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Clash entre les membres de la société civile burundaise
par Côme Karabona ⋅ mardi 1er juillet 2014

Le sous-Secrétaire Général des Nations Unies aux droits de l’homme, Ivan Simonovic vient d’effectuer une visite de trois jours au Burundi depuis ce mercredi 25 juin 2014. Il a rencontré aussi bien les autorités burundaises que les membres de la société civile. Cette dernière rencontrée a donné lieu en un clash entre les représentants de la société civile anti gouvernementale et ceux qui semblent moins virulents envers le gouvernement.

L’argent est toujours le nerf de la guerre

Comme nous l’avons appris de quelques membres de la société civile présents à ladite rencontre, Vital Nshimirimana du FORSC et Pacifique NININAHAZWE du FOCODE ont demandé à la communauté internationale de ne pas accorder des fonds pour l’organisation des élections. Ils ont avancé l’emprisonnement de Pierre Claver Mbonimpa et la plainte qu’ils viennent de déposer devant la cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour les cas d’exécutions extrajudiciaires demeurés impunis.

A cette plaidoirie, Gilbert Bécaud de l’ONLEP et Pierre Claver KAZIHISE de la Société Civile Citoyenne ont rétorqué que la demande des opposants politiques qui se cachent dans la société civile était de la pure folie de grandeur. Ils ont fait remarquer que si la communauté internationale n’accordait pas les moyens, le Gouvernement allait travailler avec ce qu’il a et que cela était un grand danger pour la démocratie. Et Gilbert Bécaud de déclarer : « Oui, vous pouvez écouter ces gens qui ne portent pas le gouvernement dans leur cœur. Mais notez que s’il n’y a pas de moyens, le gouvernement peut demander que les candidats viennent au bureau de vote au niveau des communales et que ceux qui veulent voter pour tel ou tel autre candidat s’alignent derrière lui. Là, il n’y aura plus de secret et n’allez pas par après dire que le parti au pouvoir a utilisé sa jeunesse pour intimider les gens. Pour ce qui est des exécutions extrajudiciaires, c’est un dossier qui a retenu l’attention du gouvernement et des partenaires. Il a été reconnu que les associations qui ont présenté ces accusations ont fait beaucoup d’amalgames avec des personnes qui étaient mortes foudroyées ou tuées dans des conflits fonciers. Je vous exhorte à appuyer l’organisation des élections. »

Devant cette réaction de Gilbert Bécaud et qui a été également réconforté par Kazihise, Pacifique NININAHAZWE s’est fâché et a menacé de plus participer à ce genre d’échanges en même temps que ces autres activistes de la société civile. Il a demandé à Simonovic de prévoir des échanges en groupes séparés. Ce à quoi Gilbert Bécaud a réagi en disant que FORSC et ses alliés ont utilisé ce genre de stratégies pour accaparer les aides destinées à la société civile et imposer les critiques acerbes et les accusations sans fondement comme mode de fonctionnement de la société civile. Il a invité Simonovic à reconnaître qu’il y a des défis en matière de droits de l’homme et de développement mais qu’il y a beaucoup d’avancées à saluer. Il a encouragé FORSC et des alliés à comprendre que leurs comportements frisent le mercenariat et qu’il fallait revoir leur stratégie. Il a accusé Vital Nshimirimana de porter plusieurs casquettes et de semer la confusion dans son rôle au sein de la société civile. Et de faire remarquer que le délégué général du FORSC travaille comme avocat de Charles NDITIJE , qu’il est membre actif de l’UPRONA et qu’il siège au conseil communal de la comune Mugamba ! Et de conclure en disant que des tes activistes de la société civile devraient d’abord opérer des choix quant au militantisme au sein des partis politiques ou aux côtés des politiciens. Il a promptement rejeté l’accusation de Vital Nshimirimana qui lui faisait porter la casquette du parti au pouvoir. Un clash qui a beaucoup amusé l’hôte de marque et a révélé la division de la société civile burundaise sur fond de rivalité pour l’accès aux financements venant de l’étranger.

FORSC et FOCODE presque démasqués dans leur penchant pour la diversion

La visite de Simonovic a été une occasion intéressante pour comprendre le malaise qui caractérise la société civile. Il ne fait un secret pour personne que les messages alarmants et les accusations contre le gouvernement rapportent gros aux associations de la société civile. Au lieu d’accorder leurs appuis aux projets du gouvernement, certains partenaires occidentaux préfèrent augmenter les financements de la société civile. Et cet argent est géré dans l’opacité totale. Pour que personne ne demande des comptes à la société civile, elle a trouvé la ruse de faire de la diversion. C’est ainsi que FORSC, OAG, FOCODE et APRODH, pour ne citer que ces associations qui reçoivent beaucoup de financements de l’étranger, viennent de porter plainte contre le gouvernement devant la cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

Il s’agit de la pure diversion quand on sait que cette plainte ne va pas aboutir. En effet, même si le Burundi a ratifié le traité créant la cour africaine des droits de l’homme et des peuples et que Gérard NIYUNGEKO (un Burundais) dirige cette cour, la plainte de la société civile est irrecevable pour cette importante raison que le Burundi n’a pas accompli la formalité de base.

Dans le traité, il est clair que les citoyens et les associations d’un pays ne peuvent pas attaquer leur pays d’origine aussi longtemps que ce pays n’a pas fourni de déclaration autorisant ce genre de saisine. Plusieurs affaires déjà tranchées par cette cour vont dans ce sens. Il en a été ainsi en 2011 pour les cas des citoyens ou des associations de Côte d’Ivoire, du Nigéria, du Mozambique ou du Cameroun. Faute de déclarations de ces Etats, la cour a débouté les plaignants. Mais comme les associations FORSC, APRODH, OAG et FOCODE aiment la diversion, elles ont médiatisé cette affaire de plainte et beaucoup de Burundais ont été pris à ce piège. Mais le mensonge porte des fleurs et jamais des fruits !