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Willy Nyamitwe et Édouard Nduwimana viennent de séjourner à Bruxelles pour expliquer la situation sur terrain. Images à l’appui, ils ont démontré la violence des manifestants: personnes brûlées sous le supplice du collier à Nyakabiga; des véhicules brûlés à Kanyosha, Kinindo, Cibitoke et Ngagara; des maisons incendiées à Bujumbura, Mukike, Mugamba et Mugongo Manga; des policiers tués et d’autres grièvement blessés; un ressortissant de la RDC tué; un ressortissant ougandais torturé; un ressortissant franco-burundais torturé; des enfants empêchés d’aller à l’école et des quartiers pris en otage par des manifestants détruisant ou barricadant des axes routiers. Les images ont été montrées aux autorités belges et à certains parlementaires européens. Tout le monde de tombait des nues.

Certains hommes politiques belges se sont posé, à haute voix, la question de savoir pourquoi leur ambassade à Bujumbura a caché cette vérité. Sur le plateau de la RTBF, Willy Nyamitwe a rejeté les propos de Pancrace Cimpaye voulant dire que le gouvernement considère la crise comme ethnique. Willy Nyamitwe a souligné que parmi les manifestants violents qui disent être contre la candidature de Nkurunziza, se trouvent des Hutus comme des Tutsis. Idem pour la foule incommensurable qui soutient la décision du parti CNDD-FDD d’avoir Nkurunziza comme candidat: des Hutus comme des Tutsis. Willy Nyamitwe a pris les journalistes et les téléspectateurs à temoin: ” une certaine opinion au Burundi et à l’étranger a diabolisé les jeunes Imbonerakure comme une milice. Elle a tenté en vain de l’assimiler aux Interahamwe de triste mémoire. Elle a tenté de faire croire que le gouvernement collabore avec les FDLR. Sans succès. Qu’est – ce que nous constatons dans les quartiers où se déroulent les manifestations? Des jeunes armés de fusils, de grenades, de cocktails Molotov et de lance- pierres! Ils sèment la terreur et la désolation. La police est obligée d’utiliser des moyens forts pour venir à bout de l’insurrection. Ce n’est pas une manifestation pacifique mais des violences barbares.”

Devant les preuves fournies par la délégation burundaise, un groupe de Burundais a cru noyer l’offensive en organisant une manifestation devant un hôtel où il croyait trouver Willy Nyamitwe et le ministre Nduwimana. Loupé! Ils n’étaient pas à l’hôtel Plaza de Bruxelles mais au Sofitel! Camouflet et honte. Mais le groupe s’est rendu au Sofitel. Les autorités belges qui ont reçu des preuves du caractère violent des manifestations se faisaient violence pour ne pas signifier ouvertement au petit groupe de manifestants de ne plus se donner en spectacle! Un dialogue s’est installé entre le gouvernement belge et certains députés européens ont critiqué la position de David Martin, chef de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne pour avoir menti sciemment.

On doit noter que le cynisme des organisateurs de l’insurrection revient en force. D’aucuns tentent maintenant de dire que les images des manifestants violents et des dégâts humains et matériels présentées par la délégation gouvernementale sont plutôt des Imbonerakure! Mais quand les autorités belges dénoncent le cynisme, les divergences entre le groupe hétéroclite qui a appelé à la paralysie de la capitale éclatent au grand jour. Du côté des partisans de la société civile, ils attribuent les violences aux partisans de Rwasa Agathon! Et pourtant, les manifestants arrêtés en possession des armes à feu (fusils et grenades) étaient plutôt des militants du MSD d’Alexis Sinduhije!

Et un détail important: les manifestations se sont déroulées dans les quartiers considérés comme le fief des militants du MSD, à en croire les résultats des élections de 2010! Des jeunes qui rentrent du Rwanda et abandonnent le mouvement insurrectionnel, dénoncent également un plan de guerre ou de troubles à grande échelle qui a été élaboré par Sinduhije. Ils racontent d’ailleurs que la vie au Rwanda est devenue un cauchemar pour les réfugiés burundais qui sont surveillés et empêchés parfois violemment de rentrer. Le gouvernement du Burundi devrait dénoncer ces mauvais traitements contre ses ressortissants.

