Le Burundi abrite la 9ème réunion de concertation de l’ASSECAA

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La capitale économique du Burundi Bujumbura a abrité du 19 au 20 septembre 2022, au palais des congrès de Kigobe, la 9ème réunion de concertation de l’Association des Sénats, Shoura et Conseils Équivalents d’Afrique et du monde Arabe ASSECAA, édition2022
Selon MAYARA ENAAM, Président du Sénat du Royaume de Maroc et Président de l’Association des Sénats, Shoura et Conseils équivalents d’Afrique et du Monde Arabe ASSECAA, cette 9ème réunion de concertation de l’ASSECAA s’est tenu à Bujumbura pour aborder deux grands sujets à l’agenda international à savoir :”les effets et les répercussions de la pandémie de Covid-19 sur l’économie arabo-africaine et la réponse des gouvernements pour y faire face ainsi que “les répercussions de la crise Russo-Ukrainienne”.

Dans son mot d’accueil, le Président du sénat burundais Emmanuel Sinzohagera a salué la contribution du Secrétariat Général de l’ASSECAA, en collaboration avec l’équipe du Sénat du Burundi, pour l’organisation minutieuse des activités de cette réunion de concertation.

Il a fait savoir que dans un premier temps, plusieurs études se sont concentrées sur la mortalité que la crise de Covid-a entraîné, négligeant ses effets économiques. Il est donc important d’analyser les politiques à mettre en œuvre pour en atténuer les conséquences, tant sanitaires qu’économiques.
Au moment où le monde commençait à sortir de la crise de la covid-19, une autre crise a subitement surgi. Il s’agit de la guerre russo-ukrainienne qui est venue imposer des défis supplémentaires à l’économie mondiale en général, et aux économies africaines et arabes en particulier, a poursuivi le président du sénat burundais.

Il a expliqué que c’est dans ce contexte mondial marqué par les conséquences de la covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne que l’ASSECAA a organisé cette réunion de concertation pour mieux appréhender les effets et les répercussions de la covid-19 sur les économies arabo-africaines, ainsi que les effets de la guerre russo-ukrainienne sur les chaînes d’approvisionnement, les prix de l’énergie et des denrées alimentaires.

Le Président de la chambre des conseillers du Maroc en même temps Président en exercice de l’ASSECAA a quant à lui indiqué que selon les estimations du Fonds Monétaire International(FMI), les pertes économiques mondiales dues à la pandémie atteindront 15000 Milliards $ d’ici la fin de 2024 soit 2.8% de la production mondiale.

Selon la Banque Mondiale, l’économie mondiale est entrée en 2022 dans une position plus faible que prévu, avec une baisse du taux de croissance mondiale de plus de 1.5% en 2021 et 2022.

Dans son discours de lancement des activités de la 9ème réunion de concertation de l’ASSECAA édition 2022, le Vice-président de la République Prosper Bazombanza au nom du Président de la République a d’abord remercié les délégations présentes et leur a souhaité de passer un bon séjour au Burundi et de bien jouir de l’hospitalité leur réservée.

Prosper Bazombanza a indiqué que cette réunion cherche à atteindre trois objectifs : partager les connaissances et les expériences entre parlementaires à travers la présentation des bonnes pratiques et des leçons apprises en vue d’élaborer et d’atténuer les impacts économiques de la Covid-19 ainsi que les répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur les économies des pays d’Afrique et du monde Arabe ; promouvoir le débat, le dialogue et la concertation Afro-Arabe sur les enjeux stratégiques et prioritaires dans les régions africaines et arabes, mieux comprendre les répercussions causées par la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne ; mettre en place une diplomatie économique parlementaire qui explorera les voies et moyens de renforcer la coopération économique Afro-Arabe dans une perspective stratégique, participative, intégrée et de développement basée sur le renforcement des liens économiques, commerciaux et humanitaires.

Le Vice-Président de la République a également indiqué que la Russie et l’Ukraine étant d’importants producteurs de matières premières, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont fait grimper les prix mondiaux en particulier pour le pétrole et le gaz naturel. Les prix des aliments ont bondi, avec le blé pour lequel l’Ukraine et la Russie représentent 30% des exportations mondiales.

