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DANS LES COULOIRS DE L’ELYSÉE, LE PRÉSIDENT FRANÇAIS A LONGTEMPS HÉSITÉ AVANT D’APPORTER SON SOUTIEN AU RÉFÉRENDUM CONVOQUÉ PAR DENIS SASSOU NGOUESSO.

En estimant publiquement, le 21 octobre, que Denis Sassou Nguesso avait « le droit de consulter son peuple » à quelques jours d’un référendum constitutionnel – remporté par plus de 93% des suffrages « exprimés » -, François Hollande a opté pour la prudence. Voulant éviter d’attiser les tensions à Brazzaville, qui auraient débordé sur Kinshasa, il s’est refusé à donner un quitus aux forces de l’opposition. Mais les conséquences de cette position se sont fait ressentir jusque dans son premier cercle.

Cette déclaration est allée à rebours de toutes celles, notamment concernant le référendum constitutionnel voulu par Blaise Compaoré, pour lesquelles le chef de l’Etat français s’était montré, dès l’été 2014, extrêmement critique. Elle prend en outre le contre-pied de la ligne affichée par le Parti socialiste depuis 2012. En privé, l’avocat William Bourdon, à la pointe du dossier dit des Biens mal acquis (BMA) et proche de la gauche française, s’est dit « sidéré ». Sentant une vague d’incompréhension monter à Brazzaville, les avocats Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard, tous deux très proches de François Hollande, se sont, comme l’a révélé La Lettre du Continent, aussitôt rapprochés des principaux opposants congolais à Paris. Prenant symboliquement leur distance avec l’Elysée, les deux robes noires ont été constituées pour défendre les intérêts de plusieurs personnalités tels Mathias Dzon ou encore l’ex-ministre Guy Parfait Kolélas (LC nº715).

FAUX BOND AUX OPPOSANTS
Devant la levée de boucliers des forces hostiles à Sassou Nguesso, les collaborateurs du président français ont toutefois tempéré en rédigeant un communiqué mieux « équilibré ». Un texte directement inspiré par la conseillère Afrique, Hélène Le Gal. Le 28 octobre, cette dernière devait également recevoir dans la matinée plusieurs membres du mouvement « Dégage Sassou », lesquels devraient annoncer, depuis Paris, la création d’un Conseil national de la résistance et de la transition(CNRT) regroupant différents partis de l’opposition congolaise. Avant de rencontrer Hélène Le Gal, les mêmes opposants ont été reçus à l’OIF et par Jean-Christophe Belliard, patron de la Direction Afrique et océan Indien (DAOI) du Quai d’Orsay.