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Les Hutu expérimentés dans la magistrature, toujours un défi
(Iwacu 08/07/14)

Ce jeudi 26 juin, le Sénat a approuvé une liste de dix magistrats proposés par la présidence de la République à des postes de responsabilité dans des cours et tribunaux. Les Hutu proposés ne sont pas aussi expérimentés que les Tutsi.
« Il est rare de trouver des Hutu qui ont une certaine ancienneté dans la magistrature et qui remplissent d’autres critères requis pour mériter d’être à la tête d’une juridiction ou d’un parquet», a indiqué Pascal Barandagiye, ministre de la Justice. Il illustre : « Le procureur de Kirundo n’a que 3,5 ans d’ancienneté. Mais où trouver des Hutu plus expérimentés que lui originaires de cette province ? »
Au syndicat des magistrats du Burundi, Jean Paul Munyembari souligne que des Hutu plus expérimentés sont légions, mais que le grand problème reste l’opacité dans la définition des critères de choix des candidats.

M. Barandagiye n’est pas de cet avis. Il dit que les magistrats les plus expérimentés sont sollicités dans plusieurs postes plus rémunérateurs, aussi bien dans le public que dans le privé. A cela s’ajoute le fait que jusqu’à une certaine période, le nombre de juristes hutu était de loin inférieur à celui des Tutsi. Le ministre exclut l’affiliation ou l’allégeance au parti au pouvoir comme critère de nomination.

Signalons que le ministre Barandagiye a rassuré que les femmes se trouvent à la tête de certaines grandes juridictions, que toutes les ethnies et provinces sont représentées. Et d’ajouter qu’il ne faut pas se fier à la seule liste présentée devant les sénateurs pour savoir si les équilibres ethniques, régionaux et du genre sont respectés au sein de son ministère.

En consultant le tableau suivant, la moyenne d’ancienneté dans la carrière est de 4,8 ans et 10,2 ans respectivement pour les Hutu et les Tutsi.
M. Munyembari fait observer que les grades 8 (6 ans) et 5 (15 ans) devraient être requis pour être président respectivement du TGI et de la Cour d’Appel.