mise en œuvre du Pacte linguistique pour lequel un Comité national de Pilotage a été nommé et le Décret de nomination remis ce jour au Directeur de Cabinet et pour lequel un appui technique a été sollicité, l’appui politique et diplomatique de l’OIF au processus électoral concernant en particulier une mission d’observation électorale et un nouveau geste financier et enfin une attention particulière au Burundi en cas de disponibilité de postes à l’OIF en tenant compte de ses spécificités par rapport aux autres pays africains. Le Chef de Cabinet s’est engagé à soumettre ces requêtes à la Secrétaire Générale pour analyse.