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Photo: ppbdi.comIls attendent patiemment l’annonce du calendrier du dialogue

Au cours de sa dernière visite au Burundi, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Michel Kafando, s’est entretenu avec certaines autorités burundaises au sujet du dialogue interburundais externe et de la révision de la Constitution en cours au Burundi. La rédaction du quotidien « Le Renouveau » a tendu le micro à certains hommes politiques pour savoir leur réaction sur le fait qu’il n’a pas rencontré la classe politique. Ils ont également émis leurs propositions sur la conduite de ce dialogue.

D’après le président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri Iragi rya Ndadaye, Kefa Nibizi, il a appris à travers les réseaux sociaux que cet envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies est venu au Burundi pour consulter certaines autorités burundaises. « Nous avons aussi appris par un communiqué que parmi les sujets à discuter figurait nécessairement la conduite du dialogue interburundais qui se déroule à Arusha ». Il a également appris que M. Kafando est venu au Burundi après avoir consulté les membres de l’opposition qui sont à l’extérieur du pays. De sont côté, le président du Rassemblement des démocrates du Burundi (Radebu), Jean de Dieu Mutabazi a indiqué que M. Kafando s’est entretenu avec l’Ombudsman burundais et le ministre des Relations extérieures et de la coopération internationale au sujet du dialogue interburundais externe et au sujet de la révision de la Constitution en cours au Burundi. « C’est sur ces thèmes qui sont aujourd’hui d’actualité que M. Kafando a eu à s’entretenir avec les différentes personnalités qu’il a rencontrées, que ce soit les personnalités burundaises au pouvoir ou à l’opposition, qu’elles soient à l’intérieur du Burundi ou à l’extérieur ». Selon lui, c’est également sur les mêmes sur thèmes d’actualité qu’il doit avoir échangé avec le facilitateur Benjamin Mkapa. S’exprimant sur la raison qui aurait poussé cet envoyé spécial à ne pas rencontrer la classe politique qui se trouve ici au Burundi, M. Mutabazi estime que ce visiteur serait tombé dans le piège de ceux qui voudraient diviser la classe politique en deux catégories, c’est-à-dire ceux de l’extérieur et ceux de l’intérieur. « De cette façon, je pense qu’il serait passé par une fausse route parce qu’il aurait été mieux qu’il écoute tout le monde pour avoir la réalité sur la situation politique au Burundi. Au cas contraire, il pourrait être piégé par l’une ou l’autre partie qui voulait manipuler la situation politique burundaise pour se donner une place en disant voilà nous sommes de l’opposition et les autres sont dans la mouvance alors que ce n’est pas le cas ».