Mais c’est du côté de Johannesburg que viennent des informations très intéressantes pour le gouvernement du Burundi. La réunion ministérielle qui précède le sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine s’est terminée hier en recommandant d’appuyer les décisions prises par le sommet des chefs d’Etat de l’EAC à Dar es salaam. Aucun autre report des élections n’est envisagé. Au contraire, il a été demandé à la présidente de la commission de l’Union Africaine de proposer sans délais un autre médiateur. La réunion a recommandé de tenir les élections pour éviter un vide institutionnel et tout en poursuivant le dialogue. Le ministre Alain Aimé Nyamitwe qui représente le président Nkurunziza a su jouer avec ses relations au sein de l’Union Africaine. On rappelle qu’avant sa nomination comme chef de la diplomatie, il était ambassadeur à Addis-Abeba! L’on doit se féliciter de l’appui sans faille exprimé par le ministre rwandais Mushikiwabo aux décisions prises à Dar es salaam. Les chefs d’Etat vont approuver les recommandations des ministres. Une délégation des ministres de l’EAC est attendue à Bujumbura de même qu’un sommet des chefs d’Etat de l’EAC va se tenir dans les jours à venir.

Jean Minani qui a fait le déplacement de Johannesburg n’a pas pu accéder au lieu où se tiennent les travaux. Il en est de même de Kadja Nin. Car la police Sud Africaine a des consignes strictes de contrôle des badges. Sonia Rolley de RFI s’est plaint sur sa page Twitter des conditions musclées quant à l’accès au sommet. Même certains délégués n’auraient pas pu passer dans les mailles du filet.

Il faut signaler qu’avant la visite de Willy Nyamitwe et Édouard Nduwimana en Belgique, Joseph Ntakarutimana ( Vice président du CNDD-FDD) et Jérôme Nzokirantevye (DG de la RTNB) venaient également de séjourner en Belgique. D’autres émissaires sont dépêches dans certaines capitales africaines. Au niveau de New York, l’ambassadeur Albert Shingiro multiplie les rencontres avec ses homologues. Nous avons eu écho de ses échanges avec son homologue du Brésil. Un soutien total à la décision de la cour constitutionnelle et au nouveau calendrier des élections. Même son de cloche du côté de l’Inde.

Si l’offensive diplomatique porte des fruits à l’étranger. Le gouvernement déploie plutôt plus d’efforts pour faire échouer les plans macabres de ceux qui ne veulent pas que les élections se déroulent en paix. L’on signale qu’après la France et la Belgique qui ont fait venir des armes sous prétexte de protéger leurs ambassades, une grande cargaison d’armes et de munitions est toujours bloquée à l’aéroport de Bujumbura. Elle appartient aux USA qui refusent que les autorités burundaises vérifient le contenu. Or, les experts burundais ont déjà découvert qu’il s’agit d’armes. Dans la note verbale de l’ambassadeur des USA au gouvernement du Burundi, il parle de simple colis diplomatique. Mais puisque le Burundi traverse une crise et que les USA n’ont jamais caché leur mépris des institutions burundaises notamment la cour constitutionnelle, le gouvernement du Burundi est fondé à invoquer cette perte de confiance et à vérifier le contenu des colis trop volumineux pour être une valise diplomatique. En cas de désaccord, les USA menacent de renvoyer la cargaison et des représailles. L’affaire serait portée auprès du président Nkurunziza. Et le Burundi a déjà un précédent: la Belgique et la France ont accepté d’ouvrir les cargaisons. Il doit en être de même pour les Américains. Pas de politique de deux poids, deux mesures.

De toute façon, l’isolement que les Occidentaux brandissent contre le Burundi ne tient point la route. Le groupe du BRICS, l’EAC et l’Union Africaine soutiennent la souveraineté du Burundi. Les relations internationales n’ont plus Bruxelles, Paris ou Washington comme épicentre du cyclone qui, quelques années en arrière, balayait Saddam Hussein et Kadhaffi dans indifférence des pays arabes, des BRICS et de l’Union Africaine. Le Burundi sait que les vraies menaces à la paix, ce ne sont pas les manifestants et encore moins les Pacifique Nininahazwe et compagnies, mais bel et bien les puissances hégémoniques de l’Occident. Il doit garder à l’esprit que la résistance doit être sans faille: avec le vote au parlement qui a permis de compléter la CENI, Nkurunziza a marqué un point magistral au niveau interne. Le bon déroulement des élections fermera le bec de biens des oiseaux de mauvais augures de l’intérieur comme de l’étranger. La lutte continue.

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