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1.Monsieur le Président, ma délégation souhaite d’entrée de jeu vous féliciter personnellement, mais aussi votre pays la République Populaire de Chine pour l’accession à la présidence de ce prestigieux Conseil de Sécurité pour le mois d’avril 2016. Merci également pour avoir bien voulu organiser cette réunion dédiée à l’adoption d’une résolution sur la situation dans mon pays le Burundi en plus de la résolution 2248 qui reste toujours pertinente.
2.Qu’il me soit également permis de remercier tous les autres éminents membres du Conseil de Sécurité qui ne cessent de fournir des efforts pour assister les Burundais à trouver leurs propres solutions aux questions politiques les concernant.
3.Je vous remercie également pour le degré élevé de flexibilité dont vous avez fait montre durant plusieurs heures d’intenses négociations et cela témoigne du sens élevé de la lourde responsabilité qui est la vôtre pour sauvegarder la paix et la sécurité internationale, principale mission du Conseil.
4.Monsieur le Président, sans toutefois faire le tour complet de toute la résolution, vous me permettrez de faire quelques commentaires généraux constructifs sur certains passages de ce texte important pour le processus de consolidation de la paix au Burundi.
5.Je commence par la partie préambulaire qui est dominée par la question de protection des droits de l’homme et de l’Etat de droit par la lutte contre l’impunité notamment, ma délégation prend bonne note des appels du Conseil à ce sujet et promet de tout mettre en œuvre pour que lesdits conseils soient suivis des faits concrets sur le terrain dans la transparence totale.
6.Sur cette question justement, je souhaite rappeler que le Gouvernement du Burundi a toujours attaché une grande importance aux questions des droits de l’homme. Nous avons adopté une politique de tolérance zéro en la matière et la CNIDH travaille jour et nuit pour relever ce défi. Malgré les progrès très visibles sur ce terrain, nous reconnaissons humblement qu’il y a des cas de violation des droits de l’homme par endroit, comme ailleurs. Nous avons mis sur pied des commissions d’enquête judiciaire pour mettre la lumière à certaines allégations de violations des droits de l’homme depuis le début de l’insurrection jusqu’à nos jours et sur lesquels vous revenez dans cette résolution au préambule et au paragraphe opérationnel 2.
7.Nous rappelons en outre que le Gouvernement du Burundi a placé la lutte contre l’impunité au centre de ses priorités et tout se fait sans tenir compte des affiliations politiques. Nous coopérons étroitement avec le Bureau du haut-commissariat aux droits de l’homme à qui nous avons donné accès libre à nos services pour question de transparence. Nous avons réservé la même qualité de coopération aux experts des droits l’homme des Nations Unis qui ont séjourné dans notre pays du 1er au 8 mars 2016.
8.S’agissant des Libertés d’expression et la société civile, je souhaite vous informer que le Burundi a une bonne tradition des libertés d’expression et de société civile très active qu’il voudrait renforcer et pérenniser. Ceci m’amène à vous remercier pour avoir reconnu à travers la présente résolution en son article opérationnel 4, les récentes bonnes mesures prises par le Gouvernement du Burundi dans l’objectif d’apaiser les tensions politiques et restaurer la confiance avec nos partenaires techniques et financiers.
9.Comme vous le soulignez dans la résolution que vous venez d’adopter, nous venons d’autoriser la réouverture de deux radios privées qui avaient été détruites dans la foulée de la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015. Il s’agit de la radio ISANGANIRO et de la Radio-Télévision REMA qui émettent déjà. En plus de ces 2 radios qui ont repris leurs activités, le Conseil National de Communication vient également d’autoriser deux autres chaines de radio privées Izere FM et HUMURIZA FM, sans oublier la levée des poursuites judiciaires contre deux ONG de la Société civile à savoir le PARCEM et l’AJCB qui ont désormais accès libre à leurs comptes bancaires.
10.En ce qui concerne le dialogue politique, nous réitérons notre ferme engagement à la poursuite dialogue inter burundais inclusif, franc et sincère entre les filles et fils du pays, ceux de l’intérieur et ceux de la diaspora paisibles et engagés manifestement aux solutions pacifiques à nos différends. Nous nous félicitons sur le fait que cette résolution en son paragraphe 5 ait revenu explicitement sur l’importance de ne dialoguer qu’avec des acteurs non violents, ce qui exclut d’office les putschistes qui ont voulu renverser les institutions démocratiques par des moyens non constitutionnels contrairement aux valeurs et principes de la Charte des Nations Unies. Votre ferme condamnation des acteurs violents renforce sans doute la culture du respect des sacro-principes de la démocratie partout et par tous.
11.Sur le plan régional au sein de l’EAC, les consultations se poursuivent avec la facilitation et la région pour s’entendre sur deux points importants pour les prochaines sessions du dialogue avec les membres de la diaspora qui aspirent à la paix en toute inclusivité telle que définie dans la résolution 2248 du Conseil de Sécurité de l’ONU du 12 novembre 2015 et celle-ci que vous venez d’adopter aujourd’hui. Comme notre Ministre des relations Extérieures l’a bien dit dans cette même salle le 18 mars, Il s’agit entre autres de l’identification objective des participants ainsi que les points à l’ordre du jour.
