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Le Forum National des Femmes du Burundi a salué la “clairvoyance” de l’Union Africaine (UA) sur la situation burundaise, a déclaré samedi à Bujumbura Ménédore Nibaruta, vice-président de ce forum regroupant plusieurs associations féminines burundaises.

Mme Nibaruta s’exprimait au cours d’un point de presse tenu en marge d’une manifestation de ce forum contre le rapport de la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur le Burundi.

Le 4 septembre, cette commission onusienne a rendu son rapport final et exhorté la Cour pénale internationale d’enquêter dans les plus brefs délais sur ce qu’elle a qualifié de “violations des droits de l’homme relevant du crime contre l’humanité” commises au Burundi depuis avril 2015.

Le 8 septembre dernier, le Commissaire chargé de la paix et de la sécurité à l’UA, Smaïl Chergui, a déclaré que l’UA s’oppose à l’ouverture d’une enquête sur le Burundi par la CPI sise à la Haye (Pays-Bas) conformément à un appel récent de cette commission juridiction internationale fondée sur le “Statut de Rome”.

Sur ce, le commissaire Chergui a précisé que l’Afrique disposait de sa propre juridiction, à savoir la Cour Africaine, pour statuer, le cas échéant, sur des affaires interafricaines, en terre africaine.

“Nous saluons la clairvoyance de l’UA contre l’approche insidieuse de l’occident qui cherche à installer au pouvoir ses valets et les putschistes qui craignent la voie des urnes”, tel est l’un des slogans scandés en chœur par les femmes burundaises venues à cette manifestation qui a emprunté les principales artères de la capitale burundaise.

Dans un communiqué remis à la presse, le forum national des femmes du Burundi a dénoncé le contenu de ce rapport “dangereusement biaisé” avec derrière une intention manifeste de “jeter le discrédit” sur les institutions burundaises.

Le communiqué fustige que ce rapport parle d’un “manque réel de volonté à lutter contrer l’impunité et à garantir l’indépendance du système judiciaire”.

Ce rapport ainsi dénoncé au cours de cette manifestation, sera présenté le 18 septembre prochain à Genève par l’Algérien Fatsah Ouguergouz, président de cette commission d’enquête des droits de l’homme de l’ONU sur le Burundi.

Le forum national des femmes burundaises a demandé également aux membres de cette commission onusienne, de “se ressaisir en menant de façon impartiale, objective et professionnelle” en approchant toutes les sources impliquées.

Pour sa part, Willy Nyamitwe, conseiller principal chargé du Bureau PIC (Presse, Information et Communication) à la présidence de la république burundaise, a réagi à chaud au lendemain de la sortie de ce rapport en le qualifiant de “complot occidental” dirigé contre le gouvernement du président Pierre Nkurunziza.

“Ce ne sont pas des enquêteurs ; mais plutôt des mercenaires payés pour valider un rapport narratif déjà en circulation confectionné à partir de certains rapports des occidentaux, afin d’ouvrir la voie à la CPI”, a dénoncé M. Nyamitwe.

La commission d’enquête sur le Burundi a été créée par une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU adoptée le 30 septembre 2016.

La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a ouvert un examen préliminaire le 25 avril 2016 sur les accusatiopns de violations des droits des humains au Burundi depuis avril 2015.

Les autorités burundaises avaient en revanche expliqué à la procureure de la CPI que l’ouverture d’un tel examen n’était pas nécessaire dans la mesure où l’appareil judiciaire burundais était compétent pour statuer sur tous les crimes commis dans le pays, a fait remarquer ce samedi 9 septembre à Bujumbura dans une conférence de presse M. Sylvestre Nyandwi, procureur général de la république du Burundi.

Le 27 octobre 2016, le Burundi a signifié sa décision de se retirer de la CPI en lui reprochant “son manque d’indépendance”. Toutefois, ce retrait ne deviendra effectif qu’un an après, soit le 27 octobre prochain.

Xinhua