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La société Rainbow Burundi Mining (RBM) annonce qu’elle va commencer à exploiter des gisements de terres rares à Gakara, commune Muhuta, province Bujumbura. Des centaines de tonnes seront à la Bourse de Londres avant fin 2017.

Gilbert Midende : «Tout se fait et se fera dans la transparence.»Gilbert Midende : «Tout se fait et se fera dans la transparence.»
« Après cinq ans de travail d’exploration, des résultats spectaculaires. Le Burundi regorge d’importantes quantités de terres rares exploitables durant 25 ans», confie Gilbert Midende, représentant de RBM au Burundi. La quantité à exploiter est estimée à 5 tonnes par an. 300 tonnes seront exportées avant la fin 2017. Le site s’étend sur 30 km2.

Ce géologue indique qu’une étude de faisabilité, un plan de réhabilitation du site et un plan d’indemnisation de la population ont été déjà réalisés. « N’eût-été la crise, les travaux devaient avoir commencé, il y a deux ans», précise-t-il.

Il révèle que les terres rares du Burundi ont été déjà listées à la Bourse de Londres. Et pour arriver à ce stade, explique-t-il, plusieurs conditions doivent être remplies dont une gestion transparente de tout le processus d’exploitation.

Il précise que les ’’terres rares’’ désignent des éléments chimiques, du tableau Mendeleïev dont le numéro atomique va de 57 à 71. Il y a quatorze éléments de terres rares.

Ils sont appelés éléments de terres rares, non pas parce qu’ils sont rares, mais parce que leur utilisation est récente. «Avec le développement des techniques analytiques, on a pu les séparer alors qu’ils étaient inséparables, il y a quelque temps», éclaire-t-il.

Contrairement aux autres coins du monde avec des teneurs de l’ordre de 2 à 4%, M. Mitende indique qu’au Burundi, on trouve des minéraux massifs avec plus de 50% d’éléments de terres rares.

Ce qui signifie que le coût de l’exploitation est relativement modeste, ce qui rend les gisements burundais plus concurrentiels par rapport aux autres sites miniers du monde.

C’est une grande aubaine pour le pays. Gilbert Midende signale que le Burundi aura un gain de 54% du résultat net de cette exploitation. «C’est une première exploitation faite respectant les normes internationales.» Ce qui va drainer d’autres investisseurs dans ce domaine.

Côté population, plus de 200 nouveaux emplois seront créés. Et d’autres activités comme le commerce, les restaurants, … pourront se développer dans cette localité.

L’Olucome se dit inquiet

«Au lieu que l’argent provenant de la vente des minerais soit bénéfique pour le pays, il va dans les poches des individus ou versé sur des comptes qui échappent au contrôle des institutions financières officielles», regrette Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre les malversations économiques).

Selon lui, cela risque d’être le cas pour les terres rares. « Ce secteur souffre d’une gestion très opaque», affirme-t-il. Or, renseigne-t-il, si ce secteur était bien géré, il pourrait générer des devises plus que la totalité des entrées du café, du thé et du coton.

L’adhésion du Burundi à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) traîne. Selon lui, c’est une urgence. « Son objectif est d’évaluer dans quelle mesure les revenus des ressources pétrolières, gazières, minérales d’un pays sont gérées de manière transparente.»

A ces inquiétudes, Gilbert Midende rassure que tout se fait et se fera publiquement et dans la transparence : «Toutes les données sont accessibles sur notre site Web.»

Par ailleurs, précise-t-il, il est de plus en plus difficile d’aller sur un marché international avec l’opacité, et ce n’est pas tout, un audit international est prévu. Et de déclarer : «Nous sommes pour l’adhésion du Burundi à l’ITIE le plus rapidement possible.»

À quoi servent les terres rares ?
Ces métaux sont devenus indispensables, ils sont utilisés dans des fabrications de très haute technologie. L’industrie de la défense recourt aux terres rares dans la fabrication de capteurs de radars et sonars ou de systèmes d’armes et de ciblage.

Elles sont également utilisées dans la fabrication de batteries de voitures électriques et hybrides, dans les LED, les puces de smartphones, les écrans d’ordinateurs portables, les panneaux photovoltaïques, les éoliennes, etc.

(Iwacu 23/03/17)