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Le Conseil Européen vient de sortir un communiqué après la réunion des ministres européens des affaires étrangères. Après le parlement européen, certains députés belges, l’international libéral et bien d’autres groupes d’influence et de lobbying de l’Occident, le Conseil Européen s’acharne contre le régime de Bujumbura, un gouvernement qu’on accuse de rage comme tout chien à noyer! A chaud, que retenir des conclusions de ce Conseil?

1. Le Conseil parle de l’impasse politique au Burundi. Faux. Car les choses bougent au contraire. Le parlement vient de permettre le remplacement des membres de la cour constitutionnelle et de la commission électorale nationale indépendante. Plusieurs partis politiques battent campagne pour les élections des conseils communaux et pour les législatives. Il n’y a pas l’impasse mais plutôt un terrorisme aveugle organisé par ceux qui, hier, créaient l’insurrection dans certains quartiers de Bujumbura. Ils ont perdu devant la détermination du gouvernement et des forces de l’ordre. Ils font recours au terrorisme avec des grenades mais les forces de l’ordre et l’armée s’organisent pour mettre un terme à ce terrorisme. Le Conseil européen ne condamne pas ce terrorisme. Comme d’ailleurs il n’a jamais condamné les manifestations violentes!

2. Le Conseil Européen apporte apparemment son soutien aux propositions du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine et aux décisions du sommet des chefs d’Etat de l’EAC. Il omet pourtant de mentionner qu’une délégation ministérielle de l’EAC a séjourné à Bujumbura après le sommet de l’Union Africaine de Johannesburg et qu’elle a recommandé aux protagonistes burundais d’aller aux élections car il n’est pas souhaitable qu’il y ait un nouveau report des élections. La délégation ministérielle a souligné que le dialogue pouvait se poursuivre sur les sujets qui avaient avancé vers un compromis grâce à la facilitation de Said Djinnit. Si le Conseil Européen soutenait les initiatives de l’EAC, il aurait dû mentionner cette déclaration.

3. Le Conseil Européen appelle au dialogue et au consensus. Il ne dénonce ni ne condamne les manœuvres dilatoires de l’opposition radicale et des organisations de la société civile qui ont récusé Djinnit. Le Conseil Européen affiche ici son parti pris. Son offre d’implication dans le dialogue est synonyme de pression à attendre contre le gouvernement. Ce comportement est récurrent et trahit un acharnement qui appelle à des analyses approfondies du rôle joué par les Occidentaux dans la déstabilisation du Burundi. Ce nouveau communiqué devient ni plus ni moins qu’un soutien réclamé et obtenu par ceux qui ont tenté de renverser le régime à travers l’insurrection et le coup d’Etat du 13 mai dernier.

4. Malgré les preuves de la bonne foi et de la bonne volonté du gouvernement du Burundi, le Conseil Européen, comme d’ailleurs le parlement européen, ne rate aucune occasion pour diaboliser le régime de Bujumbura. Il passe sous silence les concessions déjà faites notamment le report des élections, la levée des mandats d’arrêt qui avaient été émis contre les organisateurs des manifestations violentes, la disponibilité du gouvernement à libérer les manifestants si les organisateurs proclamaient la fin dudit mouvement. Le Conseil Européen ignore tous ces efforts et n’en parle même pas.

5. Le Conseil Européen revient sur les libertés publiques et la liberté d’expression. Une manière de réclamer la réouverture des médias privés. C’est tout simplement le dénigrement des institutions étatiques qui ont survécu à la tentative de putsch. Le procureur général de la république vient de rappeler que les enquêtes se poursuivent sur les responsabilités et les complicités dans la destruction des médias d’une part et dans la tentative de putsch d’autre part. Comme les Occidentaux savent sans doute que le putsch était leur oeuvre avec d’implication de plus en plus dénoncée de la CIA, le Conseil Européen espère une flexibilité du gouvernement des Nègres naïfs. Même si le Burundi est présenté comme pauvre, la défense de sa souveraineté recommande de ne pas céder au chantage.

