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Avec le 11e Fonds européen de développement (Fed), l’Union européenne a décidé pour le Burundi un doublement de son appui. Cela ressort d’un entretien que le représentant de la Délégation de l’Union européenne au Burundi, Ambassadeur Patrick Spirlet a accordé au Renouveau dans la matinée du mercredi 5 novembre 2014.

Question : Quelle appréciation pouvez-vous faire des relations entre le Burundi et l’Union européenne ?

Réponse : Les relations entre le Burundi et l’Union européenne sont anciennes puisqu’elles remontent à la toute première convention de coopération signée par la Communauté économique européenne de l’époque, en 1963. Depuis cette époque, l’Union européenne est aux côtés du Burundi.
Ce sont également des relations importantes. Depuis l’accord de Cotonou et le traité de Lisbonne, le volet coopération au développement a pris une dimension plus politique.

Pour ce qui est de la coopération, l’Union européenne a décidé pour le Burundi un doublement de son appui avec le 11e Fonds européen de développement (Fed). Ainsi, le montant accordé pour la période 2014-2020 est de 432 M€ et celui-ci est complété par d’autres instruments financiers, avec la programmation régionale et plusieurs « facilités », en particulier pour la paix et la sécurité.

Sur le plan des rapports politiques, notre relation s’est également renforcée. Nous avons parfois des analyses et des perceptions différentes mais nous entretenons un dialogue régulier, sur tous les sujets, en conformité avec nos engagements mutuels pris dans l’accord de Cotonou ; cela implique de se parler avec franchise et de ne pas se cacher les sujets de préoccupations. Cela est non seulement la marque du respect, mais correspond aussi à une exigence de transparence, de plus en plus présente dans les relations internationales.

Q. : Quel regard portez-vous sur les élections de 2015 au Burundi ?

R. : La phase préparatoire des élections a permis de mettre en place à la fois les cadres juridiques et politiques nécessaires à l’organisation d’élections satisfaisantes, c’est-à-dire répondant aux standards internationaux en matière de transparence, de régularité et d’inclusivité : code électoral rénové, prenant notamment en compte plusieurs des enseignements tirés des précédentes élections ; feuille de route et ensuite code de conduite. Les différentes interventions du président de la République, s’engageant personnellement en faveur d’élections libres et apaisées, contribuent également à la création d’un contexte favorable. Tout ceci est positif. En revanche, nous souhaitons que l’esprit de la feuille de route, surtout en ce qui concerne l’inclusivité, soit mieux retenu dans le processus géré par la Ceni. Ainsi, la consultation de toutes les parties prenantes, en dehors de toute considération légalistique, et le dialogue le plus large seraient de nature à rassurer et donc à contribuer à un climat apaisé.

Q. : Quel est le pas qui a été franchi par l’Union européenne pour la réussite de ces élections ?

R. : L’Union européenne est aux côtés du Burundi dans la préparation des élections de 2015 que nous considérons comme très importantes pour la consolidation de la paix et de la démocratie dans ce pays qui a connu une histoire douloureuse. Elle l’est de trois manières. D’abord en poursuivant avec l’ensemble des parties prenantes un dialogue franc. Ceci implique de poser, dans le cadre du dialogue politique, quelques éléments qui nous semblent importants pour que les élections soient sincères et crédibles, et permettent notre appui. Ceci se traduit également par un appui à la société civile, dont nous savons tous qu’elle elle un élément indispensable au bon fonctionnement de la démocratie (d’ailleurs plusieurs des projets de coopération que l’Union européenne finance constituent un soutien aux actions d’accompagnement du processus électoral). Ensuite, en appuyant financièrement le processus électoral, pour un montant de 8 M€, ce qui fait de l’Union européenne le premier contributeur financier à ce processus. Cette contribution est affectée au fonds de financement géré par le Pnud, ce qui a notamment pour mérite de coordonner notre aide à celle apportée par d’autres contributeurs, en particulier plusieurs Etats membres de l’Union européenne. Cet appui reste néanmoins lié au respect des engagements pris par les parties prenantes dans le cadre de la feuille de route et du code de bonne conduite. Enfin, en prenant en compte la demande formulée par le gouvernement du Burundi de déployer une mission d’observation électorale, même si, pour des raisons de calendrier, la décision d’envoyer une telle mission n’a pas encore été prise.

Q. : Quel message pouvez-vous adresser à l’intention des partis politiques burundais à la veille des élections de 2015 ?

R. : Le premier message est très simple : «participez!». Ce serait la plus grande erreur que de ne pas participer à ces élections. Ce message va évidemment à ceux qui, dans l’opposition, pourraient être tentés de se retirer du processus pour telle ou telle raison. Au parti au pouvoir, notre message est celui de l’ouverture : c’est de mettre en œuvre toutes les mesures qui peuvent contribuer à un climat apaisé et de confiance réciproque tant sur le plan de l’exercice des libertés publiques que de l’ouverture de l’espace politique. Notre message, c’est enfin de rappeler que tout système politique démocratique a besoin d’une opposition suffisamment forte pour fonctionner, et qu’une belle victoire électorale ne se mesure pas seulement dans les chiffres, c’est même parfois l’inverse, mais dans la manière de gagner.

Propos recueillis par Salvator Kadende, 6 / 11 / 2014 , http://www.ppbdi.com