La révision de la Constitution suit le processus légal

A propos de la révision de la Constitution, M. Mutabazi se réjouit du fait qu’il y a une opinion majoritaire qui la soutient car elle est en train de suivre le processus légal prévu par la Constitution elle-même. Selon lui, c’est un processus participatif parce qu’elle tient compte des consultations populaires de toutes les couches sociales touchées par la Commission nationale de dialogue interburundais (CNDI). Non seulement, ajoute M. Mutabazi, cette révision emprunte le processus légal et participatif, elle vient aussi renforcer la démocratie et l’indépendance du pays. M. Mutabazi souligne également que cette révision tient aussi compte des échanges qui ont eu lieu à Entebbe en Ouganda et à Arusha en Tanzanie à plusieurs reprises, bien qu’ils n’aient pas encore été sanctionnés par des signatures. La dernière tentative a été organisée par l’Ombudsman burundais qui a organisé des échanges entre le parti politique au pouvoir et toute l’opposition dans sa diversité, c’est-à-dire l’opposition constructive et non violente, dont le Radebu fait partie, ainsi que l’opposition dure et rigoureuse appartenant à la plateforme le Cnared à savoir : le MRC, le Frodebu, le Parena et la Coalition des indépendants Amizero y’abarundi. Cependant, il souligne qu’au cours de cette rencontre les participants s’étaient convenus de préparer un document à remettre au facilitateur Benjamin Mkapa dans le cadre de la dernière session qui était prévue à mi-octobre en Tanzanie. Lequel document devrait comporter tous les points consensuels sur lesquels ils allaient signer et réserver les points de divergence sur lesquels on devrait échanger après les élections de 2020. Mais il déplore le fait que, sous la pression des membres de l’opposition radicale de l’extérieur, leurs collègues de l’intérieur ont préféré faire la chaise vide à la dernière minute.
Stabiliser l’institution du chef de l’EtatToujours à propos de la révision de la Constitution, le président du Radebu, souligne qu’ils continuent à encourager la révision de la Constitution qui viendra clarifier toutes les dispositions controversées qui figurent dans l’actuelle Constitution dont l’article 96 sur les mandats présidentiels, mais également qui viendra harmoniser la Constitution du Burundi avec les autres Constitutions des pays membres des communautés auxquelles appartient le Burundi. M. Mutabazi laisse entendre qu’un des objectifs de la révision de la Constitution est de stabiliser l’institution du chef de l’Etat surtout que, dans le passé, c’est-à-dire en 1961 avec l’assassinat du Prince Louis Rwagasore, en 1966 avec le coup d’Etat de Michel Micombero, en 1976 avec le coup d’Etat du colonel Jean Baptiste Bagaza, en 1987 et en 1996 avec le coup d’Etat du major Pierre Buyoya, en 1993 avec l’assassinat du président Ndadaye et plus récemment avec le coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, on s’est rendu compte que l’institution présidentielle a déjà connu beaucoup d’instabilités. « Donc, la révision de la Constitution vient rendre plus stable l’institution présidentielle pour remédier à ces instabilités que cette institution a connues dans le passé ». Selon notre interlocuteur, un autre objectif de la révision de la Constitution du Burundi est le réaménagement des postes du premier et du Deuxième vice- président de la République en vice président et premier ministre pour une meilleure efficacité et bon fonctionnement du gouvernement ainsi que l’actualisation de la situation sociopolitique actuelle. Pour ceux qui trouvent que la révision de la Constitution n’est pas opportune en se basant sur l’article 299, qui disent que même le dialogue n’est pas encore conclu et que la cohésion sociale n’est pas totale, M. Mutabazi trouve que c’est une mauvaise interprétation de la situation sociopolitique car toutes les communautés burundaises et toutes les couches sociopolitiques sont unies dus sommet à la base jusqu’aux fins fonds des collines qui constituent le Burundi. Selon lui, il n’y a pas de problème de cohésion car le Burundi connaît l’unité et la sécurité aujourd’hui.

Prêt à répondre à l’invitation du facilitateur

DSC 0415A la question de savoir s’il est prêt à répondre à l’invitation du facilitateur même si l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies n’a pas rencontré les hommes politiques au sujet du dialogue interburundais externe, le président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri Iragi rya Ndadaye indique qu’il a appris qu’il y aurait un projet de calendrier du dialogue et qu’il est toujours prêt à répondre à l’invitation de la facilitation. « Au lieu de bouder ou ne pas répondre à cet appel, il nous faut plutôt y aller pour discuter sur le menu de l’échange ? De son côté M. Mutabazi indique que pour le parti Radebu et ses partis amis, ils attendent patiemment de la part du facilitateur Benjamin Mkapa qu’il leur annonce le nouveau calendrier pour la dernière session qui devrait avoir initialement lieu vers mi-octobre. Ils attendent de M. Kafando de convaincre les membres du Cnared de participer à la dernière session qui devra sanctionner les points consensuels. Toujours à propos de ce dialogue externe, Kefa Nibizi rappelle pour sa part que le dialogue est continu et qu’il y a un dialogue qui a été organisé ici au Burundi sous l’égide de la Commission du dialogue interburundais (CNDI), un dialogue qui a été clôturé et dont le rapport a été déjà rendu à qui de droit. Selon lui, le dialogue qui est en cours maintenant devrait permettre aux hommes politiques de bien conduire les élections de 2020. Cependant, a-t-il ajouté, ce dialogue ne doit pas nécessairement être sous la direction d’une certaine organisation extérieure ou d’un facilitateur. « Nous estimons que la classe politique burundaise est capable de le faire librement. C’est pour cette raison que nous aimerions que ce dialogue qui est sous la houlette de la Communauté est-africaine soit clôturé pour qu’il continue ici à l’intérieur soit avec l’Ombudsman burundais ou par le ministère de l’Intérieur qui nous réunirait pour échanger sur l’une ou l’autre question concernant les élections de 2020 ». Selon M. Nibizi, il est difficile que ce dialogue soit inclusif dans la mesure où tout le monde ne peut pas se rendre en Tanzanie. « C’est mieux qu’il soit organisé au Burundi pour que tout le monde y participe parce que toutes les conditions sont réunies pour que le dialogue politique puisse se dérouler au Burundi ».