6. Le Conseil Européen fait un constat que, vu que l’opposition a récusé le facilitateur Djinnit et que le dialogue n’a pas continué, le gouvernement doit comprendre que les délais fixés par la constitution sont à dépasser pour avoir des élections apaisées, crédibles selon les standards occidentaux. Autrement dit, le gouvernement doit se plier aux caprices de l’opposition radicale sinon les Occidentaux ne vont pas reconnaître les résultats des élection! Et si les délais sont dépassés sans élections, qui va gérer les conséquences du vide institutionnel? Bien entendu, les Occidentaux vont inviter à un régime de transition! C’est la stratégie du bâton et de la carotte. Mais le Conseil Européen fait semblant d’ignorer qu’il a déjà retiré anticipativement ses observateurs. Sa mauvaise foi est avérée. Il ne fait que tendre des pièges par un jeu d’institutions et de communiqués. Ce que le Conseil Européen qualifie pudiquement de constat n’est rien d’autre qu’un diktat qui permettrait de se débarrasser du régime populaire de Nkurunziza.

7. Le Conseil Européen fait référence aux préoccupations du haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. Or, le diplomate jordanien a été mis à nu par ses collaborateurs pour ses tricheries dans la production des rapports tendancieux ou tronqués. Il a été dénoncé par le gouvernement du Burundi pour son parti pris surtout qu’il s’est permis de a traiter les jeunes affiliés au parti CNDD-FDD de milice. Il n’a jamais agi objectivement dans la crise burundaise. Il a produit un rapport qui diabolise les forces de l’ordre et de défense et aucune condamnation des violences faites par les manifestants. Ici, le Conseil Européen exploite les données déjà dépassées au lieu par exemple de citer le rapport de ’UNICEF qui a dénoncé l’exploitation des enfants en bas âge dans les manifestations et les grenades lancées dans les écoles pour empêcher les élèves et enseignants d’aller aux cours!

8. Le Conseil Européen brandit les éternelles menaces de sanctions restrictives à l’endroit du gouvernement pour des cas de violence ou de répression., de violations graves des droits de l’homme. Rien de nouveau. Car déjà, la Belgique, les Pays Bas, l’Allemagne, la France ont déjà pris des sanctions contre le gouvernement du Burundi. L’essentiel de la coopération a été gelée. Les financements des élections ont été suspendus. L’accord de Cotonou a donc été vidé de son essence puisque les sanctions ont été infligées sur base des rapports produits à partir des accusations des organisateurs des manifestations violentes! L’évocation de l’Accord de Cotonou est ici une simple stratégie de donner à l’opinion un cadre légal aux sanctions dictatoriales. La raison du plus fort qui doit toujours être la meilleure!

9. Le Conseil Européen se préoccupe du flux des réfugiés burundais. Mais pourquoi fuient-ils ces pauvres hères du Burundi? A cause des rumeurs. Du terrorisme aveugle de ceux qui veulent que les élections n’aient pas lieu. A cause des défenseurs des intérêts des Occidentaux qui veulent de véritables négociations pour imposer au peuple des accords revus d’Arusha. Pour réussir ce complot contre la démocratie populaire du Burundi, les Occidentaux soutiennent une transition. Ils rassurent les organisations humanitaires des financements pour leurs opérations et du travail dans les camps des réfugiés.

En peu de mots, les conclusions du Conseil Européen apportent un soutien sans faille à ceux qui ne veulent pas que les élections aient rapidement lieu. C’est un chantage et un diktat qui rappellent ce que le Burundi a vécu en 1960 et 1961. Ce n’est pas Nkurunziza le problème mais cette âme rebelle à la domination étrangère qui est l’essence du nationalisme burundais. Le gouvernement a bien fait d’écouter le sommet de l’EAC. Il doit poursuivre sur cette lancée et ne pas céder sur les questions qui touchent à la souveraineté et aux impératifs d’avoir des institutions élues dans les délais fixés par la constitution. Malgré les divisions créées par le malentendu entretenu sur les véritables enjeux de la crise, les Burundais, plus nombreux, qui veulent les élections, doivent rester engagés et déterminés à aller aux élections selon le calendrier en vigueur. C’est la réponse qu’il faut donner aux Occidentaux.

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