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Le Burundi envisage de mettre en place une banque de données sur les VBG (Violences Basées sur le Genre), pour se doter d’outils mis à jour en termes d’évaluation de l’impact de sa politique relative au combat contre ce fléau, a déclaré mardi Martin Nivyabandi, ministre burundais du Genre, des Droits de la Personne Humaine et des Affaires Sociales.

Le ministre Nivyabandi, lors d’un point de presse à l’occasion du lancement de la campagne de vulgarisation d’une loi portant prévention, protection des victimes et répression des VBG au Burundi, a souligné que le gouvernement veut “opérer une rupture avec un passé non glorieux” où des lois en restaient à l’état de promulgation avec pour effet pervers leur ignorance par les citoyens sur lesquels elles sont censées s’appliquer.

“Nous travaillons sur un état des lieux actualisé avec des statistiques sans cesse mises à jour grâce à nos structures décentralisées en province couplées des rapports de l’administration territoriale à la base où la mention VBG est toujours omniprésente. A ce jour, nous sommes en train de penser au niveau de notre ministère que les statistiques en train d’être collectées servent de base pour la mise en place d’une banque de données sur les VBG au Burundi”, a précisé le ministre burundais du Genre.

Le ministre Nivyabandi a souligné qu’au plan international, le Burundi appuie sa politique sur l’éradication des VBG sur certaines conventions internationales dont la “Déclaration de Kampala”(Ouganda) du 24 novembre 2012 par les chefs d’Etat des pays membres les chefs d’Etat de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL), avec pour focus la promotion de la lutte contre les auteurs des VBG.

M. Nivyabandi s’est dit heureux de constater que neuf mois après la promulgation de cette loi sur les VBG au Burundi, le gouvernement burundais commence à “cueillir les fruits” au vu de l’impact déjà produit par ce dispositif législatif dans les différents ministères particulièrement “en termes de dénonciation des auteurs et de réponse sous forme d’engouement et d’enthousiasme à combattre ce fléau que sont les VBG”.
Il a reconnu cependant que la problématique “d’arrangement à l’amiable” à l’ombre entre les bourreaux et les victimes des VBG au Burundi, a déjà causé beaucoup de tort à ces dernières à travers le pays.

“Nous avons en effet déjà vu qu’en cas de VGB commises, la tendance entre les auteurs et les victimes était de conclure des arrangements à l’amiable sous l’impulsion de la communauté voulant en réserver une suite comme une simple affaire banale. Néanmoins, muni de la force répressive de cette loi, le gouvernement promet d’user de fermeté pour faire punir l’initiateur de l’arrangement à l’amiable avec la même rigueur à celle appliquée pour l’auteur des VBG”, a-t-il annoncé.

Le ministre a reconnu avoir déjà enregistré des “lamentations” comme quoi l’un ou l’autre auteur des VBG a bénéficié d’un traitement de faveur à travers une rapide sortie de prison en dépit de la gravité du forfait commis.

De son côté, Aline Rivuzumwami, chargée du programme VBG à la représentation d’ONUFEMMES au Burundi, a indiqué que pour cette agence du système des Nations Unies, le défi “le plus important” à relever au Burundi vis-à-vis des VBG, est l’impunité des auteurs de tels crimes.

La non application et la méconnaissance des lois répressives (dont le code pénal en vigueur d’avril 2009) par les communautés et les agents de l’appareil judiciaire burundais dont les juges, sont d’autres défis “non moins importants”, a-t-elle ajouté.
“Si les juges maîtrisaient la loi et appliquaient strictement celle-ci, je pense que cela créerait un effet dissuasif chez des auteurs potentiels pour rééditer la commission de tels forfaits”, a-t-elle insisté.

Pour avancer dans ce processus d’éradication des VBG au Burundi, Mme Rivuzumwami a indiqué que l’ONUFEMMES encourage l’application “rigoureuse” des instruments juridiques. Au cœur de la problématique d’impunité sur les VBG au Burundi, a-t-elle insisté, se cache des “cas d’arrangement à l’amiable au sein des communautés, et de corruption qui se commettent même à des hauts niveaux pour orienter les procès ad hoc”.

Pour ONUFEMMES, au Burundi, ce sont les femmes burundaises, qui représentent 52% de la population globale, qui sont les principales victimes des VBG dans le pays pour 95% des cas enregistrés.

Mme Rivuzumwami a noté que les dernières statiques sur les VBG datant de 2015 au Burundi, font état de plus de 10.000 victimes en la matière répertoriées sur l’ensemble des 18 provinces du pays.

Xinhua