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En élevant des vaches et en plantant des arbres, nos ancêtres ne savaient pas que de ces vaches et de ces arbres allait naître ce qui fait aujourd’hui la fierté du Burundi : le tambour sacré, fabriqué à partir d’une peau de taureau tannée et d’un tronc d’arbre taillé en « Umuvugangoma».

Symbole de pouvoir et de puissance comme le voulait la tradition burundaise, le tambour était battu, à l’aide de deux baguettes en bois à la cour royale et chez les grands chefs de sang royal également. Il était associé par les Burundais à un objet sacré et était joué dans le Burundi ancien en des circonstances exceptionnelles et à des fins rituelles, proclamait les plus grands événements du pays comme l’intronisation et les funérailles des souverains. A ne pas confondre avec Karyenda qui était un tambour royal, symbole de la nation et qui recevait annuellement lors de la fête des semailles dites « Umuganuro », les hommages d’autres tambours sortis directement de leurs sanctuaires appelés « Ingoro y’ingoma » ou palais du tambour.

Le nom ingoma, qui désigne le tambour, signifie aussi royaume, ce qui, aisément explique que l’histoire du tambour était intimement liée à la vie du roi et à la fécondité de la Nation en raison de l’ «Umuganuro » ou fête des semailles. Si dans cet éditorial tout porte sur l’historique du tambour sacré, aujourd’hui devenu patrimoine de l’humanité, c’est que beaucoup en parlent et que peu en connaissent les origines, au moment où les plus hautes autorités du pays, le président de la République en tête lui accordent toute importance qu’il mérite en lui dédiant une journée appelée « Journée nationale du tambour sacré ». N’est- il pas opportun de parler aujourd’hui comme demain, de cet héritage civilisationnel, de cette richesse patrimoniale qui fait retentir la culture burundaise au-delà de nos frontières, en l’inscrivant dans une dynamique d’un Burundi en mouvement, peuplé d’hommes et de femmes paisibles, profondément attachés à leur histoire et à leur culture ?

Comme c’est déjà dit, l’histoire du tambour est liée à la vie du roi. Comment en est- ton arrivé là. Le premier tambour serait arrivé au Burundi au 15e siècle, au règne du roi Ntare Rushatsi Cambarantama, premier roi du Burundi. L’histoire de notre pays nous apprend que le roi Ntare Rushatsi Cambarantama serait venu de l’Est du Burundi. Arrivés dans la Kibira, lui et sa suite se reposèrent dans cette grande forêt où un taureau fut abattu. La suite royale tanna la peau du taureau abattu sur un tronc d’arbre et se mit à taper sur la peau tannée. Les gens des environs accoururent pour voir ce qui se passait. La suite royale informa que c’était le roi qui arrivait pour régner.

Ainsi est né le tambour sacré au Burundi, devenu aujourd’hui, rappelons-le, patrimoine de l’Humanité. Aujourd’hui, les tambourinaires ou les « Batimbo » viennent de tous les coins du pays mais essentiellement de Gishora, de Higiro, de Bukirasazi, de Makebuko et de Banga portant haut le message du peuple burundais vivant dans la paix et la sécurité, profondément attaché à son histoire millénaire, à sa culture homogène et à son héritage civilisationnel, montrant autre chose que ce sombre tableau que ses détracteurs ne cessent de présenter au reste du monde.Quel avenir attend le tambour sacré ? Continuera-t-il sa fulgurante percée en s’affirmant de plus en plus dans notre pays et au-delà ? Son audience s’élargissant jour après jour, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, la réponse ne peut être que Oui.

Louis Kamwenubusa