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Monsieur le président
Au nom de l’Institut d’Encadrement et de Formation par la pratique des métiers que je préside, au nom de tant de personnes d’origine burundaise et des journalistes de métiers au Burundi qui s’ inquiètent que l’indiscipline et le mensonge risquent de détruire leur métier ainsi que la bonne cohérence des burundais, j’ai l’honneur de vous adresser cette lettre et vous inviter à la lire avant de prendre des mesures qui pénaliseraient l’effort des Burundais pour bâtir la confiance mutuelle.

. Avant d’entrer au vif du sujet, je viens de terminer une formation en journalisme et je suis de nationalité belge d’origine burundaise. Comme d’autres qui ont une famille et ses origines dans ce beau pays de mille collines, je m’intéresse à l’évolution vers la paix ou vers le chaos au Burundi. Je suis serein que la paix durable peut revenir et que les fils et filles d’un même pays pourront se réconcilier et construire ensemble l’avenir dans la paix et la tranquillité. Je suis fier que l’Union européenne ne cesse de venir en aide au Burundi et que tôt ou tard le pays sortira de la crise, de la misère.

Aujourd’hui comme dans le passé, le Burundi se prépare aux élections démocratiques. Plusieurs partis politiques font des alliances pour entrer dans la compétition politique. Notre constatation en est que tous les coups sont permis dans ce pays et chaque prétendant au poste de président de la république veut ridiculiser l’autre. Dans cette campagne qui risque d’être déloyale, nous constatons avec regret que les Médias burundais et quelques journalistes ne font qu’exercer leurs métiers dans le cadre de faire une publicité ou une propagande à tel ou tel candidat et le métier journalistique est bafoué au grand jour au Burundi.

Nous suivons très attentivement l’emprisonnement d’un grand journaliste qui occupe les fonctions de directeur d’une Radio privé RPA, il s’agit de Monsieur RUGURIKA Bob en prison à Muramvya. Nous savons que quand il s’agit d’enquête journalistique, il consiste à travailler sur un sujet pour une période plus longue et de manière très approfondie voire exhaustive afin d’arriver à un traitement complet et à la découverte de faits inédits. C’est un travail de longue haleine et l’aboutissement devrait être une vérité incontestable sans vouloir incriminer à la hâte une personne ou un gouvernement. C’est vrai qu’une enquête peut aussi bien porter sur une affaire judiciaire qu’un fait politique ou sur une affaire criminelle. Le journaliste ne choisit pas son sujet par hasard, il pèse le pour et le contre avant de se lancer dans un travail d’investigation. A mon avis, il faut que l’enquête soit réalisable, que les informations soient relativement accessibles, que les contacts soient disponibles. Le journaliste d’enquête implique de multiplier et de confronter les sources, d’effectuer de nombreux entretiens pour se forger une connaissance irréprochable du sujet et de la forme indépendamment des opinions reçues et des travaux déjà publiés. Il exige du journaliste un travail minutieux et constant de recherche et d’analyse des informations récoltées.

• Un travail d’enquête exige du journaliste qu’il ne soit pas pressé par le temps ou par l’argent, au risque de commettre des raccourcis ou de se laisser influencer. Or nous savons que la radio RPA est une radio fondée par SINDUHIJE Alexis qui combat le gouvernement du Burundi. Prendre des mesures contre ce gouvernement qui essaie difficilement de rassembler les burundais pour arriver à se réconcilier selon les accords d’Arusha, prendre des mesures hâtives de sanctionner un gouvernement légitime alors que la justice se penche sur la problématique pour cela serait une ingérence dans la justice d’un pays souverain. Nous savons qu’au Burundi le mensonge et la diabolisation deviennent monnaie courante et ce fléau commence à contaminer tout le monde.

• Nous sommes désolés et déçus que la justice burundaise n’a pas eu le temps de découvrir les assassins qui nous ont toujours endeuillés et pourquoi? Peut-être que des ingérences ont toujours découragé toute sorte d’enquête et nous resterons dans l’ignorance totale jusque quand?

• Des missionnaires sont assassinés depuis 1972 et ces honnêtes gens n’ont pas eu personne capable de traduire les criminels en justice.

• Des missionnaires depuis 1993, Abbé SINGOYE Michel à NGAGARA devant son église et personne n’a voulu condamner les assassins de ce prélat missionnaire

• Des prêtres à Muyinga et des grenades dans une église remplie de chrétiens.