Cette 9ème réunion de concertation de l’ASSECAA a été caractérisée par des exposés et échanges, l’économiste Léonidas Ndayizeye a indiqué qu’en 2020, le déficit global moyen s’est creusé de 7 %, pour atteindre 9,2 % du PIB, tandis qu’en 2021, le déficit budgétaire moyen de la région s’est réduit de 2,3 %.
Selon professeur Léonidas Ndayizeye, les déficits budgétaires importants ont augmenté la dette publique, aggravant une situation d’endettement déjà vulnérable. Ainsi, en 2020, la dette publique moyenne globale de la région a atteint 60 % du PIB, soit une hausse d’environ 13 % par rapport à 2019 et les flux nets d’investissements directs étrangers (IDE) vers la région ont diminué de 6 % en 2020.
Prof Léonidas Ndayizeye, parlant des effets économiques de la pandémie de coronavirus sur les économies africaines, a fait savoir qu’une baisse de l’activité économique mondiale a fait chuter la demande de biens et de services africains, en particulier celle des produits de base dont le continent dépend beaucoup. Citant l’exemple du Burundi, il a indiqué que les exportations ont diminué de 68,9% au second trimestre 2020, par rapport à la même période de 2019, passant de 99 114,2 millions BIF à 30 827,7 millions BIF. Les importations du pays ont augmenté de 13,1% au cours de la même période passant de 368 495,4 millions BIF en 2019 à 416 746,6 millions BIF en 2020.

S’agissant de la crise Russo-Ukrainienne, Selon l’OCDE (2022), même si le poids direct de la Russie et de l’Ukraine dans l’économie et la finance mondiales est modeste, les deux pays sont des fournisseurs essentiels de certains produits sur les marchés de matières premières (céréales, engrais, pétrole, gaz, métaux, gaz rares, uranium…). Les conséquences sur l’économie mondiale n’ont pas tardé à se manifesté : les prix de bon nombre de ces matières premières ont nettement augmenté après le déclenchement de la guerre, même en l’absence immédiate de baisse sensible des volumes de production ou d’exportation. Ainsi, l’impact économique le plus immédiat de la crise ukrainienne a été une forte hausse des prix des produits de base avec comme conséquence, des taux de croissance négatifs et des taux d’inflation élevés.

Selon l’OCDE, sur les 54 pays que compte l’Afrique: 11 sont de grands exportateurs d’énergie et les autres sont des importateurs nets d’énergie, ou en quasi-autosuffisance. De façon générale, le continent est un importateur net de matières premières agricoles et énergétiques. Trente‑huit des 45 pays d’Afrique subsaharienne étant des importateurs nets de pétrole. Une hausse des prix mondiaux se traduit pour ces pays par une augmentation de la facture des importations, des coûts de transport et des prix de la plupart des marchandises. Ils pourraient ainsi être fortement impactés économiquement par la crise en Ukraine, surtout si elle perdure.

Après échanges et débat, la réunion de concertation de l’ASSECAA a été sanctionnée par une déclaration conjointe dans laquelle, une série de recommandations a été émise. Il a été recommandé à l’ASSECA de :
– Transmettre les recommandations issues de cette réunion aux gouvernements respectifs pour leur mise en exécution
– Renforcer la diplomatie parlementaire des pays membres de l’ASSECAA;
– Participer à la session de réunion interparlementaire qui se tiendra à Kigali au mois d’octobre 2022 ;
– Collaborer pour écrire leur histoire propre
Aux gouvernements africains et arabes, il a été recommandé de :
– Profiter des crises actuelles de covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne pour établir et activer des partenariats stratégiques en vue d’assurer la sécurité alimentaire et énergétique arabo-africaine ;
– Investir dans des projets agricoles communs compte tenu de la disponibilité d’énormes excédants financiers, de vastes terres arables, de ressources et d’expériences diverses dans plusieurs domaines liés au processus de production alimentaire qui manque à l’intégration ;
– Préparer une série de mesures pour faire face aux conséquences de la hausse mondiale actuelle des prix des produits alimentaires de base ainsi que du carburant ;
– Accroître la production intérieure et réduire les importations ;
– Agir ensemble pour faire face aux problèmes d’importation des denrées de première nécessité et établir des chaînes d’approvisionnement alternatives ;
– Mettre en place des mesures urgentes pour appuyer les agriculteurs du monde rural car l’expérience a montré que c’est grâce à l’agriculture paysanne que les villes ont survécu durant le confinement, etc.

Rappelons que l’Association des Sénats, Shoura et Conseils Équivalents d’Afrique et du monde Arabe ASSECAA est composée de 32 pays dont 21 pays membres et 11 pays observateurs.

Les cérémonies d’ouverture de la 9ème réunion de concertation de l’ASSECAA édition 2022 ont été présidées par le Vice-Président de la République Prosper Bazombanza et ont vu la participation de 18 délégations des pays membres de l’ASSECAA, le Président du sénat burundais, les membres du gouvernement, les corps diplomatiques et consulaires accrédités au Burundi et bien d’autres.

 
Président