La force des dictons ou la sagesse de l’expérience d’une tranche de vie, quid au Burundi ?
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La vie n’est pas un fleuve tranquille et moins encore en politique. Souvent une antivaleur comme la trahison peut ruiner tout un cheminement, compromettre ce qui est et qui était, voire annihiler un aboutissement heureux d’une vie pour sombrer dans l’abîme abyssal. Qu’est-ce que trahir ?

Qu’elle soit économique, politique ou sociale, la trahison ne cesse de hanter notre imaginaire politique et d’alimenter notre actualité médiatique. Périodiquement, le même scénario se répète, avec la rigueur et la nécessité d’une intrigue tragique : celui que l’on croyait fidèle, que l’on avait admis dans son cercle, à qui l’on avait fait don de sa confiance et de son amitié, révèle soudain sa duplicité. Dans la dramaturgie qui préside au destin des traîtres, cette révélation de la vérité joue un rôle central. Pour que le coup frappe avec force, elle doit être brutale, démesurée, n’avoir été préparée par aucun signe avant-coureur.

La communauté paraît alors plongée dans le désarroi : la sincérité des liens qui nous unissent aux autres devient douteuse. Tout ami se transforme en un suspect potentiel. L’importance qu’a prise la trahison politique dans nos représentations ne doit pourtant pas nous leurrer : si la trahison s’impose à nous avec tant de puissance, c’est que son ressort primordial est intime. Un adversaire politique devient un traître quand ses actions ne contreviennent plus seulement aux mœurs de la vie publique, mais aux lois de la morale, et aux exigences des relations affectives. C’est à cette condition que les actions du rebelle, du concurrent ou du renégat prennent un tour personnel, et nous frappent au cœur de nos sentiments et de nos attachements.

Que sont les traîtres, sinon des infidèles ? Entre les membres qui composent le couple ou le groupe s’était créé un espace de confiance et de transparence. L’expérience vécue, le temps passé, les secrets partagés avaient fondé une intimité où s’était esquissé l’espace d’une communauté. Mais voilà qu’intervient le tiers, sans qui nulle trahison n’est possible. L’élément extérieur. Le tentateur. Soudain, les frontières de l’intime sont violées, les secrets divulgués, les serments bafoués.

Les liens qui ne devaient nous unir qu’à l’autre se voient attaqués et comme invalidés d’être ainsi partagés avec l’étranger. Commence alors le travail de la suspicion : si celui-ci nous a trahis, pourquoi croire en la sincérité des autres ? Ne sommes-nous pas les dupes de tous ceux qui nous entourent ? Et si l’autre nous a trahis en telle circonstance, toute la relation qui nous unit n’est-elle pas de l’ordre du mensonge ? Nous qui exigeons de la fidélité qu’elle soit absolue, ou ne soit pas, nous ne pouvons concevoir de trahison localisée.

Car qui peut croire à la vérité des serments et des marques de fidélité, quand nos alliés les plus sûrs deviennent en un jour nos ennemis jurés, quand nous risquons à tout moment, en échangeant avec les autres, de travailler à notre propre perte ? Plus profondément, la trahison remet en cause la valeur et le fondement même des liens qui nous attachent à autrui; en échappant à notre emprise, le traître nous lance une question fondamentale, qui résonne comme un défi : quelle légitimité avons-nous à exiger de l’autre la fidélité ? Quels fondements avons-nous de croire que ceux qui marchent aujourd’hui à nos côtés ne choisiront pas demain des chemins de traverse ? Au sein des sociétés démocratiques, ce problème se pose avec une acuité redoublée : puisque notre condition politique n’est plus fondée sur des rapports d’allégeance, qui nous garantira la constance de nos partenaires ? Quelle puissance les empêchera de renverser en toute liberté leurs affiliations et leurs alliances ?

Mais un nouveau dicton vient de faire le Buzz intraduisible sans le trahir « Inkoko mu guhona zicudika n’ibisiga » ou en Français « qui s’y frotte s’y pique » ou « L’amitié des faux amis est comme l’ombre d’un buisson, elle disparaît bien vite. » ou « La fausse amitié te couvre de ses ailes, et te déchire du bec. ».

L’année touche à sa fin, je vous souhaite de passer d’agréables moments de Noël et de bonnes fêtes de fin d’année 2019 et que l’année 2020 soit celle de tous les succès. Puisse le très haut vous préserver des faux amis mais vous comble de ses nombreux bienfaits.

Ruvyogo Michel.