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Et si la grève des étudiants se terminait en queue de poisson ?
par Webmaster ⋅ lundi 31 mars 2014

Les étudiants de l’université publique du Burundi ont été renvoyés à la maison après leur rejet de la réforme qui réorganise les conditions d’accès à la bourse d’études. Soutenus par l’opposition et la société civile, les étudiants tiennent tête au gouvernement. Mais avec le temps qui passe, les choses peuvent évoluer. Une brèche a été ouverte lorsque les étudiants qui doivent passer des sessions ont obtenu la dérogation de se réinscrire. D’autres étudiants qui sont confiants dans leur assiduité aux études et ne redoutent pas le doublement frapperaient nombreux aux portes pour se réinscrire. Il ne risque de ne rester que des étudiants moyens ou des durs à cuire qui suivent aveuglément les consignes de certains leaders de l’opposition. Mais les étudiants des familles pauvres qui ont dû quitter la capitale et retourner au village commencent à se fatiguer de cette grève. Ils pourraient revenir en masse et retrouver leur port d’attache du moment.

Charles NDITIJE était au courant de cet échec du mouvement de grève et a tenu à attiser encore la flamme. Mais quand les étudiants restés dans la capitale sans occupation expriment le vœu de bénéficier des appuis financiers et matériels de la part des associations de la société civile, on leur rétorque que de telles demandes ne sont pas éligibles ! Ah !

Les mêmes méthodes pour les mêmes résultats

La grève des étudiants du Burundi semble suivre le même modus operandi. Il faut remonter dans le passé récent. Quand le gouvernement a supprimé les bus de transport en faveur des étudiants, il y a eu grève. Et pourtant, la mesure est entrée en vigueur. Quand le gouvernement a réduit sensiblement le nombre d’étudiants admis dans les homes, il y a eu grève. Mais la mesure est en vigueur. Tant bien que mal, les étudiants ont appris à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ils sont nombreux désormais à louer quelque chambre de fortune et à relever la part du gouvernement à travers de petits boulots comme serveurs dans les bars et restaurants. Savez-vous que même le président Jacques Chirac a fait la plonge à New York ?

Le diplôme n’est plus une garantie pour le travail

Par le passé tous les lauréats des universités étaient engagés dans la fonction publique ou trouvaient rapidement du travail dans les entreprises privées. Au Burundi comme dans plusieurs coins du monde, la compétition est rude pour l’accès au travail. Il faut être habile ou penser à l’entreprenariat.

Allez dans les pays comme le Cameroun pour voir comment vivent les étudiants sans bourse ni aucune aide du gouvernement ! Les parents et les étudiants ont compris qu’on fait les études supérieures d’abord pour son avenir qu’on veut meilleur. Même au Rwanda voisin, la bourse s’est réduite comme une peau de chagrin.

Les étudiants burundais devraient être réalistes et reprendre le chemin du campus. Si le gouvernement cédait et reportait la réforme, c’est certain qu’il reviendrait à l’ancienne méthode qui lui permettait de priver une importante part de la jeunesse burundaise de l’accès aux études supérieures parce que la note de référence était très élevée.

Au lieu de revenir à cette méthode alors que les étudiants qui sortent des écoles secondaires sont pléthoriques, il faut encourager la réforme. Autrement dit, le rêve devient cauchemar quand l’étudiant du moment veut les mêmes conditions que ses aînés d’il y a dix ou vingt ans. Comme le diplôme n’est plus une garantie pour le travail, qu’il soit au moins une base pour la reconnaissance du savoir-faire et de la performance dans le village planétaire.

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