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Le gouvernement burundais réagit à la mise en garde de l’ONU

Après le communiqué conjoint, lundi, de l’ONU, de l’Union africaine, des États-Unis et de l’Union européenne, qui se sont dit «préoccupés» par les restrictions aux libertés politiques et civiles au Burundi, les autorités burundaises tentent de minimiser la portée de la mise en garde.

Dans la perspective des élections générales de 2015, les envoyés spéciaux de l’ONU, de l’Union africaine, des États-Unis et de l’Union européenne ont effectué un séjour au Burundi, durant lequel ils ont rencontré l’ensemble des acteurs, à commencer par le président Pierre Nkurunziza (photo).

Suite à leur communiqué de lundi, dans lequel ils se disent « préoccupés » par les restrictions aux libertés politiques et civiles, le pouvoir burundais tente de faire bonne figure.

Les autorités burundaises ne s’en cachent pas : le communiqué des quatre envoyés spéciaux les a surpris par sa dureté. Mais passés les premiers moments de surprise, elles ont réagi en tenant de minimiser la portée de cette mise en garde.

Les accusations de restriction de l’espace politique et des libertés civiles ? Le porte-parole adjoint du président burundais les a balayées du revers de la main, en assurant que les libertés civiles et politiques étaient respectées dans le pays, dans le cadre de la loi : « S’il y a un pays où les libertés publiques, la liberté d’expression est vraiment une réalité, c’est le Burundi. Ils ne devraient s’inquiéter outre mesure, il y a ici une question de respect de la loi, tout simplement », a affirmé Gervais Abayeho.

L’opposition burundaise, qui dénonce depuis des années ce qu’elle qualifie de « dérive dictatoriale » du pouvoir de Pierre Nkurunziza, jubile : elle a enfin le sentiment d’être entendue. Elle espère que cette prise de position de la communauté internationale pourra amener le gouvernement à desserrer l’étau. Le porte-parole de l’ADC-Ikibiri, la principale coalition d’opposition au Burundi, Chauvineau Mugwengezo espère que « ce message ira tout droit dans l’oreille du président de la République [qui comprendra] que ces gens-là, ce n’est pas n’importe qui, qu’ils représentent la communauté internationale dans son entièreté, et qu’il doit prendre à bras-le-corps toutes les recommandations qui lui sont faites [par eux] ».

La communauté internationale – qui va financer à plus de 80% les élections générales de 2015 au Burundi – détient là, de l’avis de nombreux observateurs, « un formidable levier » pour amener Bujumbura à de meilleurs sentiments.