12.Nous restons donc engagés de bonne foi dans le dialogue politique dont la dynamique interne est très avancée sous le leadership de la Commission Nationale de Dialogue Inter Burundais CNDI qui fait un excellent travail à travers tout le pays sans laisser personne derrière.
13.En ce qui concerne la sécurité, je confirme qu’elle est globalement bonne sur tout le territoire national et les citoyens vaquent à leurs activités dans la quiétude, sauf quelques éléments résiduels de l’opposition qui continuent à lancer des grenades sur de paisibles citoyens. A ce sujet, ma délégation se félicite du fait que le Conseil ait reconnu la diminution des tueries au Burundi et condamné en même temps l’usage de la force pour atteindre les objectifs politiques quel qu’en soient ses origines ou ses auteurs, y compris la condamnation ferme de jets aveugles de grenades à de paisibles citoyens. Nous osons espérer que ce message sera entendu par ceux qui téléguident ces actes à partir des pays qui les hébergent à l’étranger. Je rappelle en passant qu’aucune idéologie, aucun combat politique ne peut justifier de tels actes aveugles qui emportent des vies d’enfants, des femmes.
14.Toujours au chapitre de la sécurité, et dans le soucis de poursuivre le processus de désarmement dans la transparence et de coopérer pleinement avec nos partenaires, le Gouvernement du Burundi a accepté, devant la délégation de haut niveau de l’Union Africaine le déploiement au Burundi de 100 observateurs des droits de l’Homme et de 100 observatoires militaires non armés. Là aussi je me réjouis que le conseil ait bien accueilli le consentement du Burundi à ce déploiement à l’article 6 de la présente résolution. C’est encouragent en effet.
15.S’agissant de la coopération avec l’ONU, le Burundi voudrait réitérer encore une fois son entière coopération à l’Equipe pays, à l’Equipe du Conseil Spécial du Secrétaire Général M. Jamal Benomar. Nous prenons bonne note de l’offre d’une contribution de police stipulée à l’article 10 de cette résolution qui serait formulée en consultation avec le Gouvernement du Burundi. Mon pays reste à la disposition du Secrétaire Général des Nations Unies pour discuter et se convenir de la nature, la taille et les missions de cette présence policière en appui à l’Equipe du Conseiller Spécial prévue par la résolution 2248 du Conseil de Sécurité.
16.A ce sujet, et c’est extrêmement important de le souligner, je rappelle que la primauté de l’option d’une présence internationale non armée a été une des recommandations du dernier Sommet de Chef d’Etat de l’UA à Addis-Abeba, de la délégation de haut niveau de l’Union Africaine composée de cinq présidents à Bujumbura du 25-26 mars, de la réunion du Comité des Ministres de la défense de la CIRGL tenue le 10 février 2016 à Luanda en Angola et du Gouvernement du Burundi à travers son parlement. Tous ces acteurs se sont opposés à une présence internationale armée, privilégiant ainsi une présence des observateurs des droits de l’Homme et Experts non armés. C’est ce format, non armé qui est aussi celui de l’Union Africaine, que nous attendons discuter dans un esprit d’ouverture et du respect de la souveraineté nationale avec le secrétariat dans ses moindres détails.
17.Monsieur le Président, s’agissant des actes d’agression du Rwanda que plusieurs rapports crédibles ont déjà établis, ma délégation se félicite de l’appel lancé aux Etats de la région dans le paragraphe 8 de cette résolution, de contribuer à la solution pacifique de la situation qui prévaut au Burundi et de s’abstenir à soutenir les activités des groupes armés ainsi que le rappel à tous les Etats de la région de respecter l’accord cadre sur la paix, la sécurité et la coopération en RDC et la Région ainsi que la convention de 1951 sur le Statut des réfugiés. Ce dernier texte insiste entre autres sur le respect du caractère civil des camps des réfugiés comme l’a rappelé le Secrétaire Général des Nations Unies Monsieur Ban ki-Moon devant ce même prestigieux Conseil le 21 mars 2016 en présence de plusieurs Ministres de la Région. Nous espérons que Kigali entendra cet appel sans équivoque du Conseil pour que ce pays voisin avec qui nous partageons beaucoup, cesse immédiatement de faciliter le recrutement, l’entraînement et l’armement des forces négatives qui commettent des actes d’agression contre le Burundi.
18.Nous nous félicitons aussi du fait que le paragraphe opérationnel 9 concerne aussi des acteurs en dehors du territoire burundais, y compris ceux de la région.
19.En ce qui concerne la coopération avec nos partenaires, nous apprécions à juste titre que le Conseil a mis une attention particulière à cette question dans la partie préambulaire de cette résolution, en encourageant notamment les partenaires bilatéraux et multilatéraux et le Gouvernement du Burundi de poursuivre leur dialogue en vue de créer un environnement favorable à la reprise de l’assistance au Burundi.
20.Tout naturellement, et je termine par ici, Mon pays, le Burundi accueille favorablement cet appel et reste très engagé pour ne ménager aucun effort afin de redresser la situation au niveau politique et sécuritaire, ceci dans l’intérêt du peuple burundais et de la région.

Je vous remercie Monsieur le Président