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La manifestation avait été annoncée la veille par les frondeurs du parti CNDD-FDD et certains ténors de l’opposition. Comme le constate l’ambassade de Belgique à Bujumbura aux environs de 12 heures 30 (heure locale), il y avait “plusieurs petits groupes de manifestants présents à différents endroits au centre-ville Bujumbura”. L’ambassade belge recommandait aux expatriés d’éviter des déplacements en centre-ville et de se tenir à l’écart de tout mouvement de foule”.

Tous les médias locaux ont couvert la tentative de chaos et ont salué le travail de la police, à l’exception de la RPA. Cette caisse de résonance des détracteurs du régime de Bujumbura semblait se réjouir du nombre des policiers blessés par des manifestants irresponsables et violents qui se mettaient à lancer des pierres lorsque la police leur disait de vider les lieux. On a entendu une journaliste de cette radio accuser la police d’embarquer ce genre de manifestants vers des “destinations inconnues”! Il fallait plutôt que la journaliste suive pour en savoir davantage et informer l’opinion sur cette destination!

On a entendu la RPA accuser la police de violer les immunités de quelque député qui aurait été empêché de semer le chaos. Comme si l’immunité parlementaire pouvait justifier la participation à des manifestations déclarées illégales! Député alors honorable ou minable? Il reste moins d’un mois aux députés et cela se comprend que l’inquiétude liée à un avenir moins choyé peut pousser aux folies.

L’on a entendu la RPA accuser la police de recourir aux camions citernes et aux gaz lacrymogènes pour disperser les poches d’attroupements des gens. Allez vérifier dans d’autres démocraties comment la police anti-émeutes opère et vous nous direz ce dont la police burundaise serait coupable. De défendre l’ordre public et les décisions des autorités en place? La RPA était de tout coeur avec les manifestants et cela explique son manque d’objectivité et de professionnalisme. Et où sont passés le CNC et l’organe d’autorégulation des médias? Dans ces moments de rumeurs et de manipulations de l’opinion nationale et internationale, ces organes devraient se montrer prompts à réagir et à recadrer.

S’il est indéniable que la manifestation a perturbé les activités du centre ville de la capitale entre 10 heures 30 et 13 heures, il faut par contre saluer la vigilance des forces de l’ordre. Certes, les commerçants des avenues de la mission, de l’amitié et de la chaussée Prince Louis Rwagasore ont souffert de cette insécurité, mais les choses sont vite rentrées dans l’ordre. Plusieurs manifestants ont été arrêtés et il faut espérer qu’ils paient pour les dégâts causés à la vie des policiers surtout à certains biens comme les véhicules et les bâtiments. L’impunité qui remonte des opérations villes mortes doit être condamnée et le peuple réclame des mesures drastiques contre les fauteurs de troubles.

Il faut espérer que la sérénité revienne car il est inadmissible que les mêmes partis politiques qui ont déposé des dossiers de candidatures pour les communales et les législatives recourent à la violence pour changer les choses. Surtout que la candidature de Nkurunziza qui sert de prétexte n’est pas encore confirmée et que la raison dicte la patience et la retenue. Et même si elle était annoncée, le bras de fer avec la police n’est pas une solution mais plutôt le chemin des urnes pour infliger la même leçon qu’à Abdoulaye Wade du Sénégal. Et si le peuple tranche autrement, ce sera le verdict souverain!

Paul Sorongo