« L’incitation à la violence via les réseaux sociaux entraîne des divisions »
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Les réseaux sociaux sont devenus les supports privilégiés par les auteurs de messages de haine ethnique, d’incitation violence, etc. Sylvestre Ntibantunganya, ancien président de la République, appelle les organes habilités à agir pour prévenir l’irréparable.

Appelé à s’exprimer, Sylvestre Ntibantunganya, ancien président du Burundi, constate que ceux qui véhiculent des messages d’appel à la violence via les réseaux sociaux poursuivent leurs intérêts égoïstes : « Le Burundi se trouve dans un processus électoral qui, bien sûr, est à son aboutissement. De tels comportements sont conçus à cause des questions d’ordre électoral avec une ambition de mobiliser des voix ou alors bien organiser leur défense contre leurs adversaires. Ces gens cherchent à s’appuyer sur des tendances ethniques et politiques pour avoir des soutiens. C’est aussi une action d’expression de déconsidération, le dénigrement.»

Au cours du processus électoral en cours, des messages audios déversant violence et haine de l’autre ont enflammé la Toile. Certains auteurs basés au Burundi ou à l’étranger ont trouvé un terrain d’expression pour des attaques mutuelles en instrumentalisant le clivage ethnique. Certains leaders politiques et religieux ont été pris à partie dans des messages partagés des centaines de fois sur les réseaux sociaux WhatsApp, Facebook et Tweeter.

Le président Ntibantunganya fait savoir que cette situation peut provoquer la méfiance entre les composantes de la société et semer des divisions entre les citoyens. « Personnellement j’aime rappeler qu’il serait fou celui qui veut nous ramener dans les tragédies que nous avons vécues. Si ces stratégies de division sont conçues, c’est tout le Burundi qui perd. Ces gens se rappellent-ils ce que le Burundi a perdu en 1972 ? Les statistiques données parlent de 200 à 300 mille personnes, toutes les composantes ethniques confondues. En 1993, il y a eu des assassinats et violences qui ont coûté la vie à plus de 350 mille personnes ». Et de déplorer : « Certains Burundais ne savent pas encore tirer des leçons de notre sombre histoire.»

Prévenir le pays de ce cercle vicieux

Selon cet ancien président, la notoriété de l’auteur du message d’incitation à la violence influe sur les conséquences qu’il peut engendre. « Il y a des leaders dans toute société considérés comme une référence et qui peuvent entraîner beaucoup d’opinions derrière eux, plus qu’un citoyen lambda. Evidemment, s’ils sont colportés, pensés par des leaders, il y a une gravité extrême ».

Pour éviter que le pays ne retombe dans un cercle vicieux de violence, M. Ntibantunganya appelle les organes habilités à la vigilance pour combattre tout message de nature à semer la zizanie entre les citoyens. Les institutions judiciaires sont appelées à punir sévèrement les auteurs de ces messages pour décourager ce comportement combien dangereux.

Il invite les usagers des réseaux sociaux à éviter de propager des messages d’incitation à la haine et à la violence. Il les appelle à l’utilisation responsable de ce canal de communication important à l’ère du numérique. La population, quant à elle, doit éviter de se laisser emporter par ces manipulations propagées sur les réseaux sociaux.

 Jérémie Misago (Iwacu)