Mauvaise considération

Pour les hommes politiques de l’opposition qui accusent la Tanzanie d’avoir un côté penchant à propos de ce dialogue et qu’il faut le retirer de la facilitation tanzanienne, le président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri Iragi rya Ndadaye indique qu’il s’agit d’une mauvaise considération parce que la facilitation en soi ne soutient aucune partie, ni l’opposition ni la mouvance. « Si ces gens voudraient un lieu où ils trouveraient les autorités qui les soutiennent, cela veut dire qu’il s’agit dores et déjà d’une fausse route ». Il indique aussi qu’au sein de son parti, les membres soutiennent que ce dialogue quitte la Tanzanie pour venir se poursuivre ici au Burundi parce que toutes les conditions sont réunies pour le bon déroulement de ce dialogue et pour que tout le monde puisse y prendre part. Selon lui, le dialogue doit être permanent parce que les Burundais ont adopté une culture de dialogue. « Donc il fallait qu’on continue ici au Burundi pour échanger sur tout ce qui nous permettrait de bien mener les élections de 2020 ». De son côté, M.Mutabazi, fait appel à la plateforme Cnared d’être moins pessimiste à l’endroit de la facilitation proposée par la Communauté de l’Afrique de l’Ouest et de maintenir la confiance envers la sous-région car, au regard de la situation de la démocratie et de la situation des droits de l’Homme au Rwanda, en Ouganda, au Kenya et au Sud-soudan, le Burundi se porte mieux.

Les politiciens burundais politiques ont déjà fait preuve de maturité politique

A la question de savoir si les différends politiques peuvent trouver des solutions définitives si le dialogue se déroule à l’intérieur du pays en l’absence des hommes politiques et des membres de la société civile qui sont à l’extérieur, M. Nibizi souligne qu’en principe le dialogue politique doit se dérouler entre la classe politique et qu’au Burundi cette classe politique est essentiellement composée par les partis politiques. « Presque 99 % des leaders politiques se trouvent ici au Burundi. Alors qu’est ce qui empêcherait qu’ils puissent se mettre ensemble et discuter sur l’une ou l’autre question ? ». Il indique également que les hommes politiques ont déjà fait preuve de maturité en matière du dialogue notamment à Kayanza sous la direction de l’Ombudsman du Burundi où ils ont discuté sans faux-fuyant. Selon lui, il y a eu des divergences de points de vue et personne n’a jamais été inquiété pour ses opinions. « Donc, que les gens se détrompent, il n’y a pas de classe politique exceptionnelle ou des gens à l’étranger qui, s’ils ne sont pas présents ici au Burundi la vie de la nation ne marchera pas ou pourrait en souffrir ». Pour certains hommes politiques qui se plaignent de ne pas avoir été rencontré par l’envoyé spécial Kafando ou même qui se plaindraient de n’avoir jamais été à Arusha ou à Entebbe, le président du Radebu leur tranquillise en disant qu’il continue à revendiquer que, pour rendre plus efficientes les consultations avec les hommes politiques, il faudrait rencontrer les présidents de tous les partis politiques agréés au Burundi.

Source : ASTERE NDUWAMUNGU / AMEDEE HABIMANA – http://www.ppbdi.com/index.php/ubum/imibano/9-actualite/8629-politique-reactions-des-hommes-politiques-a-propos-de-la-visite-de-l-envoye-special-du-secretaire-general-des-nations-unies-au-burundi