Angola : que reproche la justice à Isabel dos Santos et son mari Sindika Dokolo ?
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La justice angolaise a décidé de saisir les biens d’Isabel dos Santos et de son mari, Sindika Dokolo. La fille de l’ancien président et son conjoint sont accusés d’avoir causé des pertes de plus d’un milliard de dollars à l’État angolais. Une décision que conteste le couple.
 
Luanda met en cause leur partenariat avec des sociétés d’État comme la Sonangol pour le pétrole ou la Sodiam pour les diamants. Pour la justice angolaise, il est prouvé que l’État, plaignant dans cette affaire, est fondé pour réclamer plus d’un milliard de dollars au couple. Par l’intermédiaire de ses deux sociétés, il aurait transféré d’énormes quantités de devises étrangères à des sociétés à l’étranger dont les bénéficiaires finaux étaient Sindika Dokolo et Isabel dos Santos, sans « le retour convenu ».
 
Dans le cas de la Sonangol, Exem Energy BV, présenté comme une société du couple, doit toujours 75 millions d’euros à la compagnie pétrolière d’État. Cette société a tenté de rembourser cette dette en kwanza, la monnaie nationale, juste avant qu’Isabel dos Santos ne quitte la tête de la Sonangol, et ce alors que le kwanza ne cesse de se dévaluer et n’est presque plus convertible. La dette avait été contractée, elle, en euros.
 
La plupart des actifs à l’étranger
 

Même accusation du côté de la Sodiam. La société diamantifère avait investi au côté du couple pour racheter De Grisogono, le joaillier suisse qui connaissait à l’époque de graves difficultés financières et continue d’en connaître. La Sodiam a affirmé n’avoir jamais bénéficié de son investissement de quelque 150 millions de dollars. Le tribunal assure que les conditions requises pour une saisie préventive sont remplies, mais rappelle que la plupart des actifs des deux intéressés sont eux à l’étranger.

 
Les comptes bancaires et actions de la fille et du gendre de l’ancien président José Eduardo dos Santos ont été gelés provisoirement par le tribunal provincial de Luanda.
Dans le communiqué du procureur de la République, l’Etat angolais se déclare également lésé de plus d’un milliard de dollars. La cause : un prêt contracté avec une garantie souveraine non remboursé. Un autre homme d’affaires et un de leurs associés, Mario Filipe Moreira Leite da Silva, voit lui aussi ses avoirs bloqués provisoirement par la justice.
 
Dénégation de la famille
 
Le nouveau président Joao Lourenço, élu en 2017, a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Ce n’est d’ailleurs pas le premier membre de la famille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos poursuivi en justice. Son fils José Filimino Dos Santos, ancien patron du fonds d’investissement souverain angolais, comparait devant le tribunal suprême de Luanda depuis le 9 décembre pour détournement de fonds et blanchiment d’argent.
 
Joint par RFI, Sindika Dokolo rejette les accusations et dénonce une instrumentalisation de la justice angolaise contre une famille, la sienne, celle de sa femme. Il dit que plusieurs des affaires mentionnées sont déjà devant d’autres cours de justice et notamment une cour d’arbitrage à Londres et qu’il a l’espoir d’être blanchi par des instances plus indépendantes.
 

Il dénonce le piratage de documents confidentiels de gestion auxquels des documents falsifiés ont été mêlés, le tout pour les transformer lui et sa femme en victimes expiatoires. Lui aussi prend pour exemple l’affaire de la Sonangol et pointe que ce n’est pas qu’eux ont refusé de rembourser, mais leur paiement a été refusé par le nouveau régime. Pour lui, ça tient du règlement de compte politique.

03.01.2020

MHI