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Le porte-parole du ministère des Finances est confiant que passé le choc de 2015, le pays est déjà sur l’orbite de la croissance économique, qu’en peu d’années, il peut atteindre les performances d’avant la crise et même le dépasser. Pour lui, bien des interrogations sur la loi de finances 2017 est « un faux débat ».

Avec l’augmentation des prix que certains activistes de la société civile expliquent par l’augmentation des taxes et impôts dans la loi budgétaire 2017,( pression fiscale de 13% contre 11,9% en 2015) , des voix s’élèvent que le consommateur est contraint à réduire ses dépenses à l’achat des vivres et quelques produits de grande nécessité. En d’autres mots, plus rien dans le panier de la ménagère. Est-ce votre point de vue ?

Une mise au point : ceux qui disent que l’Etat a sensiblement augmenté les prix, c’est un faux débat. L’augmentation des prix est aussi justifiée par la montée des prix des matières premières et du carburant sur le marché international, ce qui influe sur des biens importés ou fabriqués localement au Burundi.

Pour revenir à la question du panier de la ménagère, du point de vue économique, les augmentations qui sont proposées aujourd’hui tournent entre 1 et 5% des prix pratiqués l’année dernière alors que l’inflation actuelle de 2016 est 5,5%. Cela veut dire qu’en termes réels, les prix pratiquées, si on tient compte de l’inflation sont ceux de l’année passée parce que c’est inférieur à 5,5% de l’inflation.

Concrètement, est-ce que la hausse des taxes et impôts ne se fera pas au détriment du salarié, notamment les petits fonctionnaires comme les enseignants ?

Il ne faut pas voir seulement les impôts et taxes qui ont été augmentés. Il y a une autre fonction des impôts et taxes qui est la redistribution. Dans la loi budgétaire 2017, il est prévu un impact de plus ou moins 40 milliards pour au moins 90% des fonctionnaires de l’Etat dans la réforme de l’harmonisation des salaires. Aujourd’hui, les augmentations des salaires des fonctionnaires vont tourner entre 10 et 40 mille. Le licencié qui était à 100 mille en 2010, aujourd’hui, il est à 200 mille Fbu. Cela veut dire que même si les prix ont augmenté, du côté de la redistribution, il y a un impact sur les fonctionnaires qui vont voir améliorées leurs conditions salariales.

Comment le paysan lambda ressentira l’impact positif de la pression budgétaire en termes de redistribution ?

La population a besoin que les réformes prioritaires que le gouvernement a déjà engagées puissent continuer. C’est notamment la réforme au niveau de la santé, au niveau des enfants de moins de 5 ans, aux mères qui accouchent, la gratuité de l’enseignent primaire. Ces réformes doivent continuer bien que certains bailleurs aient décidé unilatéralement de suspendre l’aide. Les services de sécurité doivent continuer.

Donc le gouvernement doit continuer à effectuer les missions régaliennes du gouvernement, même si les partenaires ont suspendu leurs aides. Nous demandons à la population de faire cette effort pour que les grands projets du gouvernement, que ce soit au niveau de l’énergie et des mines, à travers la construction des barrages, que ce soit en agriculture, la subvention des engrais, tous les chantiers doivent continuer bien que certains partenaires aient suspendu leurs aides. Nous demandons à toute la population de comprendre et de fait que le Burundi arrive à un niveau où nous devons prendre en main notre destinée. Et prendre en main notre destinée suppose un civisme fiscal ou chacun doit contribuer pour que le pays se développe.

En d’autres mots, le taux de croissance de 2.9% du PIB projetée pour fin 2017 sera atteint et cela malgré cette pression budgétaire de 13% ?

La pression fiscale de 13% est calculée sur base de croissance projetée dans l’année budgétaire 2017.Donc, ce taux de 13% représente l’impôt et taxe par rapport à la richesse nationale, et cette richesse nationale est calculée sur le produit intérieur brut. Le taux de 13% est lié directement à la croissance de 2,9% qui est projeté en 2017 et cette croissance est plus tirée par l’agriculture au premier niveau, mais aussi par le secteur secondaire et tertiaire.

Le taux de croissance de 2.9% projeté fin 2017 reste faible. Quand est-ce que le pays pourra redécoller et atteindre le niveau d’avant la crise voire arriver au taux de 7% comme c’est le cas pour la Tanzanie par exemple ?

On a eu un choc économique ponctuel en 2015 qui a fait que notre croissance soit en dessous de 0%, c’est-à-dire une croissance négative, une décroissance pure et simple. Ce choc se répercute sur plusieurs années, ce n’est pas quelque chose que l’on peut relever directement, mais si on regarde les indicateurs macroéconomiques dont on dispose actuellement, avec 2106, on a enregistré ou amorcé une croissance positive. On est plus ou moins à 2%. En 2017, les projections qu’on a fait avec les méthodes de simulation nous donnent un taux de croissance de plus ou moins 2,9%.

Ce qui est le plus important, il y a une croissance qui s’est amorcée positivement et qui continue. Nous pensons donc qu’il y a des bases fondamentaux que nous sommes en train de poser, au niveau de certains secteur porteur de croissances, notamment dans le secteur de l’énergie, dans le secteur de l’agriculture, qui permettra que dans deux ans ou trois ans, on revient à la situation normale, d’une croissance plus ou moins de cinq pour-cent, et à partir de cela on pourra atteindre le taux de 7% qui est celui qui peut tirer toute la population de la pauvreté.

by Philippe Ngendakumana