• La mort ignoble de l’archevêque Joachim Ruhuna de Gitega, etc.

23 juin 1995 : Gitega, à la paroisse de Nyabiraba, les milices « Sans-Echecs et sans capote » attaquent une foule devant l’Eglise 18 morts et une centaine de blessés

29 septembre 1995 :
Buyengero (Bururi) Trois missionnaires italiens sont assassinés par des milices du SOGEDEM . Motif, les Pères avaient pris défense des pauvres dans un procès, ils auraient été témoins de massacres commis par des militaires.

• L’archevêque Joachin Ruhuna devrait visiter l’une de sa paroisse pour encourager les chrétiens dans ces moments difficiles. Pour se rassurer, il n’avait pas envisagé partir avec des militaires dans sa voiture, car la population aurait eu peur de l’accueillir avec des militaires. Il avait préféré prendre des religieuses Hutu et un séminariste Hutu pour s’assurer de la confiance des Hutu. Il a été assassiné à 4 km de la position militaire.

• Le nonce apostolique à Bujumbura a succombé à ses blessures dans une attaque armée quand il venait de Minago. Tous ces crimes ignobles sans jugement dans un pays de droit.

• L’assassinat des séminaristes de Buta dans la province de Bururi quand toute la population était armée en temps de guerre civile.

• Aujourd’hui à la une les trois religieuses de Kamenge et chaque fois la justice burundaise est découragée par une force étrangère el l’enquête n’aboutit jamais dans un pays de droit.

• Nous voulons que tous les crimes commis envers les religieux et les autres innocents soient punis un jour
Dans chaque pays, la justice peut s’occuper d’un dossier et personne ne peut divulguer l’enquête en cours dans l’intérêt public. Ici en Europe et ailleurs quiconque qui passe outre la déontologie journalistique peut avoir une punition ou un blâme et cela n’est pas considéré comme un harcèlement vis-à-vis des journalistes en fonction dans un pays.

Pourquoi ai-je voulu vous envoyer cette lettre? Je sais que le Parlement Européen va se pencher sur le dossier Bob RUGURIKA en prison, c’est pour cette raison que je voulais porter à votre étude la crainte des Burundais et d’autres personnes inquiètes devant un danger de désinformation, de mensonges, d’intoxication dans le but d’attiser la haine et la violence au Burundi et par le désordre empêcher que la campagne électorale se dérouler dans la tranquillité et la sérénité parfaite.

• Nous voulons que chacun fasse son devoir dans la sérénité et dans un respect mutuel. Que le gouvernement applique à la lettre la démocratie et le droit à l’expression, que les médias et les journalistes respectent la déontologie, les droits fondamentaux et les devoirs qui les obligent d’être corrects et impartiaux, Que la justice fasse son travail sans ingérence extérieur et nous demandons que sentence soit fait sur des crimes commis au Burundi depuis l’indépendance en 1962,1965,1971,1972,1993 jusqu’aujourd’hui.

• La réconciliation ne suffit pas. Il faut connaître les fautes et en demander le pardon. Je me pose la question comme tant d’autres. Bob Rugurika n’a-t-il pas tombé dans le piège que la plupart des médias au Burundi sont déjà. Les journalistes au Burundi ne sont-ils pas au service des bailleurs de fond qui les sponsorisent et ne font-ils pas des actes de publicités ou de propagandistes des entreprises ou des forces négatives? Bob RUGURIKA avant de relater son investigation a-t-il vérifié s’il a respecté les devoirs du journaliste qui sont je cite:
• Le respect de la vérité, quelques qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.
• Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique
• Publier seulement de l’information dont l’origine est connue et ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et documents
• ne pas user des méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents
• S’obliger à respecter la vie privée des personnes
• Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte
• garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement.
• S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et les accusations sans fondement, ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou des suppressions d’une information
• Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste, et n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs.
• Refuser toute pression et n’accepter de directive rédactionnelle que des responsables de la rédaction.
Si tous ces éléments ont été respecté par nos journalistes en fonctions, veuillez atteindre une solution qui va libérer notre confrère Rugurika Bob de la prison ou bien en d’autres termes, veuillez laisser monsieur le Président du Parlement Européen, la justice burundaise au moins arriver à trouver la solution et pouvoir trouver les vrais assassins de nos braves religieuses à partir de cette incidence journalistique..

NIYONGABO Philippe
Journaliste de formation
Président fondateur de IERFA asbl.