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En marge de l’escalade verbale entre Moscou et les capitales des pays occidentaux, la Russie et l’OTAN se préparent à se faire la guerre, affirme un groupe d’anciens hauts gradés, de politiciens et d’ex-ministres des Affaires Etrangères et de la Défense, l’European Leadership Network (ELN). Mercredi, cette organisation a présenté un rapport indiquant que les armées des deux forces s’entrainaient depuis peu “pour le pire”.

L’ELN a analysé le déploiement progressif d’unités des deux protagonistes, notamment les exercices militaires de l’armée russe, et les exercices du bouclier allié de l’OTAN, pour décrypter les dispositions et la réflexion stratégique qui étaient derrière. Selon son rapport, “la nature et l’échelle des opérations” indiquent que ces exercices n’ont pas été conçus pour s’appliquer à un belligérant hypothétique, comme cela a été allégué officiellement, mais qu’au contraire, “chaque côté s’entraîne clairement avec les capacités de l’autre côté et des projets de guerre en vue”.

En mars, la Russie a organisé des exercices militaires impliquant 80.000 hommes, y compris des troupes des forces aériennes et des unités Spetsnaz, 12.000 véhicules et 220 avions. Cet exercice s’est déroulé à la frontière de la Russie avec l’Europe et au nord du pays.

ils comprenait le déploiement d’unités de parachutistes, des simulations de batailles navales et des opérations pour défendre les centres de commandes de l’armée. Dans l’un des cas, un commando a simulé un raid sur les quartiers généraux de la Flotte du Nord basée à Mourmansk. selon l’ELN, ces exercices pourraient avoir été conçus avec l’OTAN en vue.

De son côté, l’OTAN a organisé des exercices qui semblaient aussi avoir un adversaire unique en vue en Europe de l’Est. Le plus modeste d’entre eux faisait intervenir 15.000 hommes, et il avait pour thématique l’invasion d’un Etat membre de l’OTAN, que ces hommes devaient contrer.

Les planificateurs de l’OTAN se sont rendus compte à cette occasion qu’ils devaient revoir l’organisation logistique pour permettre le déplacement de grandes quantités de matériels et d’équipement dans toute l’Europe. En effet, les procédures actuelles datent de la période de la Guerre Froide.

“Depuis le début de la crise en Ukraine, nous assistons à une intensification des exercices et à une augmentation de leur portée”, commente Lukasz Kulesa, directeur de recherche auprès de l’ELN. “La Russie augmente la préparation au combat de ses forces et elle cherche à envoyer un certain nombre de messages à l’OTAN. La machinerie russe a prouvé qu’elle pouvait se déplacer bien plus facilement que l’OTAN. L’OTAN s’adapte à cette situation… Elle se situe entre les deux… Traitant la Russie comme un véritable opposant, ce qui impliquerait que les exercices de l’OTAN devraient être bien plus vastes et importants”.