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Depuis de nombreuses années, la société burundaise a maintenu la fille dans une situation d’infériorité par rapport au garçon. Celle-ci s’est heurtée à beaucoup d’obstacles pour son épanouissement. Malgré l’image qui leur est consacrée, certaines filles se montrent capables et participent au développement du pays.

Selon la représentante du ministère de la solidarité nationale, des droits de l’homme et du genre, la culture a fait que la fille vive beaucoup d’années sous-estimée, discriminée, privée de certains droits et le garçon soit pris comme seul enfant ayant de la valeur et capable. Elle est victime de beaucoup de violences basées sur le genre alors qu’elle devrait être protégée au même titre que le garçon. C’est pourquoi l’Assemblée générale des Nations Unies, dans sa résolution 66/170 , a déclaré que le 11 octobre de chaque année soit célébrée la journée Internationale de la Fille, afin de reconnaître les droits des filles et les obstacles particuliers auxquelles elles se heurtent de par le monde. Et de poursuivre, « la fille a droit à l’éducation et a des capacités à travailler dans des domaines variés pour combattre la pauvreté , contribuer au développement du pays, participer dans les organes de prise de décision et est capable de prendre des décisions dans tout ce qui la concerne. La fille, si elle était soutenue, instruite, formée, contribuerait au développement du pays car elle en est capable et a des capacités de produire au même niveau que le garçon. Il est temps que nous démontrions que tous les enfants naissent égaux en bannissant toute forme de violence basée sur le genre et en promouvant l’éducation qu’ils reçoivent dès le bas âge au niveau des familles. Les enfants grandissent en faisant leur ce qu’ils ont reçu dès leur bas âge », poursuit-elle.

Cela rejoint aussi les préoccupations de l’Unesco. Pour Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, la fille est un élément important pour construire un modèle de société et de développement durable. La meilleure arme contre la violence est la lutte contre l’ignorance et les préjugés dont elle se nourrit, et cela passe par l’éducation. Plus les femmes atteignent un niveau de scolarité élevé, moins elles subissent de mariages précoces et de grossesses non désirées. Et de souligner : « La violence contre les filles et les femmes n’est jamais acceptable, jamais tolérable, et jamais excusable. J’appelle aujourd’hui tous les Etats Membres, et tous nos partenaires du secteur privé et de la société civile à joindre leurs forces pour renforcer l’éducation des filles et à mettre fin au cycle de la violence qui nous affaiblit tous. »

Rêver grand et avoir l’assurance d’y parvenir

Bien que la fille ait rencontré beaucoup de défis pour son épanouissement, la fille burundaise a connu des progrès comme le témoignent certaines d’entre elles.

Major Marie Ange Niyonkingi : « Ayez chaque fois un objectif et dites-vous que vous devez l’atteindre malgré les obstacles que vous pouvez rencontrer.
« J’ai entamé ma formation militaire en 1993 quand le Burundi était dans une crise politique sans nom. Les filles étaient moins nombreuses dans l’armée et étaient mal vues», témoigne Major Marie Ange Niyonkingi . Et de poursuivre « Je recevais des découragements de la part de ma famille et de mes amis. Certains me disaient que je n’allais pas avoir de mari, qu’une femme militaire s’impose au sein du couple, qu’il me sera difficile de tenir mon foyer, que je suis mal éduquée, etc. En plus de la passion que j’avais pour ce métier et de la formation que j’ai reçue au sein de l’association pour la promotion de la fille burundaise, j’ai pu supporter tout cela et j’ai tenu ferme sur mon objectif. Il faut rêver grand et avoir la conviction d’y arriver. Aujourd’hui, je travaille dans le projet DSS (projet qui aide dans le développement du secteur de la sécurité) de la police. Je suis vraiment dans mon assiette . J’ai une famille et des enfants et je n’ai aucun problème avec mon mari».
Rachelle Haninahazwe témoigne aussi qu’auparavant elle vivait grâce aux avances des garçons ! Je n’aimais pas les garçons, mais plutôt ce qu’ils me donnaient .Cela m’avait maintenu dans une situation de dépendance car je ne réalisais pas que je pouvais servir à quelque chose. Grâce aux conseils d’autres jeunes filles promues, j’ai décidé de tourner la page. Aujourd’hui c’est moi qui paie les factures des garçons quand on sort et j’en suis fière, grâce à mes activités génératrices de revenus. J’invite les filles à exploiter leurs talents, à viser loin, à être indépendantes pour combattre la pauvreté et lutter contre les violences faites à leur égard car plus on est dépendant, plus on est exposé aux violences.

Joëlla Bigirimana