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Homélie du vendredi saint de l’abbé Hermenegilde Coyitungiye : « ku warutari : L’Autel » s’est transformée encore une fois en une tribune politique malsaine !

Dans le traditionnel message Urbi et Orbi pascal, le Patron de l’Eglise catholique au monde – y compris le Burundi- a eu une pensée particulière pour les peuples syriens et congolais.

A-t-il omis le peuple burundais qui, aux dires de l’abbé Hermenegilde Coyitungiye, le Burundi serait à feux et à sang ! Le peuple n’aurait plus le droit de pleurer ses morts. Le cynisme des autorités serait à son apogée. La vie humaine n’aurait plus de valeur.

Ce dernier a tenu à le lui rappeler !

Sur les réseaux sociaux, organes d’expression des pro- et anti-pouvoir au Burundi n’ont pas tardé à réagir à ses propos. Des éloges pour les uns. Des questionnements quant aux réelles motivations de ce curé pour les autres.

Aux propos de ce prélat, les « bonnes » ou « mauvaises » langues (selon) n’ont pas hésité à faire un lien avec une certaine dynamique migratoire qui s’observerait au sein de sa congrégation de la Sanctuaire marial de Schoenstatt Mont Sion à Gikungu, Bujumbura/Burundi. Et de conclure, exemples à l’appui, que finalement, son homélie s’inscrirait dans cette logique migratoire c’est-à-dire : « je provoque/j’accuse le pouvoir, il réagit et donc je suis menacé et j’embarque pour l’Europe sur les traces de mes compères, pères Déogratias Mahungiro, Evode Bigirimana, Anicet Nyandwi ».

Ces derniers auraient déjà gagné l’Occident….Histoire à suivre mais deux jours plus tard ces mêmes réseaux lancent les premières alertes en affirmant par exemple qu’ « après son sermon touchant dénonçant les crimes au Burundi, abbé Hermenegilde (est) menacé d’assassinat ». Le ton est donné !

L’attitude de cet abbé interpelle, non pas sur son homélie qui reste du registre du déjà vu et entendu dans certains milieux qui combat le pouvoir en place au Burundi, mais surtout elle interpelle par rapport aux différentes prises de position de l’Eglise catholique dans les différentes crises que le Burundi a connu. Trois illustrations significatives (pour dire que d’autres faits ici et là, ont été observé):

En 1973, « la justice est possible, la paix aussi ».

Dans leur lettre pastorale publiée en 1973 par exemple, les évêques du Burundi affirmaient à qui voulait les entendre que « la justice est possible, la paix aussi ».

Nous sommes au lendemain des pires massacres aux allures génocidaires de 1972 où 300’000 ennemis de la Nation ( selon la version officielle) ont été massacrés et où même les églises ne furent pas épargnées car les pasteurs, les prêtres, les religieux et les religieuses furent recherchés et tués par dizaines, voir par centaines.

La paix et la justice sont toujours possibles ! Mais après 300’000 morts, de quelle paix et de quelle justice s’agissaient-elles, la paix des morts et la justice de Dieu ?

L’histoire nous le dira peut-être mais treize ans plus tard, une nouvelle réflexion s’invite dans le débat.

En 1986, « vivre ensemble ».

Sous la conduite de la même Eglise, avec feu Mgr Bududira Bernard à la tête, des conclusions d’une réflexion sur le thème « vivre ensemble » animent les conversations dans ce Burundi

Des éloges fusent de partout mais ce « vivre ensemble », se transformera rapidement en cauchemar. Deux ans plus tard, c’est l’hécatombe avec les massacres de Ntega et Marangara où plus de 50’000 citoyens de ce monde appelé à « vivre ensemble » périront sous les balles de leurs semblables.

A travers une lettre ouverte, des intellectuels dénonceront cette barbarie mais curieusement, aucune prise de position des théoriciens du « vivre ensemble » ne se fera entendre.

Au contraire, d’autres membres du clergé s’en prendront plutôt aux signataires de la lettre ouverte comme si les faits dénoncés n’avaient pas eu lieu (lire à ce propos les commentaires de la lettre ouverte du 22 août 1988 par des professeurs d’université du Burundi dont deux prêtres).

Alors, que dire de cette réflexion sur le « Vivre ensemble » ? Une énigme !

En 2015, « Sindumuja »

Un appel de l’Eveque Simon Ntamwana, à la veille des élections de 2015, devenu, avec le temps un slogan officiel des hommes et femmes qui combattent le pouvoir

Avec bonne ou mauvaise intention au départ, le monde retiendra l’impact du slogan dans le subconscient collectif de la population.

Au nom de « Sindumuja », on tue son semblable. « Sindumuja » égale opposant politique. « Sindumuja » pour demander le rapatriement des militaires burundais en mission pour le maintien de la paix dans le monde avec les conséquences que l’on connait. « Sindumuja » pour appeler le monde à asphyxier le Burundi, son peuple et son économie. Mais ce qui étonne toujours, c’est le silence de l’auteur !

Prions pour nos Pasteurs.

Clin d’œil de Pasteur Nshimirimana