Non le Burundi n’est pas patriarcal (1) ! Mais qu’est il donc ? Matriarcal ?
Gitega, 15/02/2023 – Traditionnellement, la question du genre est considérée au Burundi différemment qu’en Europe ou en occident de manière générale.
Mais, après le génocide des Bagumyabanga Barundi entre 1920 et 1940, réalisé par la Belgique et le Vatican, une vision nouvelle euro-centrée du genre a commencé à être instituée au Burundi. Remplaçant celle de l’ubuntu des Barundi, vision afrocentrée, où le couple MukaKaryenda(2)-Karyendaavait sa place de prédominence sur celle de la Bible mettant au premier plan le couple Adam et Eve.
Alors que l’Histoire du Couple Mukakaryenda-Karyenda est une histoire harmonieuse, l’Histoire biblique d’Adam et Eve, elle, est vouée au désordre éternel.
Selon l’ubuntu des Barundi, ingoma ( l’Etat ou le Tambour ), urugo ( l’enclos ou la maison familiale ), itongo ( la parcelle, le terrain des ancêtres dévolue à chaque murundi), umuryango ( la famille, la lignée, -le clan -) , sont considérés comme étant des entités genrées féminines.
Ainsi, pour une question d’harmonie entre les genres féminin et masculin : – ingoma ( territoire, état traditionnel des Barundi ) féminin est conduit par un mwami ( un homme masculin ) jamais par une personne féminine ( exception : lorsque le mwami est trop jeune. On peut lui trouver une régente ) ; ingoma ( le tambour ) féminin ne peut être joué que par un tambourinaire masculin ; urugo (la maison familiale) féminin ne peut être conduite que par un être masculin – umugabo ( l’homme ) ( Sans umugore -la femme- il n’y a pas d’urugo ) ; itongo ( la parcelle familiale ) féminin dont on hérite, ne peut être légué qu’à un héritier masculin etc.
Tout cela aidant à créer une harmonie naturelle genrée entre le féminin et le masculin.
Avec la tradition euro-centrée découlant de la Bible hébraïque ( des Hébreux ou Juifs ), héritée par les chrétiens ( catholiques, protestants, évangélistes, orthodoxes, etc. ) et les musulmans de l’Islam, que la globalisation, à la suite de la colonisation, a répandu et continu de propager au Burundi, notamment à travers des projets financés par l’occident ( ONU, UNICEF, BANQUE MONDIALE, FMI, les partenaires européens , fondations, ONG, etc. ), les Barundi aujourd’hui commencent à vivre et porter les conséquences néfastes du – Patriarcat – occidental( cfr. Adam-Eve ) produisant, à cause de son système désordonné à vie, non régulé, étant injuste envers les femmes, la naissance du féminismeet de l’homosexualité, en découlant.
Le Burundi traditionnel -Ingoma y’Uburundi -, considéré comme genré féminin par essence, est un état ou territoire harmonieux,appartenant physiquement à Mukakaryenda, étant Mukakaryenda, ou représenté par Mukakaryenda, à travers la dynastie matriarcale de Mukakaryenda ( féminin ). Et il est conduite par un Mwami, un être genré masculin, accolé à la dynastie de Bami Barundi ( Masculin). Le Féminin et le Masculin sont en harmonie.
Lors de l’intronisation d’un mwami, le mwami doit réaliser ( une obligation ) une alliance avec Mukakaryenda. Ainsi, sans la dynastie de Mukakaryenda, la dynastie des Bami ne peut exister. Mukakaryenda ( ingoma y’uburundi ) est le genre féminin de Karyenda.
En conclusion, on peut dire que penser cette question du genre en termes de Patriarcat ou Matriarcat est une façon d’entrer dans un débat euro-centré. Dire le Burundi est Patriarcal ou dire le Burundi est Matriarcal c’est porterune vision eurocentriste à cette question du genre.
D’où, dire le Burundi est un état patriarcal comme le Colon patriarcal Belge ou Allemand avec sa vision eurocentrée l’a dit, est faux. Ingoma y’Uburundi, le Burundi traditionnel, dispose d’un système plus complexe genré harmonieusement, portée par l’ubuntu.
Notes :
(1) Patriarcat : Forme d’organisation où pouvoir et autorité sont exercés (quasi) exclusivement par les hommes.
Matriarcat : L’autorité est exercée exclusivement, ou principalement, par les femmes.
