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Au Burundi, pour la deuxième fois, tous les partis politiques reconnus ou non par le ministère de l’Intérieur se retrouvent, ce mardi, pour faire un bilan étape de la feuille de route devant mener à des élections libres, justes, inclusives et paisibles en 2015. Une feuille de route avait été adoptée par consensus en mars 2013. Où en est-on de sa mise en place ?

Il y a eu tout d’abord l’adoption à l’unanimité du nouveau code électoral, le texte est encore en attente de promulgation. Mais de l’avis général, c’est l’une des plus grandes avancées depuis la dernière réunion d’évaluation en novembre. Avec, notamment, l’adoption d’un bulletin unique et le regroupement des scrutins.

Des inquiétudes demeurent. Du côté du Bureau des Nations unies (Bnub), il y a surtout la circulation illicite des armes, mais aussi le niveau de violence et notamment politique. Le Bnub suggère d’ailleurs aux autorités de lancer une nouvelle campagne de désarmement des populations civiles. Le recours à la violence n’a pas sa place en démocratie, c’est le point 9 de la feuille de route, a d’ailleurs rappelé le représentant de Ban Ki-moon au Burundi lors de sa conférence de presse.

Pour le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, les comités mixtes de sécurité qui devraient être mis en place dans chaque commune, incluant les autorités, les forces de sécurité, les partis politiques et la société civile devraient régler l’essentiel des problèmes rencontrés jusqu’ici. Tandis que l’opposition dénonce toujours les agissements des Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir.

L’opposition d’ailleurs qui reste toujours divisée, entre le FNL et l’Uprona, en deux ailes, l’une qualifiée de légale et l’autre qui se considère comme légitime, le Bnub estime qu’il faut encore remplir le point 25 de la feuille de route. A savoir, encourager leur réunification et veiller à la non-ingérence dans le fonctionnement des partis politiques.

Enfin, la vigilance doit être portée sur un dernier point, le numéro 10, que les coorganisateurs de cette nouvelle rencontre d’évaluation tiennent à souligner. Il concerne le rôle clef des médias dans la création d’un environnement propice aux élections. Des médias appelés par le gouvernement, comme le Bnub, à garder le sens des responsabilités.

■ Une étude indépendante fait le point sur le paysage médiatique

Au Burundi, la RPA, la radio publique africaine est officiellement la première radio du pays. Cette radio privée souvent critiquée par les autorités et qui avait été créée par l’opposant Alexis Sinduhije, est selon une étude présentée, lundi, passée largement devant la radio nationale, la RTNB. Cette étude financée par le PACAM, le plan d’action commun d’appui aux médias, le projet multi bailleurs de soutien aux médias burundais, était l’une des demandes exprimées lors des premières assises des médias qui se sont tenues il y a quelques jours à Gitega.

Premier constat, les médias internationaux sont quasi-inexistants au Burundi. Ce sont d’abord les radios nationales qui sont les plus suivies grâce aux programmes en langue locale, le kirundi, mais pas seulement. Les Burundais sont avant tout friands des informations de leur pays. La RPA se tire la part du lion, surtout avec la tranche d’information de la mi-journée, devenue selon Immar, la société qui a réalisé l’étude, un rendez-vous national.

Toutes les radios enregistrent peu d’écoute en dehors des tranches traditionnelles d’information. Une exception : Kabizi, l’émission de libre antenne de la RPA où les auditeurs posent des questions à des personnalités, ministres ou leaders de l’opposition. Si la radio publique africaine est considérée comme le porte-parole du peuple, les auditeurs estiment aussi que l’information y est incomplète, partiale et polémique. Juste après la RPA, on retrouve la radio nationale, la RTNB toujours considérée par le public comme une institution. Puis les radios privées Bonesha et Isanganiro vues elles comme plus fiables.

Côté télévision, La RTNB reste en tête, grâce au journal de 20h qui reste là aussi une institution. Suivie par la nouvelle venue, Rema TV considérée comme plus attractive. Télé renaissance passe à la troisième position sauf à Bujumbura

Au niveau des journaux, deux titres sortent du lot : le quotidien gouvernemental, le Renouveau du Burundi et Iwacu. La presse écrite est de loin le média avec le moins d’audience dans le pays.