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Chassé par la rue, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a quitté le pouvoir vendredi après 27 ans de règne, et le chef d’état-major s’est aussitôt proclamé chef de l’État.

«Révolution» populaire ou «coup d’État» militaire? La chute de M. Compaoré plonge ce petit pays pauvre du Sahel dans une période d’incertitudes. Elle est aussi un énorme coup de semonce pour les présidents africains qui seraient tentés, comme lui, de retoucher la Constitution pour rester indéfiniment dans leur palais.

Arrivé en 1987 au pouvoir par un putsch qui s’était soldé par la mort de Thomas Sankara, icône du panafricanisme, M. Compaoré, qui fut longtemps l’un des hommes forts d’Afrique de l’Ouest, a été contraint de tirer piteusement sa révérence.

«Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (…), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d’une transition», a déclaré M. Compaoré dans un communiqué lu à la mi-journée par une journaliste à la télévision privée BF1.

Cette transition devra «aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours», a-t-il ajouté.

«Le grand baobab est tombé»

«Nous avons accompli notre mission: le grand baobab est tombé, terrassé par la population», exultait Jacques Zongo, fonctionnaire de 33 ans coiffé d’un chapeau aux couleurs du Bukina.

Selon la diplomatie française, celui qui n’est désormais plus qu’ex-président du «pays des hommes intègres» est parti «vers le sud» du Burkina, en direction de Pô, une ville proche de la frontière avec le Ghana.